Flic ou zombie
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 26/03/2008 (Tags : film zombie flic cinema films ray blu
Polar bourrin et comédie horrifique, nanar burlesque et film noir cynique, Flic ou zombie est un indispensable de vidéothèque. Trop peu de gens le savent.
L'affiche est un véritable poème. Un insigne de police brandi par une main griffue en décomposition, un flic criblé de balles qui braque son arme vers un hypothétique adversaire, et un ancien comique du Saturday Night Live qui sourit niaisement en exhibant une petite culotte. Généralement, ce genre de chef-d'œuvre constitue un cache-misère pour un film pathétique tourné en deux jours avec trois francs six sous. Pourtant, Flic ou zombie fait exception à la règle. Nanar, certes, mais nanar créatif et plein d'imagination, aux personnages caricaturaux mais bizarrement attachants. Un must pour les fans d'horreur comique et de buddy cops movies (48 heures et L'arme fatale sont passés par là).
Mark Goldblatt est avant tout monteur. Pas le plus obscur, puisqu'on lui doit les montages de films de Joe Dante (Piranha et Hurlements), James Cameron (Terminator 1 et 2, True Lies), Paul Verhoeven (Showgirls, Starship Troopers et Hollow man), Michael Bay (Armageddon, Pearl Harbor et Bad boys 2), ainsi que ceux des récents xXx2 et X-men 3. L'action, il en connaît un rayon. En 1987, il est
réalisateur de deuxième équipe sur le RoboCop de Verhoeven, et saute le pas l'année suivante en devenant réalisateur à part entière de cet étonnant Flic ou zombie. Pourtant, il ne signera qu'un seul autre film, resté lui aussi dans les mémoires des vidéo-clubs : Punisher avec Dolph Lundgren. Malheureusement, il n'a plus jamais troqué sa table de montage pour la caméra.
Roger Mortis (Treat Williams) et Doug Bigelow (Joe Piscopo) forment un duo de flics explosif. Jusque là, rien que de très classique : le premier est calme et poli, le deuxième expansif et vulgaire, et ils n'ont pas leur égal pour cartonner les bad guys à coups de magnum. Mais leur talent est mis à rude épreuve dans l'enquête qu'ils mènent sur une bande de malfrats qui commettent des crimes... après leur mort ! Les deux hommes vont devoir partir à la chasse aux zombies, et ça va faire mal. Pour tout le monde.
On saluera la qualité du titre français, qui transforme le sibyllin Dead heat de la version originale en une variation moqueuse du Flic ou voyou de Belmondo : la couleur est clairement annoncée, Flic ou zombie est un combo de film policier et de
Le jiu-jitsu avec les gros, c'est nul.film d'horreur, les deux genres étant traités avec un égal respect tout en baignant dans l'humour noir le plus décapant. S'il fallait vous convaincre de voir ce film, en quelques points imparables, façon speed dating, voilà ce qu'on dirait :
- C'est gentiment gore, ça flingue et les effets spéciaux sont rétros mais bien faits. Ne ratez pas la scène des abats de restaurants chinois qui reviennent à la vie ;
- il y a Vincent Price, dans un de ses derniers rôles, et Robert Picardo, l'acteur fétiche de Joe Dante ;
- le scénario de Terry Black (frère de Shane Black, le scénariste de... L'arme fatale !) est bien moins bête qu'il n'en a l'air (et avec Joe Piscopo, tout a pourtant l'air très bête) : un parfum de désespoir et d'existentialisme parcourt le film malgré des répliques comme « Mlle Chen, j'ai les dents du fond qui baignent tellement j'ai envie de pisser, pourriez-vous me dire où je pourrai faire mon gros pipi ? » (merci Lestat). La dernière scène est particulièrement courageuse ;
- la musique du générique de fin est typique de son époque.
- le film se trouve en DVD à moins de cinq euros sur certains sites internet et peut se regarder en boucle, aussi bien en version française qu'en version originale ;
- il complètera soit votre étagère « Dead », aux côtés des trois Evil dead et de Braindead, soit votre étagère « Zombie » avec Zombie, L'enfer des Zombies et Zombie campus, soit éventuellement votre étagère « Flic » déjà garnie de Flic ou voyou, Ne réveillez pas un flic qui dort, Pour la peau d'un flic et Pinot simple flic.
Si vous n'êtes toujours pas décidé à vous procurer cette perle, on ne peut plus rien pour vous. Mais vous ne savez pas ce que vous perdez.