9/10King Kong - 1933

/ Critique - écrit par gyzmo, le 13/12/2005
Notre verdict : 9/10 - King Kong (1933) (Fiche technique)

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Alors que le fascisme monte en puissance outre-atlantique, les Etats-Unis (entre autres) subissent une crise sans précédent. Le Jeudi Noir, l'effondrement du système bancaire ou l'augmentation du chômage constituent les bases de ce que l'on appellera plus tard : la Grande Dépression. Une période démoralisante qui sclérose la mise en chantier de grands projets dont ceux d'Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, deux cinéastes spécialisés dans le reportage animalier (Chang ou Grass) et qui rêvent de réaliser un documentaire sur les gorilles d'Afrique. Mais le contexte difficile ne permet pas l'organisation d'une telle expédition. C'est alors que Cooper se tourne vers David O. Selznick, président de la Radio Keith Orpheum (RKO), le studio cinématographique à l'origine du prodigieux Citizen Kane d'Orson Welles. L'objectif est simple : transformer une idée de documentaire en projet de film fantastique dans lequel un gorille géant tomberait sous le charme d'une jeune new-yorkaise. Cooper, Schoedsack et Selznick ne le savent pas encore, mais de leur désir va naître un mythe :

Kong est une créature légendaire, un seigneur tout puissant qui règne sur Skull Island, île mystérieuse de Malaisie ne figurant sur aucune carte maritime. Et pourtant... Le secret de sa localisation est parvenu jusqu'aux oreilles de Carl Denham, cinéaste et aventurier de renom qui projète de fouler le sable de ce neverland pour y tourner, dixit le bonhomme : mon plus grand film ! Mais pour ce faire, Denham doit trouver la Belle qu'il convoite secrètement de présenter à la Bête. Ses recherches hasardeuses dans les rues moribondes de New York le conduisent sur les traces de Ann Darrow, jolie misérable sur le point de se faire arrêter pour vol à l'étalage. Un petit café, des promesses de vedettariat, et la jeune femme accepte, sans trop comprendre l'enjeu du contrat, de devenir la Belle en suivant Denham sur le Venture, navire du capitaine Englehorn et son second, Driscoll. Une fois arrivée à destination, la joyeuse équipe, croyant être en terrain conquis, est refoulée par les autochtones de l'île, dérangés en plein rituel. Déçus par l'accueil, les hommes blancs retournent sur leur embarcation, espérant que demain sera un meilleur jour pour sympathiser. Mais dans la nuit, Ann est enlevée par les indigènes au nez et à la barbe de l'équipage...

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La Huitième Merveille du Monde


Boum ! Badaboum ! Kong ! Kong !
Protégés derrière une immense muraille de pierre, les tamtams cognent et les choeurs puissants d'indigènes appellent. De l'autre côté de l'enceinte, prisonnière d'un autel de sacrifice, la jeune femme aux cheveux d'or se débat, observe l'obscure jungle devant elle d'où émane un horrible hurlement bestial. Une silhouette indéfinissable avance parmi la végétation luxuriante qui craque et se couche sur son passage. Les chants incantatoires et les percussions stoppent. Les yeux s'écarquillent. Le souffle se coupe. La Bête, immense et puissante, dégage les derniers arbres qui la séparent de la Belle, minuscule et fragile : une offrande inhabituelle pour un Dieu tout autant extraordinaire. Quelle drôle de tête ont dû faire les spectateurs de 1933 face à cette séquence ! Que d'incroyables émotions ont dû se télescoper dans leur coeur à la vue de tout le reste ! Comme le dit Ray Harrihausen : s'il fallait vivre un seul moment de cinéma, ça serait sans doute celui d'être assis sur l'un des fauteuils du Radio City Music Hall et du New Roxy, les deux premières salles de cinéma qui ont diffusé King Kong, premier film à bénéficier d'effets spéciaux aussi colossaux. On pourrait d'ailleurs trouver paradoxal qu'autant de moyens financiers (650 000 dollars) aient été engagés dans cette production alors que tout le pays était en crise. Mais il faut voir King Kong comme un film qui émerge tel le phoenix des centres de la confusion, et emporte l'espace de 95 minutes, hommes, femmes et enfants loin de la triste réalité.


Avant de finaliser cette référence, Cooper et Schoedsack ont dû contourner les difficultés afin d'attirer les investisseurs. Cela a d'abord été permis grâce aux dessins préparatoires de célèbres illustrateurs que sont Mario Larrinaga et Byron Crabbe. Pendant le tournage dans les locaux de la RKO-Pathé, les deux réalisateurs ont ensuite fait dans la récupération en utilisant des décors qui avaient déjà servi pour d'autres productions dites "exotiques". Ce qui explique le métissage plutôt aléatoire de l'immense enceinte et du village de Skull Island. Quant aux ambiances dépeignant la jungle de l'île, elles sont partiellement identiques à celles utilisées dans Les Chasses du Comte Zaroff, autre grand classique tourné grosso modo avec la même équipe un an auparavant. Décors eux-mêmes réalisés en peinture sur verre et inspirés de magnifiques gravures du célèbre illustrateur français, Gustave Doré. Cela donne à l'écran des profondeurs de champs étonnantes, des compositions de cadres complexes et une luminosité claire / obscure presque magique dans certains plans. Un choix artistique unique qu'on ne retrouvera plus dans aucun autre film du genre et dans le monde visuellement saisissant, poétique et inquiétant duquel d'horribles créatures préhistoriques continuent d'exister à l'abri du regard de l'homme moderne. Car techniquement, et en ayant conscience du terrain encore vierge qu'était le cinéma des années 30, King Kong est une somme de connaissances empruntées aux plus grands tels que Georges Méliès, mais aussi une source d'inventivités qui a permis aux trucages actuels d'être ce qu'ils sont... et deviendront.


Les progrès technologiques en matière d'effets spéciaux ont été tellement étincelants depuis 1930 qu'il est toujours délicat de parler des FX de ces ancêtres filmiques en évitant les moqueries habituelles. Et tomber dans la facilité de dire que King Kong a "horriblement vieilli" serait un manque d'honnêteté vis-à-vis du travail accompli par l'animateur Willis O'Brien et le sculpteur Marcel Delgado.
Les différentes scènes de combat entre Kong, aux caractéristiques physionomiques proche du gorille, et les dinosaures ont été exécutées grâce à ce que l'on appelle la stop-motion. En quelques mots, le principe est le suivant : des modèles réduits (de tailles diverses, faites de mousse ou recouverte de fourrure de lapinou et dans lesquelles se trouve un exosquelette de métal entièrement articulé) sont animés, pose après pose dans des décors miniatures. O'Brien utilise parfois la rétro-projection (systèmes de caches) pour mélanger acteurs filmés et créatures animées lorsqu'il y a interaction entre les deux univers. Pour vous donner une idée de l'ampleur de la tâche, en 1933, 20 secondes d'animations sur pellicule ne demandaient pas moins d'une journée de boulot. Enfin, le film comporte de nombreuses séquences où Kong entre en contact avec l'actrice principale. O'Brien et Delgado ont alors construit en grandeur nature, buste, bras et pied articulés mécaniquement grâce à un réseau de câbles et de poulies. Ce système inauguré par Méliès dans ses films, puis repris par Fritz Lang dans son Der Nibelungen (1924) est un proche parent de l'animatronique, l'animation électronique et téléguidée qui fera les beaux jours du Jaws (Les Dents de la Mer, 1975) de Spielberg. Ces techniques ne sont pas nouvelles en Europe, mais il faut savoir qu'en 1917, Willis O'Brien est le premier artiste américain a les utilisée dans son court-métrage The Dinosaur and the Missing Link avant d'appliquer les mêmes procédés sur les créatures de The Lost World (Le Monde Perdu, 1925), réalisé par Harry D. Hoyt et adapté du roman d'Arthur Conan Doyle. Salué par la critique et le public pour la qualité de ses effets spéciaux, O'Brien va considérablement affiner son art avec King Kong.


En plus des techniques de stop-motion, de caches et de mécanique, les compétences de l'ingénieur de son Murray Spivack (Spartacus, West Side Story) ont été primordiales pour apporter le dernier souffle de vie à Kong. Car qui dit film parlant, dit film avec du bruit dedans ( :applause: ). C'est à partir du mixage entre le rugissement d'un tigre et l'aboiement d'un chien que l'artiste est parvenu, après moult traficotages, à expulser de la gorge puissante du gorille géant sa légendaire gueulante. Côté humain, le célèbre AaaAaaAAAAaaaHHhhh !!! strident et paralysant poussé par Ann Darrow est le son de l'épouvante par excellence. Maintes fois copié / collé dans le film, mais également réutilisé dans d'autres productions qui font peur, à lui tout seul, ce signal d'alarme résume parfaitement la puissance sonore et musicale du film. Car outre ses dialogues vocalisés, King Kong fait également partie des premiers films à bénéficier d'une partition musicale conçue exclusivement en post-production. La composition ne se contente plus de combler le silence et va même jusqu'à épouser les mouvements de ses personnages. La scène de rencontre avec le chef des indigènes est un grand moment d'accompagnement musical où les sons collent aux basques de son personnage, soulignant sa magnificence menaçante ! D'ailleurs, un soin particulier a été fait sur la musique tribale mais sophistiquée des indigènes. Cela fait oublier un temps la caricature du sauvage, image longtemps véhiculée par la culture américaine. Et aux commandes de l'orchestre qui mélange les thèmes et souligne le caractère de chaque personnage du film, le chef Max Steiner, autre grand bonhomme d'Hollywood, compositeur entre autre de la bande originale de Casablanca.


Vaguement adapté du conte de la Belle et la Bête, la simplicité du scénario de King Kong prête à toutes les interprétations possibles et imaginables. D'autres se sont tellement cassés la tête sur l'analyse du film que nous en resterons à une lecture sommaire car, outre le prologue se déroulant à New York et qui rend compte du contexte plus ou moins réaliste de la Dépression, la suite du voyage ne s'embarrasse pas de vraisemblances et mise tout sur l'Extravagance dans laquelle les acteurs, peu connus, s'en sortent plutôt bien, la rayonnante Fay Wray et l'imperturbable Robert Armstrong en tête. Il ne faut donc pas s'attendre à des dialogues inspirés (quoique certaines répliques vaillent le coût) et à un jeu d'acteurs époustouflant (quoique certains clichés soient savoureux). L'intérêt se situe du côté de la mise en scène et des effets spéciaux très bien calibrés du film qui préfigurent déjà la structure narrative des grands divertissements made in Hollywood. Des différents combats auxquels se livrent poursuivis et poursuivants sur l'île du Crâne, à l'escapade cauchemardesque sur l'île de Manhattan, l'action embrase le métrage comme une étincelle avec une botte de foin. Et puis il y a cette histoire d'amour parfaitement impossible face à laquelle les émotions du spectateur se battent pour avoir la raison de leurs côtés. Que penser ? Ressentir de l'antipathie pour cette brute de Kong ? Se laisser émouvoir par sa condition extrême ? Un animal sauvage et sociopathe qui écrase tout sur son passage. Un grand gaillard de trois mètres de haut qui aime jouer à la poupée (hihi) jusqu'à devenir maboul. Un seigneur solitaire arraché à son territoire, puis transféré dans celui des hommes où il est exposé comme un vulgaire trophée.
Difficile de positionner son ressentiment par rapport au film qui malaxe l'horreur au drame et l'amour à la folie, afin de créer un objet intense, pionnier de nombreux genres cinématographiques. En mettre plein la vue, secouer le spectateur et réveiller ses sensations perdues sont les consignes d'un King Kong qui ne fait pas toujours dans la dentelle et oscille entre spectacle lyrique et cruauté longtemps inégalée. A sa sortie sur notre hexagone en 1933, ce caractère hyper brutal lui vaudra de virulentes critiques. Le Kong de Cooper et Schoedsack, jugé à la va-vite par notre petit monde du spectacle, est unanimement traité de tous les noms d'oiseaux. Cela explique sans doute pourquoi, lors de sa rediffusion américaine en 1938, le Code Hayes, régulateur pudibond du langage filmique, n'hésitera pas à censurer les plans les plus sadiques ou érotiques (la séance de déshabillage). Plans réintégrés à partir de 1972 et qui figurent fort heureusement dans notre présente édition.

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DVD & Kongpléments


Les éditions Montparnasse avaient déjà sorti d'autres versions remastérisées du King Kong de 1933. Mais avec ce digipack disponible depuis novembre 2005, il y a réellement de quoi satisfaire les accros de l'histoire du cinéma et autres passionnés de stop motion. Au programme, le film d'origine (VOST, son mono ou 5.1, au choix) et une version française à la qualité sonore médiocre, et surtout coupée d'une quinzaine de minutes (séquence d'exposition des personnages et autres plans). Au-delà de ces deux variantes, de nombreuses petites surprises ont été pressées sur les deux disques, dont l'intégration exceptionnelle de la suite cinématographique de King Kong.


Photographié la même année que son papounet par Cooper et Schoedsack, Le Fils de Kong est un joyau rare (et souvent dénigré) que j'ai découvert avec beaucoup de plaisir. Si l'action est très longue à démarrer, le développement qui se fait autour des personnages et la particularité caractérielle de little Kong font de cette séquelle un petit moment de cinéma agréable et sans prétentions. On y retrouve Carl Denham, aux prises avec la population de New York qui lui réclame dommages et intérêts suite au mal occasionné par son monstre de foire. Evidemment, le cinéaste aventurier n'a pas les moyens de payer tout ce joli monde. Il décide de prendre la tangente sur le navire du capitaine Englehorn. Une nouvelle vie de marchand des mers semble se présenter à Denham. Mais son destin va l'attirer encore une fois sur Skull Island... Le Fils de Kong est loin d'être une référence. L'action est moins intense et maîtrisée. Mais les effets spéciaux sont toujours aussi excellents et confirment la maîtrise d'O'Brien qui, avec cet opus, s'amuse à faire - involontairement, paraît-il - dans le comique. On sent de la part des réalisateurs la volonté de racheter une conduite au cruel et sociopathe Kong par l'intermédiaire de son petit bout de choux. Un bébé Kong attendrissant, limite guimauve, qui devient le défenseur des hommes face à la faune cruelle de l'île. Les aficionados apprécieront à sa juste valeur ce divertissement qui prolonge un peu le plaisir de l'univers de Skull Island et de ses monstrueuses créatures peu sympathiques. Le final, à la fois extraordinaire et ridicule, est à ce sujet un des moments les plus improbables qu'il m'ait été donné de voir dans un film fantastique. Monumental !

Passé la découverte de cette merveilleuse suite, je me suis jeté sur les interviews des illustres personnalités du cinéma fantastique qui reviennent sur King Kong. Dans Kong et moi, Joe Dante évoque en 21 minutes comment il a découvert le film et l'impact que celui-ci a eu sur sa carrière jonchée de célèbres créatures tels que les Gremlins, pour ne citer que mes saletés de cousins. Mais c'est surtout la présence du grand Ray Harryhausen qui a été pour moi le moment le plus réjouissant de ces suppléments. Le film qui a changé ma vie est un entretien d'un petit quart d'heure réalisé en avril 2005 (au Festival du Film Jules Verne) et dans lequel ce maître de la stop-motion (Jason et les Argonautes, Le Choc des Titans) pose un regard pertinent sur les créatures de Willis O'Brien, son mentor. Deux points de vue enrichissants, complémentaires et peu avares de leur connaissance respective de l'histoire du cinéma. Un régal plein d'humour et d'anecdotes passionnantes.

Avant / Après est une petite séquence de cinq minutes qui revient sur la restauration effectuée pour ce tirage. Pour avoir vu et revu l'édition VHS, je dois avouer que cette édition est superbe et le rafistolage des cicatrices infligées par le temps est remarquable, même si quelques plans semblent être mystérieusement passés à la trappe de cette rénovation. En effet, de multiples petits imperfections n'ont pas été gommées et l'étalonnage numérique n'a pas su à plusieurs endroits rectifier une lumière vacillante et une obscurité un peu verdâtre. Mais le grain reste très joli. Quant au son, remastérisé en 5.1, cela a été un véritable plaisir pour mes oreilles, longtemps habituées à une piste mono quelque fois brouillonne et soufflante. La comparaison entre la pellicule d'origine et le nouveau format digital donne un bon aperçu du boulot abattu car même avec les nouvelles technologies actuelles, il n'est pas simple de redonner un second souffle aux poussières du passé.

A cela s'ajoute la bande-annonce d'époque, dans sa version d'origine. Un document rare qui, déjà, instaure le style Hollywoodien, synthétise avec dextérité, condense en quelques secondes de l'émotion brute, tout ceci pour accrocher le spectateur et l'attirer dans ses filets. Pour les fervents d'analyse filmique, Une fable cinématographique est un texte de et lu par Suzanne Liandrat-Guigue. A partir d'images et séquences extraites de King Kong, l'auteur revient sur l'esthétisme, la genèse et les coulisses de la Bête. Instructif. Enfin, le package contient un petit livret rassemblant quelques superbes illustrations préparatoires de Crabbe ou d'Edgar Wallace, ainsi que diverses affiches promotionnelles du film. Le tout présenté à la manière d'une bande dessinée dans un coffret de belle facture. On peut même y voir les tambouilles de Cooper et Schoedsack, également présents dans la dernière séquence de leur film sous le grimage des méchants pilotes de chasse !

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King Remake & Kongclusion

 


Pour terminer cette chronique, j'aimerai m'arrêter sur cet étrange désir qu'ont les cinéastes d'adapter les grands classiques d'autrefois. Rendre hommage ou tenter de faire mieux que l'original ? Je me souviens très bien du remake de John Guillermin et quand j'y repense, j'ai comme un gros doute. Dans son adaptation, le réalisateur reprend globalement la même trame principale du film de Cooper et Schoedsack mais en ajustant l'histoire aux préoccupations de 1976, année de sortie de cette nouvelle version. Le cinéaste aventurier Denham est devenu un cynique chasseur de pétrole en quête de gisements, tandis que le second Driscoll est remplacé par un jeune paléontologue clandestin et écologiste dans l'âme (Jeff Bridges). Dans cette version à l'érotisme explicite (hum... la scène de la douche de la Belle sous la cascade suivie du séchage par le souffle de Kong...) et aux effets spéciaux peu aboutis (plus de dinosaures ni de stop-motion mais un acteur sous un déguisement ridicule de gorille qui se bat contre un gros serpent assoupi), la relation amoureuse entre la Belle (Jessica Lange) et la Bête est poussée à son paroxysme. Les sentiments emphatiques vis-à-vis du singe géant qui s'humanise prennent rapidement l'ascendant sur la crainte de l'animal féroce et l'émerveillement face à la poésie grandiloquente qui faisait le charme du King Kong de 1933 n'est plus qu'un lointain souvenir. Au final, on se retrouve avec une copie modernisée, terne et peu évasive. Avec le débarquement imminent du King Kong de Peter Jackson, et en ayant à l'esprit la filmographie impressionnante du bonhomme, le spectateur passionné par le film de Cooper et Schoedsack peut espérer que la vision du réalisateur néo-zélandais va dignement succéder à son ancêtre cinématographique. Car contrairement à Guillermin, Jackson semble être retourné à la source : les années 30, la folle expédition sur une île inconnue à l'ambiance belle et déroutante, l'équipe d'aventurier /documentaliste un peu inconsciente, le bestiaire de dinosaures tous plus vilains les uns des autres, et au milieu de l'érotisme, de l'aventure et de la rage, un gigantesque anthropoïde au caractère bien trempé et fou d'amour pour une humaine. Tous les ingrédients et la technologie actuelle semblent être réunis pour créer la bonne surprise en matière de remake (soyons optimiste !).

En attendant le moment fatidique qui marquera (ou pas) de son empreinte l'histoire du cinéma, et afin que le film de Jackson n'efface pas trop vite la gigantesque trace laissée par Cooper et Schoedsack, je vous conseille vivement le (re)visionnage de leur King Kong dans cette version collector aux qualités indéniables. Une refonte superbe, digne de ce monstrueux chef d'oeuvre qui a tant impressionné et continue d'inspirer (consciemment ou inconsciemment) les artistes de notre monde.

Boum ! Badaboum ! Kong ! Kong !