7/10AnimatriX

/ Critique - écrit par Nicolas, le 12/06/2003
Notre verdict : 7/10 - Re-re-re-re-re-re-re-re-re-loaded (Fiche technique)

Tags : animatrix matrix film animation dvd matrice osiris

Pour éviter de spoiler le film MatriX Reloaded aux rares personnes pas encore initiées, la critique ne mentionnera pas les théories apportées par les AnimatriX sur l'interprétation du deuxième volet des aventures de Neo.

3ème étape de l'année MatriX, ou première, tout dépend quel pays on prend en considération, les Animatrix constituent pour le moment le plus attirant des produits tatoués « MatriX ». Neuf courts métrages d'animation, tous ou peu s'en faut réalisés par des studios différents, inspirés de l'univers de MatriX et éclaircissant un petit peu les quelques points sombres du scénario dans sa globalité. Néanmoins de qualité inégale, ils apportent tous leur pierre à l'édifice à leur façon, se détachant de l'oeuvre originelle pour mieux lui coller à la peau, tout en démontrant l'événement gigantesque qu'ont imaginé les Wachowski pour demeurer ancrés dans l'histoire du cinéma. C'est à dire un énorme puzzle qu'il va bien falloir compléter...

DERNIER VOL DE L'OSIRIS (Final Flight Of The Osiris)
En pleine séance d'entraînement, l'équipage de l'Osiris se met en alerte pour échapper à un groupe de sentinelles un peu trop « audacieuses ». Dans sa fuite désespérée, le vaisseau remonte à la surface et surprend les machines creusant la terre en direction de Zion. La ville doit être prévenue, même s'il s'agit du dernier vol de l'Osiris...
Les initiés à MatriX Reloaded devraient immédiatement saisir l'intérêt de cet épisode entièrement en images de synthèse. Réalisé par l'équipe du film Final Fantasy Les Créatures de l'Esprit, le Dernier Vol de l'Osiris apporte un début d'explication sur l'information recueillie on ne sait où par Niobe (Jada Pinkett Smith) dans le film (un complément se trouvant dans le jeu vidéo Enter The Matrix). Au delà de ce qu'il nous apporte, c'est à dire un petit détail pas vraiment vital pour la compréhension générale, le premier Animatrix peut se voir surtout comme du tape-à-l'oeil haut de gamme, plus intéressé par les prouesses informatiques réalisées sur la modélisation du corps humain que par quelques autres aboutissements. Cela dit, quel savoir-faire !

LA SECONDE RENAISSANCE, PARTIE 1 ET 2 (The Second renaissance, part 1 & 2)
Probablement le petit trésor des Animatrix. Deux courts-métrages sur l'histoire de la matrice, de l'apparition de l'IA à la victoire des machines sur l'humanité, en passant par l'éradication du ciel et les malheureuses tentatives des robots à faire reconnaître leur droit à la vie. Une très jolie animation lorgnant du côté d'Akira, très percutante visuellement, dotée d'un message poignant sur la stupidité de la nature humaine et son refus de la tolérance. A noter, il s'agit a priori d'archives émanant directement de la communauté des machines, à prendre donc avec des pincettes selon la nature des faits réels.

L'HISTOIRE DE L'ENFANT (A Kid's Story)
Un adolescent, en proie au doute, parvient à contacter Neo par l'intermédiaire de son ordinateur...
Vous visualisez le petit enfant qui aborde Neo dans Reloaded ? Et bien voici son histoire, ou plutôt celle de sa libération. Un Animatrix un peu « classique » dans le sens où il n'existe que pour combler un petit vide informatif du film. L'animation, quant à elle, n'est pas des plus réussies artistiquement, un style un peu trop « travaillé » difficile à décrire ici.

PROGRAMME (Program)
Lors d'un programme d'entraînement, l'une des rebelles de la race humaine est confrontée au choix douloureux que lui impose son supérieur, visiblement déterminé à se réinsérer parmi l'humanité ignorante : le suivre, ou mourir...
Une autre réussite. Par le réalisateur de Ninja Scroll, Programme est un élégant combat de samouraïs dans un Japon généré par le système d'entraînement des rebelles. Bien animé, joliment dessiné quoiqu'un peu personnel, même si l'intérêt pour la série n'est pas très évident. Peut-être une autre envolée lyrique sur la thématique du choix, les personnages présentés ne se trouvant pas d'équivalent dans Reloaded.

RECORD DU MONDE (World Record)
Par sa volonté et son incroyable puissance physique, un sprinter parvient à entrevoir le monde réel lors d'un 100 mètres de compétition...
La présentation d'une échappatoire à la libération orchestrée des humains, une auto-libération provoquée uniquement par un effort de volonté. Le style graphique, assez déplaisant, ne parvient pas à contre-balancer l'inintérêt de dix minutes « gonflées » d'une seule idée.

AU-DELA (Beyond)
A la recherche de son chat, une adolescente met les pieds dans une maison réputée hantée, un endroit fascinant où plus aucune loi n'a cours...
Imaginons qu'une zone entière soit touchée par un bug de programmation, quelles en seraient les conséquences pour les prisonniers humains ? L'AnimatriX présent tourne donc entièrement autour d'une maison abandonnée où tout se révèle possible. Comme faire des bonds de plusieurs mètres, ou encore pouvoir observer une colombe voyageant au ralenti. Une jolie petite histoire, sans grand rapport avec les films apparemment, mais agréablement mise en image et habillée d'une saveur très onirique.

HISTOIRE D'UN DETECTIVE (A detective's Story)
Un détective privé, après un coup de téléphone convaincant, se met à la recherche du célèbre pirate informatique Trinity...
Assez déconcertant, une espèce d'enquête menée dans un monde où se côtoient technologie moderne et vieille camelote des années 50. Et surtout, rencontre avec une Trinity légèrement différente de celle que l'on connaît. Un très beau style graphique, joliment travaillé, pour une histoire en noir et blanc qui pourrait bien être le point de départ de beaucoup d'interrogations, surtout a posteriori des révélations de Reloaded.

MATRICULE (Matriculated)
Après la capture d'un robot ennemi, un groupe rebelle décide de s'insérer virtuellement dans son esprit synthétique pour le reprogrammer...
Un petit scénario qui n'est pas sans nous rappeler une nouvelle fois que les frérots Wachowski apprécient énormément Ghost In The Shell. Et c'est pourtant l'AnimatriX le moins intéressant des neuf, à mon goût. Une sorte de voyage psychédélique dans le subconscient d'un vilain robot, ni trépidant, ni foncièrement révélateur, et doublé d'un graphisme plutôt moyen. Néanmoins, une ou deux discussions peuvent apporter leur contribution au brainstorming général des fans.

Donc neuf courts métrages d'animation plus ou moins intéressants, s'attelant à mettre en lumière une caractéristique plutôt ambitieuse de la série de films à succès des frères Wachowski. Ambitieuse, car chaque produit apparemment « dérivé », tels les présents AnimatriX ou encore le jeu vidéo Enter The MatriX, est un morceau de l'édifice surdimensionné de la bannière MatriX. Et ce n'est qu'en possession de tous les éléments, y compris du film MatriX Revolutions, que l'on pourra juger en connaissance de cause de l'ensemble. Et ce jour, des têtes tomberont certainement, reste à déterminer lesquelles...