Tuer n'est pas jouer
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 07/05/2007 (Tags : bond film james tuer jouer john dalton
Après avoir interprété James Bond une septième fois dans Dangereusement vôtre, Roger Moore (58 ans) rend son tablier. La chasse est ouverte pour les producteurs : il leur faut un nouveau Bond. Parmi les candidats au poste, on trouve notamment Sam Neill, et bien sûr Pierce Brosnan. Malheureusement, pour une sombre histoire de contrat le liant à la chaîne productrice de Remington Steele, Brosnan ne peut pas jouer le rôle. Celui-ci échoit alors à Timothy Dalton, un acteur gallois à qui le rôle avait échappé de peu... 18 ans plus tôt, lors du casting de Au service secret de sa majesté. Il était trop jeune en 1969, le voilà mûr à point du haut de ses 43 ans.
James Bond, après avoir aidé un général soviétique à passer le rideau de fer, découvre une sombre histoire de trafic d'armes impliquant le meurtre de différents agents anglais ainsi qu'une violoncelliste extrêmement choucarde...
La pression qui pèse sur les épaules de Dalton est énorme : remplacer Sean Connery et Roger Moore dans le coeur des spectateurs, tout en reflétant le changement de ton voulu par les producteurs en cette fin d'années 80. En effet Tuer n'est pas jouer, non content de rajeunir le personnage à l'écran pour la première fois en 25 ans (et Miss Moneypenny du même coup), affiche l'ambition de quitter la voie de la semi-parodie et de la vanne nonchalante pour se rapprocher sensiblement de la noirceur du personnage de Fleming : les bagarres sont plus violentes, le personnage plus taciturne. Par ailleurs, bien que toujours porté sur le sexe dit faible, Bond sera amené à avoir une relation sérieuse et presque adulte avec la Bond Girl Kara Milovy (Maryam d'Abo).
Fort heureusement, les repères habituels du monde de Bond ne sont pas gommés pour autant : la musique est là, le générique parfaitement travaillé aussi (années 80 obligent, la chanson est signé par le groupe a-ha), et Q confie à son protégé quelques gadgets bien typiques, ainsi bien entendu que l'Aston Martin armée jusqu'à la truffe. Les cascades, bien que participant de l'effort global de réalisme (une scène de "tapis volant" jugée trop farfelue a disparu au montage), sont impressionnantes et forcent le respect pour l'équipe de cascadeurs ultra-professionnels qui risquaient (et risquent toujours) leur vie sur la saga.
Pour la petite histoire, on peut noter que Joe don Baker, qui joue ici le vilain de l'histoire, reviendra plus tard dans le rôle de Jack Wade, le contact américain régulier de James Bond dans sa période Pierce Brosnan.
Tuer n'est pas jouer marque une tentative louable de renouveler James Bond et son univers. Malheureusement, on sait que la période Dalton prendra fin avec son deuxième film Permis de Tuer, et qu'il faudra attendre 1995 pour que Pierce Brosnan donne un véritable nouveau souffle à l'agent 007...