7/10Harry Potter et les reliques de la mort - 1

/ Critique - écrit par Nicolas, le 06/12/2010
Notre verdict : 7/10 - Into the wild (Fiche technique)

Tags : harry potter film mort reliques hermione premiere

Harry commence son chant d'adieu avec une première partie un peu longue mais plus respectueuse de l'oeuvre originale. David Yates continue de s'attirer nos faveurs, à quelques petites erreurs près.

Sept volumes, huit films, telle sera la destinée de la franchise Harry Potter au cinéma. Le premier volet de ce septième et dernier chapitre évite par bonheur la 3D, mais elle ne sera probablement pas ignorée pour le second, prévu pour juillet 2011. Il ne reste en tout cas plus que quelques pages à tourner pour en finir avec une série cinématographique qui a marqué le début du 21ème siècle, en dépit de sa qualité fluctuante et de l'aversion de certaines personnes.


Warner a enfin consenti à traiter les volumes d'Harry Potter à leur juste valeur, même si tout cela a peut-être été motivé par l'appât du gain. Deux films Harry Potter vont forcément engranger plus de dollars qu'un seul, n'est-ce pas ? Et puisqu'on touche à la fin, mieux vaut se mettre à l‘abri du besoin (financier, ils en ont besoin, si si) en étalant un peu plus longtemps l'aura de la franchise. Le problème est que l'intention, louable ou pas louable, arrive un peu trop tard, certains livres de la série auraient largement mérité davantage qu'un seul film pour exposer clairement leur problématique. Les Reliques de la mort a également beaucoup de choses à dire, mais une grosse partie des lecteurs s'accorderont pour dire que certains passages du septième volume manquent pas mal de rythme. Ces longueurs d'écriture, on les retrouve malheureusement sur la pellicule, les scénaristes ayant deux fois plus de temps pour essayer de transposer fidèlement les écrits de Rowling. Ils changent certaines petites choses, font des raccourcis, essayent de caser les informations importantes occultées lors des précédents volets cinématographiques, mais conservent tout de même beaucoup de choses pas spécialement décisives.
Mais s'il y a donc un problème de rythme, le film se montre plus fidèle que ce qui pu être mis en image précédemment. Il y aura bien toujours quelques modifications sans importance qui feront tiquer les fans (« Harry ne portait pas de bermudas à carreaux dans cette scène, mais un kilt en soie »), mais Les Reliques de la mort version grand écran se veut exhaustif et respectueux. Les acteurs ont davantage de champ pour s'exprimer, faire vivre leurs personnages, jouer un peu avec leurs émotions. Le trio de tête demeure néanmoins l'objet de toutes les attentions, et la quasi-totalité des personnages secondaires passe à la trappe, refermant le scénario sur Harry, Hermione et Ron - dommage pour l'univers, mais un bienfait pour l'atmosphère du film : il y a réellement un sentiment d'isolation, de quête brouillonne, d'indécision, les trois héros sont livrés à eux-mêmes sans savoir précisément quoi faire, mais dotés d'une solide conviction et d'un but bien précis.


Amorcée dans le précédent volet (Le Prince de sang-mêlé), David Yates continue d'appliquer sa réalisation macabre à ce volume. L'humour est rare, il laisse sa place au désespoir et à l'inéluctabilité, à l'omniprésence du mal. Les couleurs sont ternes, sombres, les faciès sont meurtris, désespérés, il règne sur le film un sentiment de peur et d'oppression, comme si les forces du mal pouvaient frapper à n'importe quel moment, n'importe où. Cette première partie n'est certes qu'un amuse-bouche comparée aux évènements de la seconde, beaucoup plus tranchée dans ses choix, mais elle constitue néanmoins par son esthétisme un solide avant-goût du dénouement imminent. Parallèlement à ça, le film appuie sur la condition des héros, leur isolement géographique, à travers de nombreux plans larges et de travellings de grande qualité. Il est certes dommage de constater que Yates se heurte aux difficultés des scènes d'action dites « modernes », qui réclament d'une part de l'immersion et d'autre part de la clarté. Le réalisateur penche pour la première option, il agite la caméra comme un fou en charcutant son montage, rendant illisibles la plupart des moments d'intense activité.
Il y a évidemment un sentiment d'inachevé à la fin du film. L'intrigue n'a pas l'air d'avoir beaucoup avancé, le trio se contentant de faire les pires bêtises qui pourrait lui venir en tête, et les fameuses reliques de la mort sont à peine abordées. Là est la malédiction des films en deux parties : l'enjeu est dilué pour laisser place à une frustration qui ne saura trouver son terme que plusieurs mois plus tard. La rupture est un peu sèche, comme si elle n'avait pas été prévue au moment du montage, et présente évidemment un cliffhanger annonçant la couleur : la suite sera encore plus noire.

La longueur ne fait pas tout, certes, mais elle aide Les Reliques de la mort à se rapprocher plus étroitement de l'intrigue de Rowling. Combinée à la solide réalisation de David Yates et à quelques passages plus morbides qu'à l'accoutumée, le film arrive donc à grimper sur le haut de l'échelle Harry Potter. Dommage qu'il faille attendre plus de six mois pour découvrir la suite, une sortie combinée à la Millénium aurait été plus respectueuse des fans, qui y trouveront néanmoins une bonne raison de se replonger dans le livre.