La Plage : Léo, son of The Beach
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 19/02/2011 (Tags : plage film leo ile beach plages rochelle
Sur-médiatisé en l'an 2000, le film a déçu, et l'on comprend pourquoi. Danny Boyle cherche le sens et l'esthétisme, et perd rapidement le contrôle de son film.
En pleine recherche existentielle, Richard apprend en Thaïlande l’existence d’un bout d’île réputé introuvable et paradisiaque. Avec un couple de Français, Françoise et Etienne, il se met à la recherche de l’endroit, aidés tous trois par une carte laissée par l’étrange Daffy (Robert Carlyle)…
DR.Nous voici donc en présence du film mal aimé de Danny Boyle, celui qui lui a valu un nombre considérable de critiques cinglantes et de reproches en tous genres, parfois bien mérités, parfois carrément déplacés. La Plage est effectivement un film difficile à saisir, à pleinement apprécier, tout simplement parce qu’il surfe sur une mouvance moderne assez déplaisante pour sophistiquer son propos – lui-même assez nébuleux. S’agit-il d’une réflexion sur le paradis, son accessibilité, et l’impossibilité pour l’homme d’en approcher ? Avec le recul, oui, il doit s’agir de cela. Leonardo DiCaprio trouve donc le chemin avec une île idyllique de la Thaïlande, où il découvre les plaisirs des choses simples et la douceur des bonnes compagnies. Le secret de cet endroit de rêve doit être gardé si la petite population y habitant ne veut pas voir sa terre souillée par n’importe qui. Pourtant, si tout semble rose en apparence, comblé d’une liberté qui a tout d’un mouvement hippie, on s’aperçoit rapidement que tout cela n’est évidemment que de la poudre aux yeux très artificielle. A quelques kilomètres de la plage, des trafiquants de drogue font pousser leurs saloperies sous le regard bienveillant de leurs canons de Kalashnikov, tandis que quelques têtes soi-disantes bien pensantes du groupe sont prêtes à beaucoup de choses pour préserver leur harmonie – ce qui inclut de laisser pourrir de gangrène l’un des leurs, loin des regards et des oreilles. Même dans un espace de rêve, l’homme reste l’homme, avec ses défauts et ses travers honteux, parfois abject, parfois égoïste, et parfois contradictoire : à la moindre occasion, la communauté en appelle au confort de la civilisation via une immense liste de courses.
DR.Une fois ceci identifié, il n’est pas facile de trouver une place à chacun, de comprendre ce qui les habite et les fait vivre. Leonardo s’amourache de deux Français pour faire la traversée (Guillaume Canet et Virginie Ledoyen), les propulse au premier plan pour mieux les placer en faire-valoir. A quoi riment leurs personnages, si ce n’est à donner la réplique au grand Léo ? Seul ce dernier subit une transformation, qu’on essaye tant bien que mal de nous expliquer avec une voix-off. Même avec des commentaires, cette évolution reste obscure et confuse, sans substance, et l’on est prêt à lever les yeux au ciel lorsque Leonardo commence à se prendre pour un héros de jeu vidéo. Sur le plan humain, effectivement, Danny Boyle a du mal à convaincre, et encore davantage sur certains de ses choix artistiques. En voulant accentuer le concept de sa plage paradisiaque, il dépeint la Thaïlande comme un bourbier infâme où vivent des Thaïlandais psychiquement très mal lotis. Sur l’île, tout le monde est beau, musclé, svelte, joyeux, et européen !
Le film dispose d’un certain rythme qui empêche de s’ennuyer, et la beauté des images parvient à capter notre attention. Au final, l’impression d’avoir vu un bon film peut exister, mais l’on se rend vite compte que le cinéaste a trop voulu en imposer, et que son histoire se révèle vide de sens. Peut-être le moins bon des Danny Boyle.