The Punisher
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 10/06/2004 (Die Hard With A Punition
Dans toute la galerie des héros Marvel, le Punisher est à lui tout seul un genre à part. Le genre "sans pouvoir", pour mettre les points sur les I. Il ne peut pas briser de murs à mains nues, n'envoie pas de décharges électriques avec ses yeux, et n'arrive pas (encore) à courir le 100 mètres en moins de 10 secondes. Sa force à lui : La haine, qu'il tire de la vengeance. Et si celle-ci est un plat qui se mange froid, autant la faire déguster à tout ceux qui ont quelque chose de vilain à se reprocher. Bref, pas grand-chose d'original, ce qui explique pourquoi, à la base, le personnage de Frank Castle n'était qu'un visage secondaire d'un Comic nettement plus colorée (Spider-man, en 1974). Le contexte social aidant, sa popularité grandit et lui permet d'avoir sa propre série, qui entraînera la production d'un film en 1989 (Punisher, avec Dolph Lundgren).
Après une dernière opération couronnée de succès, bien qu'un peu sanglante, Frank Castle rend sa plaque du FBI et se prépare à emménager à Londres avec sa femme et son fils. De son côté Howard Saint, riche figure du crime organisée, pleure la mort de son fils Bobby, abattu pendant la fusillade du FBI. Par vengeance, il organise le génocide sauvage de la totalité de la famille de Castle. Seul Frank, par miracle, en réchappera. Il n'a alors plus qu'une seule idée en tête : punir le meurtrier.
Un ex-flic bien burné décide d'accomplir de lui-même une justice expéditive, là où les institutions sont pieds et poings liés. Synopsis ressassé maintes et maintes fois, sans lassitude ni gramme d'originalité, et qui nous revient sous une forme on ne peut plus conventionnelle, mis à part le fait que cette fois, l'histoire est tamponnée Marvel. Mais pas de boule de feu ou de costume aux couleurs chatoyantes, juste un bel étalage de flingues en tout genres, gros calibres, et explosifs. Et surtout, une haine et un jusqu'au-boutisme qui tranche royalement avec ses pairs de la Marvel. Ce qu'on y attend : une violence sans foi ni loi, sanglante et imaginative, qui conduira le héros (Frank) dans une déferlante d'explosions et de massacres qui ne s'arrêtera que par la mort de la bande de méchants. Ce qu'on obtient : presque ça. Là où il pouvait se tailler une part d'originalité, dans son opposition contre l'ordre, la religion, et le bon sens, Frank préfère un menu plus soft. Genre, plus "réflexif", jusqu'à imaginer un plan pour coincer l'un sans trop de bobos, ou se lier d'amitié (si l'on peut dire) avec ses nouveaux voisins bien intrigués (dont Rebecca Rojmin-Stamos). Rassurez-vous, il y aura bien quelques petits sympathiques échanges de balles et voitures cabossées, pour le spectacle. Bref, niveau scénario, aucun sursaut de surprise à l'horizon. De son côté, Jonathan Hensleigh, parfait inconnu ou presque, fait le strict minimum et penche presque dans la bassin des réalisations de téléfilms. Loin d'être poussif, les deux heures se vidant sans effort, mais bien loin de ce qu'un John Woo aurait pu faire. Même avis mitigé question acteurs, qui va du correctement interprété (John Travolta, décidément sympathique quand il s'agit de camper des vilains un peu psychotiques) au pitoyablement mauvais (Thomas Jane, aussi expressif qu'un flan. Et sans crème caramel !).
Scénario et personnages rivalisent de médiocrité dans cette nouvelle transposition Marvel au grand écran, n'apportant rien de nouveau à l'image courante du "justicier solitaire nourri par une vengeance qui ne pourra se faire que dans le sang et la violence". Ceux qui raffolent des histoires simples, des gunfights pas trop ambitieuses, et de l'humour macho contemporain, y verront peut-être une véritable étincelle d'intérêt, d'autant que le film, malgré sa durée, se laisse convenablement voir.