Vendredi 13 - 2009
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 15/02/2009 (Tags : vendredi jason film horreur films voorhees remake
Le retour de Jason ! Forniqueurs, buveurs, fumeurs, gare à vous, ça va machetter dans les bois !!
Géniteur d'une saga aussi culte que longue, Vendredi 13 ne pouvait se soustraire à l'exercice du remake, une fois les pères fondateurs Halloween et Massacre à la tronçonneuse passés à la moulinette du modernisme. Pour autant, l'idée d'un nouveau Vendredi 13 ne date pas d'hier, preuve de la popularité encore intacte dont bénéficie ce bon vieux Jason. Une vieille rumeur mettait ainsi Quentin Tarantino aux commandes d'une hypothétique douzième tuerie à Crystal Lake. Que le plus bavard des cinéastes s'intéresse à un tueur muet ne manqua alors pas d'étonner, mais après tout, ce n'était jamais qu'un des innombrables projets fantasmés de QT, qui s'empressa d'ailleurs de démentir la chose. Dans le sillage de l'inespéré Freddy vs. Jason se forma également un orgasmique Freddy vs. Jason vs. Ash, que Sam Raimi enterra à son tour dans l'oeuf. Au bout du compte, le bébé a débarqué chez Michael Bay, qui fut d'ailleurs un temps annoncé comme réalisateur. La perspective de voir Jason en prise avec des Navy Seals dans un Crystal Lake explosé au napalm ne laissait pas indifférent mais c'est pourtant au poste de producteur que nous retrouvons Awesome Michael, tenant déjà les bourses d'un Massacre à la tronçonneuse 2003 n'ayant pas grand chose d'honteux.
Welcome to Crystal Lake, donc. Et un de plus. Les shorts ont laissés place aux pantacourts, les petits seins moulés à la louche ont majoritairement disparus au profit de ballons à l'hélium nettement moins mignons et les plants de cannabis se traquent désormais au GPS, mais somme toute, en vingt ans, rien n'a vraiment changé. Toujours la même bande de jeunes idiots, toujours les mêmes p'tites nanas topless, toujours le même scénario pourri... Ce nouveau Vendredi 13 a beau hurler son appartenance aux années 2000, il n'en reste pas moins qu'il semble avoir été tourné dans la foulée de Meurtres en 3D. Ce qui n'est pas vraiment un compliment en soi, mais le fan de la première heure s'en contentera aisément. Vendredi 13 - 2009 n'est certes pas le meilleur remake jamais fait, ni même l'un des plus utiles, mais il est certainement l'un des plus sincères. Car là où l'écueil aurait été de prendre la franchise de haut pour déboucher sur un projet se voulant plus intelligent qu'il ne l'est, il semble plutôt que personne n'a été dupe quant à la base de travail. C'est bien simple, on croirait avoir quitté Jason hier et plutôt qu'au remake/préquelle/suite dont il est usage actuellement, nous assistons à une sorte de relecture parallèle des trois premiers épisodes, le film resservant avec bonne humeur tous les clichés -du sexe ! du sang ! de la weed !- qui nous ont bercés pendant onze épisodes. Le résultat, pas antipathique, ressemble à ce qu'il est sur le papier, soit un film des années 80 doté d'un montage MTV, les effets les plus éculés se télescopant dans des tentatives plus ou moins heureuses de réactualiser un concept qui n'en demandait pas tant (et surtout, se suffisait à lui-même). Jason et ses exactions, puisque c'est bien là l'essentiel, ne nous leurrons pas, symbolisent bien la dualité temporelle du métrage. Après une introduction déroutante de sadisme post-Saw, où l'on nous présente un Jason vif et rusé, plus proche du chasseur massif que du balourd popularisé par Kane Hodder, la suite s'éparpille dans une outrance ludique où le tueur de Crystal Lake tranche et fait des trous dans tout le monde, armé d'une machette qui ferait mourir de honte Conan le Barbare. Mêmes observations pour le casting, politiquement correct jusqu'à l'hilarant, mais se vautrant dans une vulgarité réjouissante dès lors que l'alcool et les joints sont de sortie. Ce qui nous vaut des saillies aussi mémorables que "Alors tu la dragues ?" "Tu rigoles, j'ai plus de chance de me taper un pingouin que ce canon !". Un humour gras du bide qui fait souvent mouche et permet d'oublier un duo de héros assez tête à claque au profit de seconds rôles savoureux (on retrouve le Dick Casablanca de Veronica Mars, dans une composition assez similaire). Signe qui ne trompe pas, Marcus Nispel lui-même ne sait pas trop sur quel pied danser. Visiblement plus apte à redonner vie à Leatherface qu'à Jason, le réalisateur s'efforce de manier la légèreté sans parvenir à camoufler son penchant pour les univers plus viscéraux, en témoigne une photo crépusculaire assez hors-sujet et une poignée de scénettes qui n'auraient pas dépareillées dans son Massacre à la tronçonneuse. Vendredi 13 2009 surprend alors par sa propension à titiller le glauque, avant de tout laisser tomber pour le massacre décomplexé.
Et puis voilà, que voulez-vous de plus ? Il serait sans doute facile de s'acharner sur cet ultime (rires) Vendredi 13, cataloguer ses défauts, ses oublis, ses clins d'oeil, ses différences en en riant lourdement, mais au bout du compte, ce n'est jamais qu'un Jason XII (ou XI, c'est selon). Et le mieux est de le voir sous cet angle. Le film, indéniablement sans prétentions est plutôt sympa, les victimes marrantes et Jason mesure trois mètres, tire à l'arc comme Rambo et s'adonne à la confection de pièges à petites poulies, avant d'empoigner la bonne vieille hache des familles. Ceci fait que, nostalgie ou non, arpenter à nouveau les rives boueuses de Crystal Lake ne se fait pas sans un certain plaisir. Et si le leitmotiv musical d'Harry Manfredini est assez absent (sacrilège !), l'épilogue se pose comme un joli hommage au film originel de Sean Cunningham. Quoiqu'on en dise, ce genre de petit truc con manquait un peu en salle obscure. Idéal pour une St Valentin en misanthrope, et gageons dès à présent que le DVD deviendra une recrue de choix des soirées pizzas-bières.
"Que la force soit avec ton zob !"