La colline a des yeux 2 - 2007
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 23/06/2007 (Suite du remake d'Alexandre Aja, la Colline a des Yeux 2 version 2007 met en scène des bleus de la Garde Nationale face aux mutants du Nouveau Mexique.
La Colline a des Yeux d'Alexandre Aja (qui comme le disait fort justement Vincent L , est déjà un classique du genre), remake du film éponyme de Wes Craven appelait tout naturellement une suite, preuve en est son plan final nébuleux. Après avoir vivoté entre les mains du duo Aja/Levasseur, tous deux prêts à remettre le couvert puis recalés pour cause d'histoire trop politiquement incorrecte, le projet a atterri finalement chez l'Allemand Martin Weisz. Comme Aja, Martin Weisz n'a encore qu'une jeune filmographie, mais qui comporte une locomotive. Pour Aja, c'était Haute Tension, pour Weisz, c'est Rohtenburg, une sorte de thriller cannibale avec Thomas Kretschmann. Un choix symptomatique de la mini-crise que connaît actuellement Hollywood, qui tout en produisant des remakes sans reliefs à une cadence qui force le respect (?), débauche des réalisateurs de tous horizons pour espérer insuffler une vision neuve à cette industrie. Toujours est-il qu'en l'état, on peut dire que ça ne partait pas trop mal, d'autant que dès le départ, cette Colline a des Yeux 2 était pensée non comme un remake du film éponyme de Wes Craven qui faisait donc suite à l'original, mais comme une vraie suite de la version d'Aja.
En outre, si l'on est en droit de déplorer l'écart de nos compatriotes dont la version faisait saliver, il faut reconnaître que l'argument concocté par Craven père et fils ne manque pas d'intérêt : des scientifiques qui oeuvrent dans les collines du premier film disparaissent mystérieusement. Une unité débutante de la Garde Nationale passe par là et voulant improviser une mission de sauvetage, se verra confrontée aux terribles mutants qui hantent les lieux. Un lieu isolé, des militaires inexpérimenté, des hommes sauvages, autant d'ingrédients solides pour un survival qui aurait pu être efficace. Toutefois...
"La merde, c'est extrêmement pathogène"
En effet, inutile d'aller vous ennuyer devant Bavard de la Mort, cette année le véritable hommage au cinéma d'exploitation s'appelle La Colline a des Yeux 2. Car pour peu que votre cinéma le diffuse dans une copie cracra pleine de rayures et de brûlures de cigarette, vous aurez l'impression de vous retrouver dans un cinéma de quartier louche des années 80, et ne restera qu'à vous imaginer qu'il s'agit d'un double programme avec Virus Cannibale. Vous pourrez alors savourer ce chef d'oeuvre comme il se doit, soit en bâfrant du pop corn tout en rigolant comme un goret. Dialogues hilarants, Garde Nationale ressemblant à des campeurs en goguette, effets gore volés dans les poubelles d'un artisan-tripier, péripéties à pleurer de rire, clichés qui ne reculent devant rien, tout est une loose totale, si ce n'est la photogénie certaine du désert tel qu'il est filmé par Martin Weisz, par ailleurs plutôt bon faiseur (sauf quand il plagie La Chute du Faucon Noir dans une scène à s'enfuir de honte). Ajoutez à cela un message politique sorti d'une pochette surprise, un bonhomme tué à coup de caca (!) et quelques réjouissant élans de gratuité (un accouchement bien beurk, une scène de viol avec un gros mutant baveux...) et voici un joyeux film aux trois-quart nanar dont la sortie salle sonne comme un plaisir supplémentaire.
Si la Colline a des Yeux 2 se raccroche tant bien que mal aux branches par son jusque-boutisme bienvenu (le film est bien saignant, violent et parfois enragé) et le sens du rythme de Martin Weisz (le film passe très vite), si l'on ne peut ignorer l'effort fait sur le design des mutants ainsi que sur une certaine continuité thématique avec le film d'Aja, cette grosse série Z se révèle impossible à prendre au sérieux, exception faite peut être de son dernier acte, pas transcendant mais plus solide. On appréciera donc La Colline a des Yeux 2 pour ce qu'elle est et on la regardera pour les mêmes raisons que l'on regarde le pire des Vendredi 13 après une horrible semaine de boulot : il n'y a pas meilleur antidote à la morosité qu'un film gore bien débile. Sous cet angle, on peut dire que La Colline a des Yeux 2 est une réussite...