5.5/10Green Lantern : la bague au doigt

/ Critique - écrit par riffhifi, le 18/07/2011
Notre verdict : 5.5/10 - Qu'elle était verte ma lanterne (Fiche technique)

Force verte contre force jaune : les aventures manichéennes de Green Lantern ne révolutionnent ni l'idéologie ni l'iconographie du super-héroïsme. A réserver aux intégristes du personnage.

Depuis quelques années, DC Comics se fait laminer sur le terrain cinématographique par les personnages de Marvel. Ces dix dernières années, seul Batman tenait la dragée haute à la concurrence. Se décidant enfin à appeler les renforts, DC et Warner portent à l'écran les aventures de Green Lantern, en attendant le Superman de Zack Snyder, ainsi qu'un Flash plusieurs fois repoussé et une hypothétique Wonder Woman.

Hal Jordan (Ryan Reynolds) est un pilote hors pair, mais gère sa vie comme un Green Lantern : la bague au doigt
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margoulin et ne semble pas capable d'établir une relation durable avec sa consœur Carol Ferris (Blake Lively). Jusqu'au jour où l'extraterrestre violet Abin Sur vient lui remettre un anneau dépositaire de la puissance des Green Lanterns. Qu'est-ce donc ? Une corporation de superflics cosmiques, chargés de lutter contre le mal, les taches de graisse et la télé-réalité. Jordan est donc prié de se conduire comme une grande personne, et de se laisser pouser le sens des responsabilités.

Le réalisateur aux commandes du spectacle est Martin Campbell, qui reste particulièrement vert malgré ses 70 ans. Après avoir boosté la carrière de James Bond à deux reprises (Goldeneye, Casino Royale) et celle de Zorro avec le film de 1998, il représentait un choix stratégique pour adapter ce comic book mal connu du grand public, particulièrement hors des USA. Avec son concept terriblement primaire (la force verte de la volonté contre la puissance jaune de la peur), ses patronymes bien kitschouilles (Sinestro, Parallax) et le pouvoir sans limite de son héros (c'est l'affiche qui le dit), Green Lantern est difficile à prendre au sérieux. Pourtant, c'est une approche très premier degré qui est choisie, malgré la personnalité volontiers goguenarde de Ryan Reynolds. On déplore au passage les effets spéciaux 100% images de synthèse... y compris le costume du héros, qui apparaît dès lors comme une version verte des uniformes virtuels de TRON ! Le masque est particulièrement ridicule, ce qui explique probablement son absence de l'affiche. De la même façon, on aurait pu préférer que les aliens humanoïdes soient joués par des acteurs en costume plutôt que par des créations digitales, qui achèvent de donner au film un aspect de dessin animé mal assumé.

La profusion de personnages secondaires, et la volonté d'ancrer Hal Jordan dans un contexte essentiellement "terrien", empêchent le scénario de décoller vraiment, mais le rythme reste soutenu de la première à la dernière image, sans pour autant faire ressortir de moments vraiment mémorables. L'aspect entièrement synthétique de la planète Oa et des pouvoirs de Green Lantern, bien qu'inévitables, installent une distance avec le spectateur, qui est plus facilement convaincu par les coups de poing dans le nez que par les rayons cosmiques.

Green Lantern : la bague au doigt
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La trame est d'un classicisme et d'une simplicité désarmants, jusqu'au discours moral franchement conservateur – Green Lantern doit apprendre à devenir un bon petit soldat obéissant. La présence de scènes d'action parfois puériles laisse à penser que le public visé est peut-être assez jeune ; pourtant, certaines séquences s'avèrent assez perturbantes, notamment grâce aux apparitions de Parallax et à la performance nauséeuse de Peter Sarsgaard en scientifique malsain. Comme souvent dans ce type de film, les relations père-fils constituent un ressort essentiel de l'intrigue, et celle qui lie Sarsgaard à son père sénateur (incarné par Tim Robbins) s'avère plus intéressante que le traumatisme bateau attribué à Hal Jordan. Au rayon des regrets, on notera que les personnages de Tomar-Re (vocalisé par Geoffrey Rush, qui sert au passage de narrateur) et de Kilowog (Michael Clarke Duncan) sont expédiés en deux coups de cuillers à pot, tandis que d'autres jouissent d'un temps de présence inexplicable malgré leur inutilité flagrante : le pote geek, la scientifique campée par Angela Bassett...

Le générique de fin tente d'amorcer la suite à l'aide d'une « surprise »... en réalité, il s'agit d'une scène que l'on pensait voir dès la moitié de ce premier épisode. Et puis d'ailleurs, le public est-il partant pour un deuxième vert ? Le relatif insuccès américain de Green Lantern laisse à penser que non. Ici, il y a fort à parier que seuls les intégristes du personnages se satisferont du film... et même eux préfèreront sans doute se tourner vers les récentes adaptations animées, First Flight et Emerald Knights.


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