Last chance for love
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 25/02/2009 (Tags : chance love last for film films comedie
Dustin Hoffman et Emma Thompson constituent un casting extra-choix pour une comédie romantique sincère et sans prétention. Rien de bien nouveau en dehors de l'âge des personnages, mais on passe un beau moment londonien.
Si l'on vous demande de citer le titre original de Last chance for love, ne soyez pas niais et ne répondez pas « Ben c'est le même, c'est un titre anglais » ; parce qu'en vrai, le titre original est Last Chance Harvey, désignant ainsi l'ensemble des domaines dans lesquels Harvey n'a plus qu'une dernière chance à saisir. Mais laissons de côté le décryptage des arcanes de la traduction, qui restent souvent un mystère : depuis quand n'avait-on pas vu Dustin Hoffman dans un premier rôle, un vrai, pas juste un "gros second rôle" ? Réponse accablante : 1997. C'était dans Sphère, un film d'action dont il partageait la vedette avec Sharon Stone et Samuel L. Jackson. Il était grand temps de le faire revenir, dans une production plus adaptée à sa sensibilité d'acteur... Derrière la caméra, on trouve un réalisateur anglais que l'on croyait perdu depuis son premier long métrage Mariage & conséquences, daté de 2001 (bien qu'il ne soit sorti en France qu'en 2004). Entre les deux hommes, le trait d'union s'appelle Emma Thompson, actrice britannique à la personnalité bouillonnante qui souhaitait depuis longtemps travailler avec l'un comme avec l'autre. Le bébé du trio, d'une certaine manière, peut paraître
"Waouh, vous savez lire ?"manquer d'ambition au regard de son potentiel ; mais dans sa sobriété et son classicisme, Last chance for love possède un charme tranquille fait d'intimisme et de sincérité.
Harvey Shine (Dustin Hoffman) est un compositeur de jingles publicitaires new-yorkais, davantage préoccupé par la perspective d'être licencié que réjoui à l'idée d'apprécier le mariage de sa fille à Londres. Il n'aime pas l'avion, ne connaît pas son futur gendre, et se sent exclu de sa propre famille depuis que son ex-femme Jean (Kathy Baker) s'est remariée au rassurant Brian (James Brolin, tous sourcils dehors). Kate Walker (Emma Thompson) a la cinquantaine et une maman anxieuse (Eileen Atkins) ; régulièrement piégée par ses collègues qui veulent lui faire trouver l'amour, Kate ne semble pas intéressée par ce sujet dans lequel elle s'estime incompétente. On s'en doute, Shine et Walker vont se télescoper, et découvrir que l'amour est possible à tout âge...
Après une phase de présentation des personnages, bien faite mais un peu longue, la séduction maladroite et touchante à laquelle se livrent Hoffman et
"Non parce que moi, je joue juste du piano."Thompson fait de petites étincelles. Lui, petit bonhomme gentiment espiègle qui ne s'est pas vu vieillir, a perdu tous ses repères au sein de son métier et de sa famille. Elle, grande bringue immunisée contre l'amour, gluée au téléphone qui la relie à sa mère, se réfugie dans la lecture de romans à l'eau de rose. La rencontre est évidente, programmée dans l'esprit du spectateur, et répond à tous les standards de la comédie romantique, mais l'interprétation haut de gamme rend le film miraculeusement appréciable, malgré ses clichés et ses facilités. Le réalisateur met moins l'accent sur l'aspect comédie que sur la leçon de vie, donnant à Dustin Hoffman l'occasion de soutirer quelques larmichettes au spectateur (à la spectatrice ?) un peu sensible. Sans révolutionner le genre, Hopkins emprunte un chemin de traverse en donnant la vedette à un couple entre deux âges (Hoffman ne paraît pas ses 71 ans, il est probablement supposé en avoir un peu moins), à l'alchimie étrange mais réelle. Un film charmant et affectueux.