5.5/10La proposition

/ Critique - écrit par riffhifi, le 28/09/2009
Notre verdict : 5.5/10 - Sandra sans pyjama (Fiche technique)

Une comédie romantique "à formule", où le couple vedette un peu fade s'ébat au milieu de rebondissements poussifs. Restent quelques personnages secondaires.

Dans le domaine de la comédie romantique, Hollywood a des formules à revendre. Partant du principe que le garçon et la fille doivent finir ensemble malgré une incompatibilité apparemment flagrante au début de l'histoire, les scénaristes se sont évertués depuis environ quatre-vingts ans (grosso modo depuis New York - Miami en 1931) à imaginer toutes sortes de combinaisons avec un bonheur inégal : différences d'âge, de milieu social, de notoriété, et bien sûr de caractère ont été exploitées dans tous les sens, et accouchent occasionnellement de pépites inattendues. Ces dernières années, on citera par exemple Amour et amnésie, où
Adam Sandler devait séduire chaque jour une Drew Barrymore à la mémoire biodégradable, Le come back, où Hugh Grant incarnait un ex-roi de la pop confronté à une petite jeunette jouée là encore par Drew Barrymore, ou Last Chance for Love, dans lequel Dustin Hoffman et Emma Thompson redécouvraient l'amour après 50 ans. La proposition, en revanche, avance avec prudence en eaux connues : la réalisatrice de 27 robes Anne Fletcher réunit deux figures qui ont déjà tâté du genre : Ryan Reynolds, vu récemment dans Un jour peut-être et précédemment interprète de la sitcom Un toit pour trois ; et Sandra Bullock, ex-girlfriend idéale de Stallone ou Keanu Reeves dans les années 90, reconvertie ensuite au thriller (Prémonitions) et à la comédie romantique (L'amour sans préavis).

La situation exploite la plupart des ressorts classiques précités : Margaret Tate (Sandra Bullock, remplaçant la Julia Roberts initialement prévue) est une chefaillonne antipathique d'une quarantaine d'années, bossant dans une maison d'édition respectée où tout le monde la déteste. Andrew Paxton (Ryan Reynolds) est son assistant d'une trentaine d'années, docile comme un toutou dans l'espoir d'accéder au poste d'éditeur qu'il convoite avec ferveur. Lorsque Margaret se voit persécutée par le service d'immigration qui menace de la renvoyer en charter dans son Canada natal, elle prétend être sur le point d'épouser son assistant. Ce
dernier, de peur de perdre sa chance d'accéder au boulot de ses rêves, accepte malgré les risques que le projet présente. Les deux faux tourtereaux, pour rendre leur situation officielle, vont devoir l'annoncer à la famille d'Andrew, qui habite à Sitka en Alaska...

Sur ces prémisses qui fleurent bon le déjà-vu (sans compter l'ambiance familiale qui rappelle les récents Mon beau-père, mes parents et moi ou Coup de foudre à Rhode Island), le film dévide essentiellement une leçon d'humilité au personnage de Sandra Bullock, obligé de réaliser dans quelle mouise elle plonge le gentil garçon qui se met en quatre pour elle. De son côté, Ryan Reynolds s'emploie essentiellement à exhiber des yeux de nounours dans un rôle aussi creux qu'un rouleau de sopalin. Reste à se satisfaire de certains seconds rôles : on retrouve avec plaisir Betty White, toujours en forme vingt ans après avoir été une des Golden Girls, ainsi que la très distinguée Mary Steenburgen qui avait fait tourner la tête de Doc Brown dans Retour vers le futur 3. En revanche, Malin Akerman confirme après Watchmen qu'elle excelle surtout dans la fonction "potiche", tandis que l'oscar Nuñez de la série The Office se démène dans un rôle qu'on aurait mieux vu incarné par Rob Schneider. Une bonne partie des gags semblent sortis de laborieuses séances de travail menées par un gang de gagmen, mais quelques scènes surnagent et font passer un sourire complice ou ému. Globalement, rien ne vole très haut dans ce film-formule aussi vite oublié que vu.