3.5/10Freddy : les griffes de la nuit

/ Critique - écrit par riffhifi, le 07/05/2010
Notre verdict : 3.5/10 - Les griffes de l’ennui (Fiche technique)

Tags : freddy film griffes nuit films horreur nancy

Après Vendredi 13 l'an dernier, voilà que Freddy Krueger subit le traitement Platinum Dunes. Recopiage peu inspiré du classique de Wes Craven, cette resucée 2010 se désintéresse curieusement du potentiel onirique de la saga.

Dans les années 80, Freddy Krueger, Michael Myers, Jason Vorhees et leurs copains s'érigèrent en héritiers des monstres classiques qu'étaient Frankenstein, Dracula ou la momie. Après être passés par diverses suites et avoir connu le stade du crossover (Freddy vs. Jason en 2003), les voici rendus à l'heure du remake. Vendredi 13 l'an dernier (soupir), Les griffes de la nuit cette année.


Le personnage de Freddy Krueger, incarné durant 19 ans par le seul Robert Englund, est devenu progressivement une icône perverse, un James Bond du sadisme : au bout de quelques épisodes, le spectateur ne le craignait plus, il exultait avec lui du massacre systématique des teenagers "tête à claques" alignés dans chaque film. Désireux de revenir aux bases, les producteurs de Platinum Dunes (Michael Bay en tête) se tournent vers l'original de Wes Craven. Le mot ‘remake' étant banni du vocabulaire promotionnel, on nous parle de ‘réinvention' du film de 1984... Pourtant, les différences de scénario entre les deux s'égrènent à la petite cuillère :

  • les personnages de Glen, Rod et Tina s'appellent désormais Quentin, Jesse et Kris (incroyable, quel talent !)
  • Nancy n'a pas de papa (pas de chance, d'autant que le scénario s'amincit de ce côté-là)
  • Fred Krueger n'est pas exactement la même personne que dans l'original (impossible d'en dire plus sans spoiler)

Pour le reste, l'intrigue et les péripéties suivent le modèle à la lettre. On se surprend régulièrement à espérer une surprise, une nouveauté, une idée... Mais en réalité, les seules séquences intéressantes sont de simples reprises (parfois au plan près), et une bonne partie des répliques de Freddy sont issues de l'un ou l'autre des épisodes de la saga. Sorti de ce catalogue, construit autour du croquemitaine à l'apparence scrupuleusement préservée (à tel point que le visage de Jackie Earle Haley paraît inadapté au costume), on ne trouve qu'une succession de scènes dialoguées sans relief, entrecoupées de séquences de rêves qui ne semblent pas être la préoccupation principale du réalisateur Samuel Bayer, pourtant venu du clip. Quelqu'un pourrait dire à la blonde qu'elle n'est pas dans le remake de Scream ?
Quelqu'un pourrait dire à la blonde qu'elle
n'est pas dans le remake de Scream ?
Là où les Freddy des années 80 mettaient de côté les personnages pour se concentrer sur le développement de séquences oniriques toujours plus folles, celui-ci préfère jouer sur la corde du slasher terre-à-terre (suspense dans un lieu sombre, sursaut à l'apparition du tueur, meurtre réaliste à coups de griffes) et tenter de tricoter un mystère sur les origines du tueur. Bilan : l'aspect fun et rock'n'roll du mythe laisse place à de l'horreur bas du front, avare en gore, et usant de ficelles éculées. Que la nouvelle génération puisse découvrir ces Griffes de la nuit en ignorant les précédents, c'est à peu près aussi triste que d'imaginer les visiteurs du Louvre reluquant une photocopie noir et blanc de la Joconde en pensant y voir un original.

Au crédit du film, on saluera le peu d'effets en image de synthèse (à vrai dire, il y a tout simplement peu d'effets visuels), et le casting résolument séduisant pour la jeune génération : Kyle Gallner (Flash dans Smallville), Katie Cassidy (Melrose Place), Thomas Dekker (Terminator : The Sarah Connor Chronicles), Kellan Lutz (les trois Twilight)... Les plus vieux apprécieront de revoir la bouille de Clancy Brown, interprète du Kurgan dans le premier Highlander et de l'instructeur dans Starship Troopers.