MatriX Revolutions
Cinéma / Critique - écrit par Kassad, le 08/11/2003 (Tags : matrix film revolutions wachowski films neo cinema
Je n'irai pas par quatre chemins, à l'image du film multipliant les circonlocutions inutiles : ce film est une vraie bonne grosse bouse. La seule constante dans la trilogie des Matrix a été l'enfoncement toujours plus profond dans le n'importe quoi. Déjà dans le Matrix opus 1, c'était surtout la première heure et demi qui était impressionnante : esthétisme, scénario, mise en scène, références etc., tout était bluffant, néanmoins le film s'essouflait un peu sur la fin. Le second Matrix n'était déjà plus qu'une farce dépourvue de scénario (on court après le maitre des clefs, on l'attrape, on choppe la clef et hop c'est fini). J'ai le regret de vous annoncer que le troisième épisode ne conserve même plus l'esthétisme qui était encore présent dans Reloaded.
Ce film est tellement incohérent qu'en donner un synopsis qui tienne la route est une véritable gageure. En théorie de l'information on dit qu'une suite de chiffre est aléatoire quand on ne peut la compresser, la résumer en quelques sortes. Il en est de même pour le scénario de Revolutions. Essayons : Néo après avoir arrêté trois sentinelles par la seule force de son esprit (fin de Reloaded) et de sa main tendue (hé oui, il faut bien matérialiser le pouvoir spirituel au cinéma) a un gros coup de pompe. En clair il se trouve coincé dans un monde situé entre le notre et celui de la matrice. Trinity et Morpheus contactent séraphin pour trouver l'oracle et voler à son secours. Pendant ce temps les machines infernales continuent de forer à tout va et foncent vers Zion où les derniers préparatifs de la défense finissent de se mettre en place...
La nouveauté la plus frappante de Revolutions par rapport aux deux épisodes précédents est que la majeure partie de l'action se déroule "dans le monde réel". On se retrouve presqu'en présence d'un film de science fiction standard, option blabla philosophico-creux en plus. Car c'est vraiment là que le bât blesse. Les dialogues enfilent les truismes comme des perles et font perdre toute crédibilité au film. Il faut imaginer Néo courant sous la pluie au ralenti, le tout nimbé d'une musique de type religieux (beaucoup de choeurs, ambiance sombre : pensez par exemple au requiem de Mozart) : il n'y a pas à dire ca jette un maximum. Mais voilà Néo qui s'arrête et dit "J'ai fait le choix que j'ai fait par ce que j'avais à le faire alors je l'ai fait" ou une sentence aussi profonde que "Tout ce qui commence doit finir". En tant que spectateur, vous êtes confronté à l'inéluctable vérité : Néo, l'Oracle et tous les autres ont le QI d'un banc de moules à marée basse. Ca tranche un tantinet avec l'ambiance messianique recherchée.
Alors que peut on sauver du naufrage ? La bataille de Zion qui nous offre un bon quart d'heure de spectacle pyrotechnique ? Même pas : imaginez vous qu'en plein milieu du combat on a droit à un "Mettez vous en cercle" digne du pire Western des années 50, vous savez ceux où les chariots des colons faisaient un rond (on peut aussi penser au BD de lucky luck) et les indiens tournaient autour. Et bien Revolutions (tiens ce serait là le pourquoi véritable du titre...) vous en donne une version high-tech. Il y a aussi la
sempiternelle figure du petit chargeur de munitions (symbole à deux centimes du petit peuple) qui se révelera un héros au coeur de la bataille... Bref un haut degré de concentration de clichés.
Peut être que le seul à surnager est l'agent Smith. Toujours aussi parfait dans son costume coupe FBI, il est le seul personnage avec un peu de consistance. Il est aussi celui qui est le moins facilement cernable même si dans un film biblique de ce style, il est clair qu'il incarne l'ange déchu (c'est un ancien programme qui se rebelle tout comme Lucifer). Son incompréhension est au moins aussi grande que sa haine, il a peur de l'altérité (d'ailleurs il transforme tout ce qu'il touche en lui). Un personnage à creuser dans une suite qui pourrait elle être plus intelligente ? Non je m'égare, ne rêvons pas trop, je doute que le retour de Smith soit programmé, dommage...