Punisher : 2008 vs. 2004 vs. 1989
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 25/08/2009 (Tags : punisher vol marvel castle frank film man
War Zone est enfin disponible en France, à défaut d'avoir connu une distribution en salles. Plus efficace que la version 2004, mais toujours pas au niveau de ce bon vieux Dolph Lundgren.
Avec quelques mois de retard, la France accueille la dernière adaptation du Punisher dans ses bacs à vidéo, en DVD et en Blu-ray, en solo ou en combo avec le film de 2004. Mouais, on essaie de nous faire oublier le squeezage de la sortie ciné... Et la version de 1989, pendant combien de temps faudra-t-il se contenter d'en user la VHS préhistorique ?!
2008 : Zone de guerre
Le dernier-né, reprenant le titre War Zone que le scénariste Garth Ennis
popularisa en bande dessinée, est réalisée par la cascadeuse Lexi Alexander, bien décidé à rendre hommage au personnage tel qu'il est représenté depuis le début des années 2000 : l'affiche parle d'elle-même, elle ressemble de façon frappante et délibérée aux sombres couvertures de Tim Bradstreet. Le choix du massif Ray Stevenson (issu de la série Rome) pour le rôle-titre s'accompagne d'un entraînement de cheval, que le quadragénaire subit sans rechigner (voir les bonus où il se fait coacher par une escouade de militaires) ; et la présence des scénaristes du très récent Iron Man est destinée à assurer le respect que les fans attendent vis-à-vis des comics.
Le résultat ? Un bourrinage sévère au service d'une intrigue correcte, ce qui n'empêche pas la réalisation de trahir une certaine maladresse (le rythme est chaotique, les acteurs sont poussés au surjeu). On se réjouit de voir Frank Castle opposé à son ennemi traditionnel Jigsaw (incarné par Dominic West), mais aucune scène ne permet de sublimer leur confrontation comme elle le devrait. Les décors et les éclairages forcent la dose de couleurs dans un souci d'évoquer les pages dessinées : les interviews revendiquent l'héritage du Dick Tracy de Warren Beatty, mais on est également en droit de penser aux Batman de Joel Schumacher... Au final, la violence et les vannes s'avèrent satisfaisantes, malgré un casting en demi-teintes (Stevenson n'est pas un Punisher franchement charismatique) et une volonté trop scolaire de coller à l'apparence des comic books.
Retour en arrière : 2004
Passons rapidement sur le film précédent, en apnée : la présence du scénariste Jonathan Hensleigh donnait le droit d'espérer une adaptation nerveuse et bien sentie ; malheureusement, il signait là sa première réalisation et dut probablement se retrouver désemparé face à l'ampleur du boulot, la pression des studios... Bref, quelle que fut la raison, il ne parvint à livrer qu'un film mou du genou, exposant en plus de deux heures (misère !) les origines du personnage, interprété par Thomas Jane et sa belle gueule de jeune premier. On y voit donc la famille de Frank Castle, présidée par papa Castle (Roy Scheider) massacrée par une bande
d'affreux à la solde de Howard Saint (John Travolta, ahah), ce qui l'incite à customiser son T-shirt en y ajoutant une tête de mort et à partir chercher revanche les armes à la main. Ce qui serait plutôt satisfaisant, si Frank ne passait pas son temps à chouiner, à sympathiser avec ses voisins (Rebecca Romijn-Stamos dans le lot, il est vrai que ça incite à sympathiser), à tourner autour de ses victimes au lieu de les dérouiller... Le personnage apparaît comme une lavette par rapport à son équivalent de papier (le film est pourtant interdit aux moins de 16 ans, on croit rêver), et le film fait un tel bide que Marvel décide de faire comme pour Hulk : rebooter la série au lieu de produire une suite. Le point le plus positif reste l'apparition d'un méchant issu des comics : le Russe, montagne de muscles qui prend le temps de faire très mal avant de tirer sa révérence.
Jonathan Hensleigh, après avoir tourné un Welcome to the Jungle inédit en France, réalise actuellement The Irishman avec Val Kilmer, Christopher Walken, Linda Cardellini et... Ray Stevenson.
Retour en arrière : 1989
A peine deux ans après avoir eu droit à son propre magazine chez Marvel, au terme d'une dizaine d'années d'apparition chez les autres personnages, le Punisher avait déjà les honneurs d'une adaptation cinématographique. A vrai dire, l'initiative de New World Pictures, qui était sur le point de faire faillite, relevait essentiellement d'une volonté de capitaliser sur le succès du Batman de Tim Burton, qui venait de faire
un tabac au cours de l'été. Ironie du sort : New World fit effectivement faillite, et Punisher ne sortit pas dans les salles américaines (en revanche, il fut exploité dans la plupart des pays occidentaux, le magazine Impact lui dédia même sa couverture).
Dans le rôle-titre, le Suédois Dolph Lundgren. Précédemment adversaire russe de Stallone dans Rocky IV et Musclor dans Les maîtres de l'univers, il passa ses cheveux au cirage pour incarner Castle le revanchard, mâchoire serrée et clés de moto dans la poche. Le personnage diffère légèrement de son modèle : pas de crâne sur le torse, une propension à vivre nu dans les égouts... Mais l'essentiel demeure : le Punisher est un badass sans pitié, qui possède déjà 125 meurtres à son actif lorsque l'intrigue commence. Le reste est fidèle à ce qu'on peut attendre d'un bon film d'action des années 80 : pas de quartier et une bonne louchée de dialogues cocasses (avec quelques allusions directes à Batman, histoire d'assumer). Le réalisateur Mark Goldblatt signe là son deuxième et dernier film après l'excellent Flic ou zombie, et se cantonnera malheureusement par la suite à son activité de monteur. Malgré tout, l'héritage subsiste : on note de nombreux points communs entre ce Punisher et... Kill Bill 1 ! Quand on voit que les derniers boulots de Goldblatt ont été les montages de X-men 3, xXx2 et Mission-G (l'histoire de quatre cochons d'inde qui sauvent le monde, quand même), on regrette amèrement qu'il n'ait pas plutôt persévéré derrière la caméra...
Bonus : Lestat en Punisher