xXx 2 : The next level
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 27/04/2005 (Tags : film next level lee tamahori action ray
Virginie. Un commando armé attaque et décime une petite ferme, abritant en réalité les locaux d'une branche ultra-secrète de la NSA. Gibbons (Samuel L. Jackson) parvient à s'échapper in extremis. La situation est désormais urgente : Xander Cage (voir xXx ) étant décédé dans l'exercice de ses fonctions, il faut recruter dare-dare un nouveau Triple X -un agent secret hors normes- pour récupérer un Disque dur dans la base sinistrée. L'homme de la situation sera Darius Stone, emprisonné dans un pénitencier haute sécurité. Après une évasion spectaculaire, Darius remplie fort bien sa mission, mais Gibbons est assassiné. Seul, Darius va devoir mettre son nez dans un vaste et sombre complot...
Après la sortie et succès du premier xXx, il fut bien évidement question d'en faire une suite et le barraqué Vin Diesel claironna qu'il était prêt à s'investir dans cette nouvelle franchise, laissant là une autre série en devenir, celle des Fast and Furious. Ayant depuis botté les fesses des Necromongers avec bonheur dans la peau du nyctalope Riddick, on comprendra qu'il fasse désormais preuve de prudence quand à sa carrière. De fait, plus de Vin Diesel, mais comme disait Hitchcock, "les acteurs, c'est du bétail" : un petit artifice scénaristique plus tard, le nouvel xXx prend donc le visage patibulaire d'Ice Cube. Mâchoires serrées, muscles saillants et la mine affable d'un homme portant un slip trop petit, c'est à lui désormais qu'il incombe de sauver le monde. Les blockbusters étant prévisibles, il ne faut pas être un génie pour résoudre l'équation de la chose. Qui dit Ice Cube dit rappeur, qui dit rappeur dit bad boy, a+b+c = exit le minet adepte du surf et du skate, place aux vrais durs du ghetto, ceux qui te chourave une bagnole et te la costumise en moins de temps qu'il n'en faut pour rouler un pétard, mais qui peuvent être très cool quand même. Vous l'avez deviné, Darius Stone vient d'un quartier mal famé dont il conserve une solide bande de potes - featuring XZibit, il fronce les sourcils comme personne ! -, un air des mauvais jours et le goût pour les frites et le Milk Shake. Mais pas (trop) de rancoeur contre une société qui ne lui a que rarement laissé sa chance. Non non, hors de question pour Hollywood de nous refaire une Blacksploitation à haute teneur en cynisme, où Ice Cube se transformerait en Snake Plissken version West Coast. Darius Stone malgré les apparences est donc dans le fond un bon petit gars qui aime son pays, un ancien des commandos qui n'est allé en taule que pour s'être mutiné contre son boucher de supérieur alors qu'il était en mission.
Voila. Jusqu'à présent, le casting mis à part, ça ne renverse pas d'originalité, mais rassurez vous, la suite est digne des meilleurs Steven Seagal. Si le scénario a le mérite d'exister, c'est pour nous servir une ratatouille embrouillée dont nous devinons au fur et à mesure des tenants et des aboutissants d'une banalité effroyable. xXx 2 réussit l'exploit d'être incompréhensible et finalement complètement stupide. Que reste-t-il ? L'action, ma foi. La bande annonce pétaradante laissait entrevoir quelque chose de bêta, mais musclé, nous avons quelque chose de bêta, mais musclé. Mais du muscle de minimum syndical, car passé le premier acte bien sympathique, on ne peut pas dire qu'on croule sous les explosions. De quoi rendre l'ensemble distrayant, sans plus, ce qui n'empêche pas un passage à vide plutôt vilain. Lee Tamahori qui est tout sauf un débutant nous permet quelques belles scènes et deux-trois bonnes idées sortent ainsi du lot. Un combat de tanks par exemple. Voila un concept qui est bon, deux chars d'assaut qui se tirent dessus à l'obus, dans la soute d'un porte-avion. Et le final, où les potes de Darius Stone attaquent le Capitole. Aussi avec un tank. J'aime bien les films avec des tanks. Vroum Voum ! Poum ! Poum ! Poum ! Je m'égare...Des bonnes idées disais-je qui hélas tournent courts ou sont inexploitées. Reprenons l'attaque du Capitole, où rappelons-le siègent le Congrès et la Cour Suprême, par le gang du ghetto : tout était propice à une métaphore revancharde sur le soulèvement des laissés-pour-compte, pour un peu on se serait cru dans un Carpenter, tiens. Mais non, quelques obus plus tard, on passe à autre chose. Pas de prise de risque, surtout restons lisse. A l'image de cette poursuite finale, voiture gonflée contre train, toute en CGI hideuses. C'est Train Simulator qui rencontre Gran Turismo. Il est loin le temps où Steve Mc Queen prenait le volant de sa Mustang pour lâcher les chevaux dans Bullit...
xXx 2 nous fait passer une heure quarante sans trop regarder sa montre, c'est toujours ça de pris, mais n'en souffre pas moins d'un sérieux manque d'audace, de qualités scénaristiques et tout simplement d'intérêt. Lee Tamahori, en petite forme, fait ce qu'il peut avec sa caméra et nous prouve à nouveau qu'il est bon faiseur, mais n'arrive pas à faire oublier qu'un jour, il réalisa l'Âme des Guerriers. Formaté, expédié et même parfois douteux, le film étant d'une misogynie assez confondante, xXx 2 malgré son efficacité toute relative n'a pas vraiment d'arguments plaidant en sa faveur. Je passe sur cette scène finale affligeante où le Président des Etats Unis cite du Tupac, rappeur contestataire, pour appuyer son discours sur la force de la nation. Trait d'humour décalé ? J'ose y croire...