Kill Bill - Volume 1
Cinéma / Critique - écrit par ReZ, le 19/10/2003 (Tags : bill kill film mariee tarantino vol volume
Here comes the bride
Six ans après Jackie Brown, le quatrième (avec Reservoir Dogs et Pulp Fiction) et très attendu film de Quentin Tarantino arrive enfin. Kill Bill nous conte l'histoire d'un ancien assassin qui se fait appeler "The Bride" ou encore "Black Mamba", interprétée par Uma Thurman. Le jour de sa cérémonie de mariage, un groupe d'assassins, "The Deadly Viper Assassination Squad" fait irruption dans la chapelle et tue tout le monde, à l'exception de la mariée qui est laissée pour morte, une balle dans la tête. Quatre ans plus tard, après un long coma, elle se réveille avec une seule idée en tête : la vengeance. Elle doit tuer le groupe d'assassins mené par Bill (David Carradine) et composé de O-Ren Ishi alias Cottonmouth (Lucy Liu), Vernita Green alias Copperhead (Vivica Fox), Budd alias Sidewinder (Michael Madsen) et Elle Driver alias California Mountain Snake (Darryl Hannah). Dans ce volume 1 ses cibles seront O-Ren Ishi et Vernita Green mais il va sans dire qu'elle s'occupera des autres dans le volume 2.
Le scénario est donc très basique, ce qui est surprenant de la part de Tarantino, puisqu'il se résume à un assassin qui doit se venger. Mais cela s'arrête là, on se rend rapidement à l'évidence : Kill Bill est un splendide hommage aux films d'arts martiaux, westerns spaghettis et séries B que les cinéphiles affectionnent. Mais même s'il s'inspire de tout ça, il les surpasse tous d'un seul coup, donnant un film comme on n'en a jamais vu. Il contient tout ce qu'on aime chez Tarantino, il est monté de manière complexe et non chronologique, les dialogues sont parfaitement crus et adaptés, la musique magnifiquement exploitée et certaines scènes sont d'une violence inouïe. Chaque scène possède sa propre ambiance, du combat au couteau contre Vernita Green où la tension est palpable dans chaque réplique au combat contre toute la troupe de O-Ren Ishi, filmé en noir et blanc puis dans l'obscurité où l'on ne voit que les ombres se déplacer, ajoutant à la violence environnante tout est parfaitement chorégraphié, filmé et monté pour nous donner un des plus beaux films de combats jamais réalisés.
Kill Bill possède de plus une énorme inspiration japonaise qui nous donne parfois l'impression de regarder un manga, le passé de O-Ren Ishi nous est d'ailleurs conté par ce moyen, un manga ultra-violent et dur inséré au beau milieu du film. Cette influence donne plus encore de vie au film puisqu'elle peut faire passer les pires acrobaties des combattants pour plausibles, rappelant un peu certains films japonais de l'époque de Shaolin. Et c'est là qu'on se rend à l'évidence : Tarantino est un cinéphile, il a absorbé dans sa vie une quantité de films de toutes provenances et de toutes influences dont il s'est resservis ici. C'est un peu comme s'il n'avait pas réalisé ce film pour le public mais pour lui, pour se faire plaisir, un peu comme un énorme catalogue de tout ce qu'il aime au cinéma. C'est entre autre ce qui fait la force de Kill Bill.
Mais un film ne serait rien sans ses acteurs, heureusement Uma Thurman, présente dans quasiment toutes les scènes est plus brillante que jamais. Elle parvient à mêler détermination, force et humour à l'insondable tristesse du personnage de The Bride d'une manière impressionante et à la transformer en rage chez le spectateur. Elle est impressionante tout au long du film, tout comme Lucy Liu qui n'a plus rien avoir avec la Lucy Liu de Charlie's Angels. Elle est ici une tueuse froide et posée et assume parfaitement ce rôle, provoquant des sentiments contradictoires chez le spectateur. Les autres membres du groupe d'assassins n'apparaissent pas vraiment dans ce volume 1 et il faudra donc attendre 2004 pour voir s'ils sont à la hauteur.
Et on en arrive au seul défaut de ce film... Ce n'est en effet pas un film mais une moitié de film. D'accord s'il n'avait pas été coupé il aurait duré près de quatre heures, et alors ? Ce n'est pas comme Le Seigneur des Anneaux ou Matrix où la coupure était prévue, Kill Bill était au départ un seul et même film, ainsi à la fin de ce volume 1 on ressent vraiment la frustration d'avoir vu un demi-film. Pour moi cette décision stupide n'est qu'un coup médiatique pour engranger plus d'argent et me déçoit énormément, mais passons puisque je suis certain que le Volume 2 à sa sortie me comblera suffisamment pour me faire oublier ce faux pas.
Quentin Tarantino prouve donc une nouvelle fois son talent et sa force de caractère, il fait ce qui lui plaît, et ne se sent pas obligé de refaire des "Pulp fiction" à la pelle. Alors qu'on aime ou qu'on aime pas on respecte. Personnellement vous l'aurez compris j'adore le film avec toutes ses influences et son esprit parodie/hommage et le conseille à tous (sauf aux plus jeunes).