7.5/10Hellboy II : Les légions d'or maudites

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/10/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Happy Helloween (Fiche technique)

Tags : hellboy film toro del legions guillermo maudites

Quatre ans après un premier opus décapant, le super-héros cramoisi de Mike Mignola revient sur les écrans, toujours incarné par l'irremplaçable Ron Perlman et filmé par l'inventif Guillermo del Toro. Un peu stérile mais diablement divertissant.

Le retour du gros démon rouge incarné par Ron Perlman avait de quoi faire frétiller les fans. Désormais nimbé d'une aura de respectabilité grâce au Labyrinthe de Pan, Guillermo del Toro semblait prêt à mixer avec une totale liberté son goût du spectacle et sa personnalité unique. A l'arrivée, Hellboy 2 ne semble pourtant pas vouloir être plus qu'un aimable divertissement, cocasse et fun mais assez vain (ce qui est peut-être normal étant donné qu'il s'agit d'un gros rouge). Un excellent moment, mais qui n'apporte pas grand-chose à la saga.

Une ancienne légende fait état d'une légion constituée de soixante-dix fois soixante-dix soldats mécaniques. Comme le titre du film l'indique, l'armée en question est faite d'or, et possède suffisamment de puissance pour assurer à son chef la capacité de faire beaucoup de dégâts. Pas de bol, le vilain Prince Nuada (Luke Goss) décide de faire valoir son droit à réveiller cette armée, bien que son vieux père et sa jolie sœur s'y opposent. Pour remettre à sa place le trublion, il Feu et Rouge, faits l'un pour l'autre...
Feu et Rouge, faits l'un pour l'autre...
faudra bien la force de frappe de l'unité spéciale constituée du démon Hellboy (Ron Perlman), de la pyrokinésiste Liz Sherman (Selma Blair) et de la créature aquatique Abraham Sapien (Doug Jones)...

Après avoir habilement présenté les personnages et leur univers dans un premier film impressionnant, del Toro décide de se reposer en attendant un troisième volet que l'on pressent apocalyptique. En tant qu'épisode intermédiaire, Les légions d'or maudites joue la carte du sitcom décalé à la Famille Addams : entre les soucis conjugaux de Hellboy, l'amourette de son collègue Abe et les gags récurrents fournis par le chef déphasé (toujours joué par Jeffrey Tambor) ou le petit nouveau surdoué (l'ectoplasme Johann Krauss, marrant), l'intrigue semble vouloir s'éclipser sur la pointe des pieds pour ne pas déranger. A vrai dire, le scénario ne prétend pas offrir de réel suspense, et le déroulement de ses péripéties est plus ou moins superposable à celui du premier film. Sans pour autant négliger l'action, qui est distillée à intervalles réguliers de façon quasiment mathématique, Guillermo del Toro injecte une dose de comédie qui fait ressembler cette suite à un bon gros Men in black, impression renforcée par la bande originale de Danny Elfman. On peut également trouver un peu de Tim Burton et de Terry Gilliam dans la fantaisie de l'univers dépeint, sans pour autant
"Hé les mecs, je connais un producteur
qui veut faire de nous un Boys Band !"
que le réalisateur mexicain perde sa propre patte, reconnaissable immédiatement à travers son bestiaire si particulier de créatures fantasmagoriques (dont les yeux ne sont jamais là où ils devraient être).

Conserver son intégrité dans un tel kaléidoscope d'influences, tout en fournissant une adaptation fidèle d'un comic book casse-gueule (la présence du créateur Mike Mignola au scénario est probablement un atout), est un véritable tour de force à porter au crédit du cinéaste. L'air de rien, il parvient également à promener le spectateur entre adrénaline, humour et émotion, entre musique classique, rock pêchu et Elfmanneries, avec un talent de forain qui fait oublier le relatif manque d'ambition du scénario, dont l'unique thème « les parias ont-ils une place parmi nous ? », souligné par la citation des classiques d'Universal comme Le Loup-Garou et La fiancée de Frankenstein, a été abordé avec plus de passion dans le premier Hellboy et dans la trilogie X-men. Guidé par une volonté évidente de faire plaisir (quitte à tirer de son chapeau des idées purement gratuites comme la présence de John Hurt en prégénérique ou l'apparition de certains monstres), Guillermo del Toro force la sympathie et donne envie d'embarquer avec lui... pour de nouvelles aventures ?