8.5/10Scream : masque la menace

/ Critique - écrit par riffhifi, le 24/03/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Le scream était presque parfait (Fiche technique)

Tags : scream saison france masque cinema series films

En 1996, Wes Craven faisait son grand retour, ressuscitant un genre mourant appelé slasher. Tueur instantanément culte, mise en abîme, whodunnit habile… Scream est un classique, destiné à subir d’innombrables suites, plagiats et parodies.

Parmi les cinéastes spécialisés dans le film d’horreur, peu ont la possibilité de se vanter, comme Wes Craven, d’avoir créé des phénomènes à plusieurs reprises. En 1972, La dernière maison sur la gauche fait scandale, est plagié à plusieurs reprises, devient culte et finit par écoper d’un remake en 2009. En 1977, La colline a des yeux fait un tabac, est gratifié d’une suite, et génère un remake en 2006, lui-même suivi d’un numéro 2 en 2007. En 1984, Les griffes de la nuit voit la naissance d’un des monstres les plus célèbres du cinéma, Freddy Krueger, qui reviendra dans sept suites (dont une réalisée par Craven lui-même), une série télé et un remake en 2010. Scream : masque la menace
En voilà une qui a compris le titre
Enfin, en 1996, le réalisateur crée son dernier culte en date : Scream.

Alors qu’il signait jusqu’ici les scénarios de ses films, Wes Craven se voit apporter celui de Scream sur un plateau. Signé par un jeune inconnu du nom de Kevin Williamson, le script rend hommage à un genre que Les griffes de la nuit a contribué à pérenniser : le slasher. Emergeant dès 1960 avec Psychose, le slasher mature dans les années 70 avec Massacre à la tronçonneuse, avant de devenir un incontournable des années 80 avec les Halloween, les Vendredi 13 et les Freddy. Mais au milieu des années 90, le concept du tueur sadique qui poursuit les étudiants pour les découper a besoin de se réinventer. Scream arrive à point nommé, avec plusieurs idées novatrices qui touchent un public devenu cinéphile. D’une part, le tueur n’est plus un colosse demeuré ou un monstre surnaturel, c’est un être de chair et de sang, qui peut se prendre des gnons dans le groin si sa victime se défend, et surtout qui cache son identité sous un masque de carnaval ; d’où le mystère, l’angoisse et le suspense de Scream : l’assassin peut être n’importe qui, votre voisin(e), votre père, votre amoureux, votre proviseur. D’autre part, les protagonistes se distinguent par leur connaissance du cinéma d’épouvante ; le spectateur se reconnaît donc facilement dans ces victimes potentielles, qui citent les codes du genre en se demandant si leur vie dépend des mêmes règles. De la même façon que Freddy sort de la nuit, réalisé par Wes Craven deux ans plus tôt, Scream parle de la fiction qui s’insinue dans la réalité : connaître le langage du cinéma est-il suffisant pour maîtriser l’horreur du monde réel ? La violence de l’écran engendre-t-elle les monstres réels ? Sujet tarte à la crème réservé aux conversations de comptoir, auquel le cinéaste ne peut évidemment pas répondre par l’affirmative : comment oserait-il faire un film d’horreur qui affirme… que les films d’horreur créent des assassins ?

Scream : masque la menace
Elles non
Dans un jeu de pistes qui invite le spectateur à participer, plusieurs classiques de l’horreur (et notamment du slasher) sont cités explicitement, mais Les Griffes de la nuit obtient la palme du nombre d’allusions directes et indirectes ; Skeet Ulrich lui-même, dans le rôle du boyfriend de l’héroïne, a de faux airs du Johnny Depp des débuts. Pour entretenir la complicité avec le public adolescent, Craven fait appel à quelques têtes popularisées par le petit écran : Neve Campbell (La vie à cinq), Courteney Cox (Friends)… et Henry Winkler, l’éternel Fonzie de Happy Days, dans le rôle du proviseur. Drew Barrymore, quant à elle, effectue cette année-là un come-back post-E.T. tardif, devenue femme après plusieurs années d’adolescence autodestructrice.

Avec son scénario brillant et ludique, sa mise en scène sobre mêlant efficacement humour et horreur, et son tueur masqué au look immédiatement reconnu comme iconique (surnommé Ghostface, le masque rappelle une peinture expressionniste d’Edvard Munch appelée Le Cri, d’où le titre du film), Scream remporte un franc succès public et critique, ravive la carrière de Wes Craven et lance celle de Kevin Williamson (qui crée la série Dawson peu de temps après). Suivront deux suites en l’espace de quatre ans (puis une troisième en 2011), d’innombrables nouveaux slashers (dont quelques plagiats évidents comme Urban Legend et Cut), et une parodie en 2000 (Scary Movie, suivi à son tour de trois suites sans rapport avec Scream).


Une influence expressionniste !