7/10Harry Potter et les reliques de la Mort - partie 2 : Examen final

/ Critique - écrit par hiddenplace, le 10/07/2011
Notre verdict : 7/10 - I open at the close (Fiche technique)

Tags : harry potter mort film reliques partie voldemort

Une page s’est tournée il y a quelques temps maintenant avec la parution de l’ultime volume de la saga de J.K. Rowling. Le clap final retentit désormais sur les images qui ont fait vivre en chair et en os des personnages avec lesquels nombre d’entre nous ont grandi.

Habités d’une pointe d’amertume mais bouillonnants d’impatience toutefois, nous voilà au terme d’une aventure et d’une adolescence nées il y a près de 10 ans sur grand écran, et il y a 14 ans pour les romans inspirateurs de J.K. Rowling. Harry Potter, sur papier ou sur pellicule, appartient désormais à la postérité, à la culture populaire. La mélancolie pour certains et le soulagement pour d’autres avaient envahi le (très large) public qui s’intéresse de près ou de loin au petit sorcier myope, lorsque le dernier tome de la série voyait le jour en 2007. En novembre dernier, souvenez-vous, nous assistions à la première partie de l’adaptation de l’ultime volume : Harry Potter et les reliques de la Mort. Chant du cygne d’une aventure qui a accompagné une génération entière, voire davantage, la seconde partie investit nos salles obscures, et nous voilà maintenant fin prêts à découvrir le grand dénouement.

Sur le modèle de Danorah qui avait réalisé la critique de l’ultime roman, et malgré le soin apporté à vouloir conserver intacts les éléments cruciaux des intrigues précédentes, nous avisons le lecteur que certains points peuvent être difficilement écartés pour mener au mieux la chronique de cet opus cinématographique. On considèrera par ailleurs que si un film, toute adaptation libre ou non soit-il,  se doit d’exister par lui-même, ce Harry Potter et les reliques de la Mort – partie 2 relève de manière intégrante d’une quête narrative globale. Ce métrage existe non seulement difficilement sans sa première partie, mais sera également apprécié à sa juste valeur à la lumière des six épisodes préalables de la franchise, qu’ils soient transpositions picturales ou livres d’origine.

Harry Potter et les reliques de la Mort - partie 2 : Examen final
DR.
Le réalisateur aux commandes des trois précédents films, David Yates, est donc chargé de boucler ici ce périple longuement attendu au tournant. La plupart des fans et le porte-monnaie de la production n’ont sans doute jamais regretté d’avoir fractionné l’adaptation. Mais le parti pris que marque cette césure est lui beaucoup plus délicat. Le choix du scénariste pour le découpage en deux morceaux s’est porté sur un déséquilibre volontaire des portions mises en image : la première partie est consacrée aux deux tiers du roman, la seconde au tiers restant. Cette disparité se justifie cependant assez vite par un désir d’inscrire une rupture entre deux atmosphères. Ainsi, si la partie 1 est axée sur l’errance, la solitude et une tension palpable, la seconde est clairement plus orientée vers l’action et l’urgence, les révélations et même le rappel de quelques détails et indices-clefs omis dans les adaptations des tomes précédents. Malgré l’aspect racoleur et désespérément trivial que prend l’accroche française du titre sur l’affiche, il s’agit bien là de l’affrontement final.

D’une manière globale, le film remplit plutôt bien son contrat : grâce à une transposition plus longue au total, les interrogations trouvent leurs réponses à l’issue de la projection, et la fidélité générale du récit est autant respectée que dans la partie 1 (exploit non négligeable en regard de tous les autres opus). Mais malgré le désir de mettre la lumière sur la plupart des mystères, intrigues ou personnages, certains d’entre eux resteront non approfondis ou irrésolus sur grand écran, hélas - pour les fans ET pour la compréhension des néophytes. Quelques importantes ellipses évincent les longues préparations aux entreprises périlleuses que représente la quête des divers horcruxes, comme c’était déjà le cas dans la première partie. Bien que probablement nécessaires pour la fluidité globale, ces « absences » ôtent aux  aventures des jeunes sorciers le reste de crédibilité qu’on daignait accorder à des enfants constamment confrontés à un danger qui les dépasse. Quelques moments obscurs ou hermétiques aux non-lecteurs subsistent donc, et malgré tous les efforts déployés pour raccrocher les wagons entre les différents opus et personnages, certains éléments-clefs de l’intrigue restent non traités et enveloppent certains passages d’un voile d’incohérence ou de scepticisme.

Harry Potter et les reliques de la Mort - partie 2 : Examen final
DR.
A la différence de la première partie, la caméra choisit de se focaliser sur le héros : ainsi les personnages de Ron et Hermione sont malheureusement revenus au rang d’accessoires ici alors qu’ils étaient sur un pied d’égalité avec Harry dans la première partie. Pire, sans doute pour garder l’esprit plus « film d’action », les punchlines inutiles sont de retour et ridiculisent à nouveau certains des personnages les plus intéressants de la franchise : Ron, et à moindre mesure, Neville. On pense également au passé de Dumbledore regrettablement passé sous silence alors que le roman s’y attarde à dessein. Le statut du légendaire directeur de l'école s'en retrouve de ce fait moins fouillé, bien qu'il apparaisse clairement plus ambivalent qu'auparavant. Même si la fin du roman se concentre clairement sur les choix et le destin du protagoniste, les apparitions des autres personnages méritaient un traitement légèrement plus subtil. En revanche, il est enfin rendu justice au personnage charnière du professeur Rogue en éclairant les points qui auraient pu (et du !) être traités dans Harry Potter et le prince de sang mêlé. L’ambiguïté et le charisme délivrés par Alan Rickman sont d’ailleurs gracieusement mis en avant. C’est également le cas pour Draco qui sans être aussi présent, reste agréablement sur le fil.

La mise en scène générale est dans la lignée du prédécesseur : les effets spéciaux sont techniquement maîtrisés,  bien que baignés d’une abondance de sons et lumières dignes des tout premiers films du petit sorcier, mettant sur le bas côté l’effort de la première partie de se concentrer sur l’atmosphère oppressante et les performances « humaines » des acteurs. L’armée de Mangemorts rappelle fortement l’armée des orques dans Le Seigneur des Anneaux (avec cadrage des combats en plan large et plongée à l’appui), et le traitement du côté « obscur » reste encore manichéen et quelque peu grossier, avec des individus étonnamment incompétents vu leur niveau de magie noire (redorant ainsi facilement le blason de l’Armée de Dumbledore, pourtant composée d’adolescents impulsifs et moins expérimentés). La photographie nous offre moins de panoramiques et de paysages évoquant la langueur pourtant présente tout au long du roman, également moins de plans serrés sur le trio révélant leur anxiété. Mais sans atteindre le mémorable parti pris d’Alfonso Cuaron et de son adaptation du Prisonnier d’Azkaban, la texture graphique est dans l’ensemble soignée, traditionnelle et digne d’un film d’aventure familial, teintée de couleurs sobres et généralement toujours sombres et froides, évoquant une mort menaçante ou imminente. Un point non négligeable qui donne une belle consistance à cette « dernière ligne droite ».

Harry Potter et les reliques de la Mort - partie 2 : Examen final
DR.
Pour ce qui est de la transposition en 3D, imposée ici alors qu’elle nous avait été épargnée dans la première partie : en un mot, on l’oublie assez vite. Pas dans le sens où c’est un atout d’immersion dont on fait abstraction rapidement, mais dans celui où l’on se demande  parfois (en relevant, sceptique, les lunettes de temps à autres) si l’artifice existe réellement. Mis à part un ou deux effets gadget, heureusement peu nombreux, du type attraction du Futuroscope - comme les bestioles qui attaquent ou une chute vertigineuse - la profondeur et la différenciation des plans n’est pas spécialement perceptible. Ce budget aurait sans conteste pu être investi ailleurs quand on sait que cette bagatelle peut être rédhibitoire pour certains spectateurs (même si l’on imagine bien que les fans de la série feront la queue quoi qu’il arrive et les yeux fermés).

Pour le bien de chacune, se différenciant par leurs caractéristiques propres et leur ambiance distincte, les deux parties de l’adaptation d’Harry Potter et les reliques de la Mort sont dans leur rythme et leur atmosphère fondées sur les deux spécificités qui dominent  le dernier roman de la saga en s’entremêlant : l’introspection et la confrontation au réel d’un côté, et une effusion globale de l’autre (effusion d’informations, de stress, de péripéties…). Une page s’est tournée il y a quelques temps maintenant depuis la parution de l’ultime volume de la série de J.K. Rowling. Le clap final retentit désormais sur les images qui ont fait vivre en chair et en os des personnages avec lesquels nombres d’entre nous ont grandi. L’émotion est palpable dans la salle jusqu’à la dernière minute du générique mais il n’est pas certain que ce film-là en soit totalement responsable finalement. On lui pardonnera d’être un dernier wagon somme toute assez ordinaire du Hogwarts Express, malgré tous les espoirs fondés sur lui. Mais on se souviendra à travers lui de ce long, imparfait, mais pourtant palpitant voyage qu’est la franchise Harry Potter.