6/10Hellboy

/ Critique - écrit par Nicolas, le 12/08/2004
Notre verdict : 6/10 - L'enfer est pavé de bonnes intentions. (Fiche technique)

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L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Et encore un comic-book. A croire que le filon ne pourra jamais se tarir. Devons-nous nous en plaindre ? Il faut avouer que, si l'on considère la masse ahurissante d'adaptations effectuées ces dernières années, le résultat est plutôt mitigé. On passe du bon (Spider-man, X-Men), au moins bon (Hulk, Daredevil), pour finir dans le médiocre (The Punisher, Blade). Et cette fois-ci, pas de casting prestigieux, et encore moins de réalisateur incontestable (Guillermo Del Toro). Hellboy, le cinéma qui voit rouge ?

Le nourrisson Hellboy (Ron Perlman), échappé des enfers à la suite d'une expérience mystique un peu foireuse des nazis, est recueilli par le professeur Broom qui décide de l'élever comme son propre fils. 60 ans plus tard, le voici devenu un solide gaillard mi-homme mi-démon, principal fer de lance d'un bureau gouvernemental spécialisé dans le paranormal. Sa mission : affronter les créatures maléfiques échappées des plus sombres endroits et les renvoyer dans un endroit encore plus sombre, avec ou sans leur consentement...

L'ingéniosité de Hellboy, parce qu'il se montre parfois ingénieux, s'appuie sur deux éléments presque atypiques du cercle des adaptations de BD. Premier lieu, le film se noue judicieusement avec le comic, en partant du principe que celui-ci est né à partir de faits réels (les élucubrations fantaisistes de petits malins inspirés par des photos floues mais néanmoins intrigantes) et qu'il n'est peut-être qu'une façade montée de toute pièce par le gouvernement pour cacher la vérité ; second lieu, Hellboy noue une relation père-fils plutôt déconcertante avec un humain. Car n'oublions pas que Hellboy est un démon des enfers, un gros balèze tout rouge avec une mentalité adolescente bien trempée et bourrée de défauts. Bon point, le héros n'est pas un personnage-héros tout lisse, et son petit côté mauvais garçon qu'il encadre constamment de « ça me gonfle ! » se constitue comme une excellente raison d'apprécier le film. Le reste n'est pourtant pas en sa faveur, malgré un côté plastique fort intéressant particulièrement développé chez les personnages pas tout à fait humains (les "normaux" étant, eux, particulièrement négligés et stéréotypés). Chez les méchants, le monstrueux Kroenen fend l'air de ses épées avec la virtuosité d'un jongleur ; chez les gentils, Abe Sapien (un homme-poisson) frime avec ses pouvoirs divinatoires. A côté, le terrain est balisé de tous les côtés : un type un peu vindicatif (un russe en mèche avec les nazis, ceci explique cela) veut transformer la terre en ravissant petit loft infernal, ce qui plaît moyen à la cellule paranormale cachée par le gouvernement depuis des lustres qui va tout faire pour rester propriétaire. Du classique, en somme, garni de répliques tout autant classiques de films d'action à tendance No Brain (certains appelleront ça « Blagues » ou « Vannes »).

Une adaptation un peu mitigée, assez intéressante sur la forme à défaut de l'être sur le fond. Cela, malgré la teneur d'un personnage principal doté d'un charme très spécial, à mi-chemin entre héros burné classique et l'adolescent un peu incontrôlable. En définitive, on reste assez loin du désastre prévisible, sans pour autant arriver à s'échapper du peloton des adaptations comic-book classiques.