Bons baisers de Russie
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 08/05/2007 (Tags : bond baisers film russie bons james fleming
Le Spectre aux trousses
James Bond contre Dr No ayant remporté un succès foudroyant l'année précédente, les producteurs Harry Saltzman et Albert Broccoli présentent en 1963 leur deuxième bébé : Bons baisers de Russie. Sans lui nier les qualités typiquement bondiennes qui le parcourent, il faut reconnaître à ce film une influence visible et plutôt encombrante : Alfred Hitchcock...
Comme souvent, l'histoire n'a que peu d'importance : parti en Russie pour retrouver un quelconque décodeur secret, James Bond devra faire face aux agents du SPECTRE, et en profiter pour séduire la jeune soviétique innocente que ses ennemis lui ont lancé dans les pattes.
James Bond trouve son style...
Dans ce deuxième opus, la formule aujourd'hui connue du James-Bond-film semble s'affiner - même s'il faudra attendre le film suivant, Goldfinger, pour que celle-ci soit complète. Le réalisateur Terence Young, déjà aux commandes de Dr No, sait gérer le personnage si bien incarné par Sean Connery, son machisme et sa virilité rugueuse emballée dans un costume bien coupé. Le générique, qui montre les titres projetés sur le corps de danseuses légèrement vêtues, est le premier classique d'une longue série. Le maître des gadgets, Q, fait sa première apparition sous les traits de l'acteur Desmond Llewelyn : celui-ci conservera le rôle jusqu'en 1999 dans Le monde ne suffit pas.
Mais surtout, Bons Baisers de Russie marque la première apparition du méchant qui marquera le plus l'imagination des cinéphiles : Blofeld, le mystérieux chef de l'organisation criminelle SPECTRE (SMERSH en version originale). Nul ne verra son visage avant le cinquième film de la série, On ne vit que deux fois. Seuls seront visibles ses genoux et le chat angora blanc qui s'y laisse gratouiller. Blofeld inspirera diverses parodies, du Dr Mad de l'inspecteur Gadget au Docteur Denfer de Austin Powers.
... mais il copie Alfred Hitchcock
Un aspect gênant du film, pour peu qu'on y prête attention, est la récupération grossière qui y est fait de La mort aux trousses d'Hitchcock. Ian Fleming n'avait jamais caché son envie que les films de James Bond soient réalisés par le Maître, et interprétés par Cary Grant. Les producteurs ont conclu assez vite que le premier était trop cher et le deuxième trop vieux, mais il semblerait que le plagiat leur soit apparu comme une alternative acceptable. Passe encore que l'intrigue veuille donner dans l'espionnage intimiste plus que dans la destruction massive du quartier général ennemi (un exercice de style commencé dès Dr No et repris dans la plupart des films suivants). Passe aussi qu'une partie de l'intrigue soit située dans un train, décor hitchcockien par excellence, et que les intrigues et les bagarres musclées s'y succèdent dans le but de créer un climat de tension et de suspense. Admettons même que l'héroïne blonde, une beauté glaciale (russe !), fasse penser aux actrices fétiches du gros Alfred, que ce soit Grace Kelly, Eva Marie Saint ou Tippi Hedren. Mais alors que Bond soit pourchassé par un hélicoptère sur un terrain découvert, à peine quatre ans après que Cary Grant ait subi le même traitement de la part d'un avion dans La mort aux trousses, ce n'est pas un hasard. Et si James Bond n'est pas l'initiateur de scènes d'action innovantes, c'est qu'il n'est pas au top de sa forme.
La franchise cinématographique n'a pas encore trouvé toutes ses marques, mais Sean Connery habite le rôle et Blofeld fait sa première apparition ; ne soyons pas trop exigeant.