Harry Potter et la chambre des secrets
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 05/12/2002 (Tags : harry potter secrets chambre stars out poudlard
Tour de force incontestable de Chris Colombus, à qui il ne faudra qu'un an pour mettre sur pellicule le deuxième Harry Potter, j'ai nommé La Chambre Des Secrets, et le préparer pour la fin d'année. Une seule année pour un projet très attendu par les mill'ons de lecteurs séduits par l'imagination de Joanne Kathleen Rowling... Les assidus de cinéma pourraient s'attendre à un produit commercial bâclé, comme il est souvent le cas pour les suites de succès. Là où Harry et La Chambre Des Secrets s'écarte des puits à pognons sans fond, c'est qu'il s'appuie sur les scénarios des romans déjà appréciés par le public, ce qui lui confère un atout majeur en terme d'histoire. Il suffisait alors au réalisateur d'éviter le désastre tout en corrigeant les fautes du premier épisode, pas si évident en si peu de temps.
A la fin des vacances d'été passées chez les ignobles cousins Dursley, Harry Potter (Daniel Radcliffe) reçoit la visite impromptue de Dobby, un elfe de maison, qui tente par tous les moyens de l'empêcher de retourner à Poudlard, pour sa propre sécurité. Ignorant ses mises en garde plutôt étranges, notre brave Potter s'en va retrouver ses amis Ron et Hermione à la fameuse école des sorciers, pour entamer la deuxième année de son apprentissage. Mais bientôt, les dires de l'elfe prennent forme, une mystérieuse créature pétrifie un à un les élèves Moldus. Pour les professeurs, il n'y a qu'une seule explication : La Chambre Des Secrets a été ouverte...
Impossible n'est pas Harry. Malgré le temps imparti que l'on pourra juger «serré», l'apprenti magicien remet le couvert et nous convainc une nouvelle fois de la qualité de sa cuisine. Le décor est planté, les protagonistes présentés, on peut donc passer la vitesse supérieure : si l'intrigue du premier épisode se noyait dans les introductions de toute sorte, le deuxième corrige le tir et nous propose un Poudlard plus sombre, plus inquiétant. Le fil conducteur, la fameuse Chambre Des Secrets, reste constamment au centre de toutes les préoccupations, et les hypothèses les plus inconcevables ne tardent pas à germer dans les esprits de nos héros.
Tout en conservant l'évolution de l'histoire, La Chambre Des Secrets accueille quelques nouveaux personnages et renforce son cercle de personnages atypiques : l'inévitable Gilderoy Lockhart, un petit bonheur de professeur lâche et incompétent, interprété par un Kenneth Brannagh très en forme et inspiré ; Lucius Malefoy, le sombre paternel du tristement célèbre Drago Malefoy, qui prend les traits d'un grand méchant du cinéma, Jason Isaacs ; et aussi Ginny Weasley (la petite soeur de Ron), Colin Creevey (première année scotché à son appareil photo), le professeur Chourrave, etc. Un apport nécessaire et judicieux, qui permet à Colombus d'éviter la trappe du « on prend les mêmes et on recommence ».
Et si certains personnages du premier passent donc au second plan, comme c'est le cas pour Minerva McGonaguall (Gryffondor) et Severus Rogue (Serpentard), Harry et ses deux inséparables amis tirent une nouvelle fois les ficelles en leur faveur. Outre le fait que Daniel Radcliffe et Rupert Grint (l'acteur de Ronald Veasley) ont grandi (moins évident pour la mignonne Emma Watson), le défi des deux films coup sur coup leur ont permis d'affiner leur jeu dans le bon sens, et de donner à leurs personnages une présence beaucoup plus juste. Reste à déterminer si leur attachement à la saga Potter ne leur fera pas défaut, ce qui serait franchement dommage.
Chris Colombus, conscient des lacunes de son premier Harry, montre un évident désir de corriger les erreurs passées. La durée toujours aussi importante (2h40) passe de fait beaucoup mieux, bien que certaines longueurs se fassent encore sentir (encore un léger goût pour les petites scènes pas très utiles intercalées ici et là dans le scénario). Plus rythmé, moins confus, La Chambre Des secrets affine aussi ses effets visuels, monte d'un cran la qualité des trucages (notamment dans la modélisation des personnages 100% infographiques), et propose enfin un match de Quidditch à la hauteur (hélas très court).
La surprise passée, Harry Potter Et La Chambre Des Secrets confirme son succès au cinéma, en dévoilant une histoire plus rythmée, plus macabre, et plus intéressante. Si un réel effort a été apporté pour se défaire des défauts du premier épisode, quelques lacunes persistent encore, comme la présence de petites longueurs (bien moins nombreuses), et un petit sac de scènes pas forcément indispensables à l'intrigue. L'arrivée de nouveaux personnages contribue puissamment à la réussite d'un deuxième épisode qui n'était pas à l'abri d'un échec retentissant, et qui en dépit des entraves inévitables à la suite d'un succès (qui plus est, réalisée en un temps très court) se pavane splendidement sur le grand écran.