4/10Attention au Tron !

/ Critique - écrit par Nicolas, le 24/01/2011
Notre verdict : 4/10 - Déchu de son Tron (Fiche technique)

Tags : cortex attention neurones troubles tronc noyaux noyau

Effets visuels novateurs en son temps mais aujourd'hui dépassés, scénario superficiel, acteurs pas très impliqués, péripéties sans grand intérêt, etc. Tron a bien mal vieilli...

En 1982, année de sa sortie, Tron est en avance sur son temps. Il est le premier film à utiliser de manière aussi globale la technologie informatique, à créer un univers virtuel, et à s'intéresser aussi franchement aux jeux vidéo. Disney fait appel à pas moins de quatre sociétés pour produire les décors et éléments virtuels nécessaires à l'intrigue, certaines scènes mettant même plusieurs jours à être calculées entièrement – à une époque où la souris n'était encore qu'un concept vaguement utilisé. Le film, d'un budget de 17 millions de dollars, rapportera sur son territoire quasiment le double (33 millions), mais n'enchantera pas l'international, pourtant apparu à une époque propice (15 décembre 1982 en France).
Ce qu'il y a à retenir de tout ça, c'est que Tron est un monument de la culture geek - né à une époque où le terme n'existait même pas encore – et que son parti-pris technologique en fait un objet de culte pour beaucoup de gens.

Attention au Tron !
DR.Aujourd'hui, pourtant, Tron est un vieux monsieur dépassé par son temps. Même à l'époque de sa sortie, il souffrait déjà de beaucoup de maladies qui se sont aggravées au fil des années, et revoir le film aujourd'hui – sans que l'on en soit un adhérent irraisonnable – laisse un goût amer en bouche. Tron a tout de la vitrine technologique, il présente une histoire très faible justifiant seulement sa débauche d'effets visuels. Elle met en scène Flynn (Jeff Bridges), un concepteur de jeux vidéo dépouillé de ses créations. En voulant trouver une preuve du larcin, il se retrouve piégé par un programme informatique très intelligent dans un monde informatique. Le scénario fait succèder alors les prouesses visuelles et les évènements sans grande tension dramatique, préférant créer un amalgame programme / humanité plutôt que de raconter une véritable histoire. Tout est créé selon un modèle superficiel : les personnages sont quasiment inexistants, se bornent à être soit des gentils, soit des méchants, et aucun n'a d'enjeu assez poussé pour faire naître une quelconque implication du spectateur.
Attention au Tron !
DR.
Son point fort, Tron le trouvait en 1982 dans ses effets visuels, proprement impressionnants pour l'époque. Le monde virtuel du film se constitue de nombreux polygones non texturés, les personnages humains étant incrustés en postproduction. On peut parler ici de témoignage historique, car il suffit de regarder la bande-annonce de la tardive suite (Tron l'héritage) pour comprendre que le film original s'est pris presque trente ans dans la figure. Regarder Tron aujourd'hui, c'est comme regarder un vieil ordinateur tourner, il est amusant – et nécessaire – de le faire pour se rendre compte du chemin parcouru, on peut saluer et rendre hommage aux développeurs de l'époque pour leur courage, mais ce n'est pas pour ça que c'est agréable.
Y a-t-il eu tout de même, sous tout cela, une volonté de creuser un peu la problématique de la course à la technologie ? Si l'on réfléchit bien, on peut trouver des similitudes entre Tron et certains passages de la bible, le film faisant d'ailleurs plusieurs références à des "croyances religieuses" (croire aux "utilisateurs"). L'homme crée le programme à son image ; Flynn se rend dans son monde informatique, il n'est pas comme les autres et possède des pouvoirs surnaturels ;  il se sacrifie pour le bien des programmes. C'est tiré par les cheveux ? Peut-être bien.

Le film n'a que peu d'intérêt aujourd'hui : il n'est pas spécialement bien interprété, pas spécialement bien écrit, pas spécialement bien réalisé, et son argument technologique ne tient plus la route. Peut-être que dans trente ans, nous penserons la même chose d'Avatar ? A voir comme une curiosité.

Attention au Tron !
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