Survival of the Dead
Cinéma / Critique - écrit par enihprom, le 06/05/2011 (Tags : film dead romero survival dvd george vivants
George A. Romero continue sa descente aux Enfers avec ce sixième épisode de sa désormais hexalogie ... of the Dead. Après trois volets littéralement mythiques et deux autres plus timorés, il faut croire que le cinéaste a fait le tour de ses zombies. Survival of the Dead nous rappelle violemment que toutes les bonnes choses ont une fin.
Mais que se passe-t-il avec Romero ? Considéré pendant très longtemps comme étant le symbole du film d’horreur, le cinéaste n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. Géniteur de l’une des plus grandes sagas de l’histoire du cinéma avec ses impérissables Night of the Living Dead, Dawn of the Dead et Day of the Dead, il avait déjà commis le sacrilège en 2005 de muer sa mythique trilogie en tétralogie avec le, peut-être, sous-estimé Land of the Dead. Premier signe d’un certain affaissement de la part du bonhomme, puisqu’il s’agit là d’un film de commande en bonne et due forme à une époque où le zombie revenait à la mode, il sombra dramatiquement dans le mauvais dès l’officialisation du cinquième épisode de la licence, baptisé Diary of the Dead. Surfant un peu lâchement sur la vague qu’ont amorcés Rec et Cloverfield en proposant un film façon caméra amateur, George A. Romero commençait véritablement à s’asphyxier, ne sachant plus vraiment à quoi se raccrocher. Néanmoins, la critique sociale, si chère au réalisateur, était toujours présente et compréhensible. L’essentiel fût sauvé dirons nous. Si la série avait eu le courage de s’arrêter sur ce cinquième épisode, elle aurait pu garder son capital sympathie auprès de la jeune génération (puisque pour l’ancienne, il va de soi que le dernier volet n’est autre que Day of the Dead). Mais c’était sans compter sur Romero qui, à priori, n’avait pas encore dit son dernier mot. Ainsi naquit Survival of the Dead, dernier soupir mortuaire d’une série qui ne le méritait clairement pas.
Et pourtant, George A. Romero avait toutes les cartes en main pour proposer un spectacle digne de ce nom en renouant avec ses gloires passées. Abandonnant le style adopté dans Diary of the Dead, le réalisateur a préféré opter pour un univers qu’il n’avait encore jamais vraiment mis sur pellicule : le western. Il avait donc tous les ingrédients nécessaires pour taper dans l’original et surprendre ses spectateurs-fans impatient à l’idée de revoir leur icône au sommet de sa forme. Malheureusement, à l’instar d'un certain Dario Argento, autre éminente figure du cinéma de genre s’il en est, George A. Romero trébuche violemment par terre et, malgré tous ses efforts, n’arrivera plus jamais à se relever durant l’intégralité du film.
Vous l’aurez donc compris depuis quelques lignes déjà, Survival of the Dead est une triste déception. Pire : on peut même parler de désillusion. On y croyait. On le voulait. On l’espérait. Mais dès l’introduction, on sent que le film ne sera rien d’autre qu’un vulgaire déchet n’apportant que le déshonneur dans la filmographie de Romero. C’est dans cette dernière justement que l’on reçoit le premier choc : les images de synthèse utilisées sont à faire pâlir de honte celui qui en est le superviseur. Et il en sera de même pour tout le reste du film. Seule la scène durant laquelle un corps est dévoré par l’estomac (hommage/clin d’œil non-dissimulé envers Dawn of the Dead) sauve les meubles en ce qui concerne le maquillage. Mais, paradoxalement, ce plan dévoile un autre problème récurrent du film : le réalisateur vit trop sur ses acquis. En effet, même s’il s’agissait de références constantes à ses premiers films, il n’empêche que la redondance pointe vite le bout de son nez. Sans même regarder le long-métrage en entier, on a l’impression de l’avoir déjà vu au moins une bonne centaine de fois. Ce qui, vous en conviendrez, est un signe qui ne trompe pas.
De fait, on a l’impression de se retrouver face à une série Z tout ce qu’il y a de plus banal. D’ailleurs, le distributeur français ne s’y est pas trompé puisqu’il n’a pas osé tenter une sortie dans les salles obscures françaises (d'un autre côté, les critiques extrêmement négatives issues de différents festivals l'ont peut-être refroidi), se contentant d’un direct-to-video refourgué sous le manteau. Mais peut-on réellement le blâmer, tant l’échec commercial était assuré ? Quoi qu’il en soit, tout est présent pour nous faire rappeler que nous sommes face à un film de piètre qualité. Acteurs ne possédant aucun charisme et, de surcroît, aussi mauvais les uns que les autres dans leur interprétation, doublage français plus que douteux (mais bon, ça, à la rigueur…) et surtout, les zombies ne sont plus qu’un vulgaire prétexte. Un comble pour le géniteur de ces créatures ! De plus, l’histoire sent bon la naphtaline et la narration n’a aucune originalité. Même la critique sociale de sieur Romero, autrement plus intéressantes dans ses dernières prestations, semble sous-traitée ! Bref, s’il n’y avait pas écrit "George A. Romero’s Survival of the Dead" sur la jaquette, absolument rien ne nous ferait penser que nous sommes face à une œuvre chapeautée par, fût un temps, le maître du genre. 1h25 de pur ennui. Ni plus, ni moins.
Au final, que retenir de ce Survival of the Dead ? Honnêtement, pas grand-chose. Voire rien du tout. Comme dirait l’autre, toutes les bonnes choses ont une fin et il est grand temps pour la saga … of the Dead de tirer sa révérence. Absolument affligeant de bout en bout, tant dans sa réalisation plate au possible que dans sa narration affligeante de médiocrité, le sixième (et dernier, on l’espère) épisode de cette saga tire vers les abysses de la nullité George A. Romero qui ne le méritait clairement pas. A la rigueur, il peut sans problème agrémenter une soirée nanar entre The House of the Dead et Des Zombies dans l’Avion. C'est pour vous dire à quel point la saga est tombée bas. En fait, le plus dérangent dans tout ce mélodrame, ce n’est pas que Survival of the Dead soit mauvais, non. Mais plutôt le fait que pour ceux qui n’ont pas connu la trilogie originelle, George A. Romero n’est qu’un réalisateur de seconde zone, n'existant que par le biais de films classés Z. Triste, triste sort pour un homme qui, on ne le répètera jamais assez durant la chronique, ne le méritait pas.