Mission: impossible 3 - M:i:III
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 04/05/2006 (Tags : mission impossible film eur tom cruise dvd
Hoffman on fire
Cruise l'avait dit. Il désirait une école de réalisation différente pour chaque opus de sa jolie franchise médiatique Mission: Impossible. Après Brian De Palma, John Woo, et après avoir susurré le nom de David Fincher, c'est finalement J.J. Abrams, réalisateur emblématique du petit écran (Lost, Felicity, Alias) qui se voit confier les 150 millions de dollars alloués au film, dont la majeure partie semblera être destinée à des achats en grosse quantité d'énormes pétards.
Ethan Hunt (Tom Cruise) a quitté le service actif pour se destiner à l'entraînement des recrues, et mène une double vie avec sa charmante fiancée Julia (Michelle Monaghan). Il reprend néanmoins la panoplie d'agent secret pour sortir l'une de
ses jeunes élèves, Lindsey (Keri Russell), des griffes du trafiquant Owen Davian (Philip Seymour Hoffman). Si le sauvetage est dans un premier temps un succès, Lindsey décède subitement par l'action d'une explosif miniature inséré dans sa boîte crânienne. Hunt entreprend alors de traquer son assassin...
Ne tournons pas autour du pot, et délivrons immédiatement le commentaire que je souhaite le plus impatiemment du monde faire de Mission Impossible 3 : la bande-annonce ne mentait pas, le film ne sera qu'une immense suite d'explosions spectaculaires et de missions millimétrées impossibles à réaliser en théorie. Pour vous dire, Abrams ne conserve ni le suspense alimenté aux rebondissements incroyables de De Palma, ni les gunfights lyriques de Woo. Son style tiendrait davantage de Michael Bay, à en juger du porté de caméra névrosé et de cette propension à tout faire sauter sans chercher une quelconque raison à ce déferlement pyrotechnique. Des dollars plein les mains, il n'hésite pas à pulvériser à coups de missiles un candide pont, offrant au film une des scènes de sauvetage les plus spectaculaires et certainement les plus coûteuses au monde, au second (intra film) comme au premier degré (extra film). Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Des flammes plein les yeux, le fil scénaristique échappe à notre conscience qui ne s'en porte pas plus mal. Suivre le scénario sans concentration préalable n'est pas, lui, une mission impossible, mais faire l'impasse dessus serait
une erreur. Non pas que l'on puisse parler d'intérêt intellectuel, mais les baisses de tension de la crédibilité - osons les mots qui parlent -, et les écueils du genre sont susceptibles de provoquer quelques éclats de rire non contenus. Ce qui n'est pas grand-chose face au jeu d'acteur de Tom Cruise, qui n'en finit pas de se détériorer d'Hunt en Hunt. Le comédien mise gros sur le larmoyant, yeux rouges gonflés, traces sombres plein le visage, petite larme scintillante, écorchures bénignes, et une ou deux blagues presque anecdotiques. Anecdotique, le rôle de Philip Seymour Hoffman l'est peut-être encore plus, malgré un apparent potentiel de super vilain qui démontre une nouvelle fois le talent du bonhomme. Le reste (Jonathan Rhys-Meyers, Ving Rhames, Billy Crudup, Laurence Fishburne) fera presque de la figuration.
Un spectacle son et lumière des plus impressionnants, qui mise pratiquement l'intégral de son budget sur les explosions de haute envergure et les scènes d'action « impossible en théorie, possible en pratique ». Divertissement, dans une certaine mesure, si l'on en attend rien d'autre.