Saw V
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 09/11/2008 (Tags : saw film dvd hoffman films strahm jigsaw
Il eut été miraculeux que Saw V soit le meilleur épisode de la saga. Au regard de son effroyable prédécesseur, il n'est pourtant pas le pire. On pourrait même y retrouver un certain plaisir régressif. N'empêche... à quand Jigsaw dans l'espace ?
Saw, Saw 2, Saw 3, Saw 4, spoiler, etc…
Et de cinq. Cinq ! 5 ! V ! Mine de rien, la franchise Saw se construit tranquillement dans le plus pur esprit des grandes sagas des années 80, d’où se dégageaient l'impression, pas forcément fausse, que Jason n'en finissait plus de revenir. Saw et ses petits frères commencent à avoir ce fumet savoureux : même égorgé, trépané, cancéreux, autopsié et accessoirement mort, le Tueur au Puzzle continue de semer la zizanie au rythme de twists absurdes et de révélations souvent fascinantes par les numéros d'équilibrisme visant à justifier leur simple présence. La routine désormais s'installant et tout ceci n’ayant plus grand sens, Saw 5 peut être apprécié comme une sorte de récréation inoffensive et finalement assez plaisante à regarder, ne serait-ce que parce qu'elle est, justement, regardable. Parti construire sa carrière, l'inénarrable Darren Bouseman a en effet tourné les talons au profit de l'homme de l'ombre David Hackl, dont la première tâche fut visiblement de trouver un monteur qui ne soit pas boucher-charcutier. Voilà qui fait du bien, merci pour nos yeux.
La litanie des Saw est un peu comme un kebab où l’on remettrait la viande par couche plutôt que de la racler. Rendons d'ailleurs hommage aux scénaristes de la pentalogie, qui ont toujours et tant bien que mal mis un point d'honneur à faire de chaque épisode une suite directe du précédent. Saw 5 se base pour sa part sur un concept assez rigolo : dans le but de crédibiliser les effets de manche de son prédécesseur (dont le deuxième complice de Jigsaw semblait sortir tel le diable d’une boite), le film se construit comme une sorte d'épisode de Columbo gore revenant sur tous (!) les épisodes précédents pour y rajouter du gras. Une orientation un peu plus polar qu'à l'accoutumée donc, menée sans grand entrain par un rescapé de Saw 4, dont les envolées sanglantes ne sont finalement assurées que par l'incrustation au burin d'une sorte de Fort Boyard de l'extrême renvoyant à... Saw 2. Un parti-pris que l'on peut trouver osé au sein d'une saga qui virait de plus en plus vers le gros rouge qui tâche, et qui rend assez justice au relatif classicisme de David Hackl, par ailleurs suffisamment bon faiseur pour nous faire comprendre sans artifice particulier une déconcertante construction en flashbacks. Reste que paradoxalement, Saw 5 ne trouve son essence que dans ses passages graphiques, dont le côté ludique et posé s'avère rafraîchissant.
En résumé, car il est inutile de s'étaler ou de s'acharner dessus, Saw 5 ne dépareille pas vraiment de ses aînés, se posant souvent comme un siamois spirituel du second opus. Nous y trouvons donc de réjouissantes manières de tuer son voisin (le malheureux Poe aurait dû faire breveter son pendule) et y apprenons une nouvelle fois que l'instinct de survie rend bête, dans tous les sens du terme. Le soin apporté à la forme donne un regain de sympathie à l'épisode et le charismatique Tobin Bell écrabouille à nouveau l'intégralité du casting (pauvre Costas Mandylor !) par sa simple présence.
Reste que Saw 5 tombant déjà dans l'autoplagiat, que faut-il craindre de l'inévitable Saw VI [insérez votre blague ici] ?