3.5/10Daredevil

/ Critique - écrit par Nicolas, le 22/03/2003
Notre verdict : 3.5/10 - Devil May Make Cry (Fiche technique)

Tags : daredevil marvel matt murdock tome homme comics

Stan Lee, célèbre géniteur de Spider-man, Hulk, et autres X-Men, imagine en 1964 le personnage de Matt Murdock, avocat aveugle mais néanmoins intègre qui se transforme la nuit en Daredevil, le redresseur de tort, le justicier masqué, le juge des toits, le... Sa principale particularité, c'est justement de ne compter que sur la perception inouïe procurée par ses quatre sens restants, décuplés à l'extrême lors de son accident, et d'en faire usage pour appliquer une justice qu'il croit méritée. Adaptation cinématographique oblige, peu avant X-Men 2 et un Hulk qui s'annonce anthologique, la France jusque-là ignare du beau diable en cuir rouge découvre enfin ce personnage visiblement culte de la bande dessinée américaine, qui s'offre le "plaisir" d'être incarné par Ben Affleck.

Rendu aveugle dans sa jeunesse par une projection de produits chimiques, Matt Murdock (Ben Affleck) jouit aujourd'hui de capacités surhumaines lui permettant d'ignorer son incapacité et de percevoir ce que beaucoup ne voient pas. Avocat le jour, il se déguise la nuit et patrouille les rues de New York, sautant de toit en toit, traquant la vermine et la punissant comme il se doit. En proie au doute quant au bien-fondé de ses escapades nocturnes, il fait la connaissance d'Elektra (Jennifer Garner), fille d'un présumé caïd de la mafia...

Eternelle compagne des super-héros de chair et de cuir/latex, la nuit devient le moment pour Matt d'endosser sa splendide combinaison rouge de Daredevil, et d'empoigner sa canne d'aveugle multifonctions. Une panoplie qui, avouons-le, fait particulièrement tache dans la sombre profondeur dont souhaite se doter le film, l'apothéose se constituant de deux petites antennes qui le rapproche du mot ridicule. Quoique je ne me permettrais pas de venir lui dire en face, après avoir constaté que le bougre savait tout de même un peu se battre, et ce malgré son infirmité. Il faut dire, monsieur le démon ne fait pas comme tout le monde, puisque sa vue, il l'a perdue en se faisant asperger de produits chimiques. A accident pas banal, homme pas banal, l'athlète cornu utilise le potentiel de ses quatre autres sens pour survivre à cette jungle hostile qu'est New York, plus une sorte de sonar mental (très bien rendu d'ailleurs). Evidemment, le brouhaha sonore lui devient insupportable, et il ne peut trouver bon repos que dans son cercueil rempli d'eau. Puis un jour, il décide de s'intéresser au Caïd de la zone, pile au moment où il rencontre Elektra. Elektra, superbe petite jeunette maîtrisant les arts martiaux et n'aimant pas les sacs de sable, sans pouvoir mais néanmoins capable de sauter de toit en toit pour rosser elle aussi la vermine. Un coup de foudre quasi-immédiat qui se caractérisera par une baston des deux tourtereaux en plein square, pour le fun et seulement le fun. Et outre le fameux caïd (Michael Clarke Duncan) pratiquement inexistant, si ce n'est qu'il a tué son père jadis, Daredevil devra faire face au redoutable Tireur (Colin Farrell), assassin un peu dérangé précis comme une horlogerie suisse.

Reprenons un peu notre sérieux, Daredevil souhaite se constituer comme une introduction à une potentielle série de films, un peu comme l'avait fait Spider-man. L'homme araignée avait néanmoins su trouver son public, notamment grâce à des effets spéciaux très soignés et de bonnes surprises dans le scénario. Daredevil souffre alors de la comparaison. Outre le fait que le héros se déplace de toit en toit avec l'agilité d'un singe, enchaînant sans broncher les plus audacieuses acrobaties, l'histoire emprunte volontiers aux autres super-héros connus (citons Batman, au hasard), et se complaît dans des rebondissements plus que déjà vus et néanmoins un peu gros. Le peu d'humour, principalement ciblé sur l'infirmité de Matt, et la petite réflexion (où s'arrête le bien et où commence le mal) ne suffisent pas à détacher le conventionnalisme proposé par Daredevil et de la stupidité de certaines de ses scènes. Piètre consolation, Colin Farrell trouve un juste visage dans sa lutte contre le héros masqué, et Jennifer Garner un juste corsage pour exprimer l'ambiguïté serrée de ses sentiments (amour pour Matt, haine pour Daredare).

Dans l'ère des X-Men, Spider-man, Hulk, Batman, et autres super-héros américains, Daredevil se voit relégué comme la cinquième roue du carrosse, le vilain petit canard qui fait défaut à une série de licences juteuses, se suffisant à presque plagier ses confrères pour donner un peu de profondeur à un scénario qui en manque cruellement. A moins que l'on considère volontiers le caractère exagéré des personnages de comics, le ridicule de certaines scènes achèvera de plomber une nouvelle transposition pas si indispensable que ça. Et puis, entre nous, le costume à Ben Affleck, il est pas un peu tarte ?