Lucky Luke - 2009
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 23/10/2009 (Tags : luke lucky film james cinema jean dujardin
Une interprétation atterrante du personnage, qui s'ébat dans une réalisation confondant tristement esthétisme et narration. Le scénario ne rime à rien, les dialogues ne sont pas drôles. La classe, quoi.
Commençons par citer les deux départements qui empêchent au film d'écoper d'un gros zéro : les costumes, supervisés par Corinne Bruand, et surtout les décors, dus à l'équipe de Pierre Quefféléan. Ces gens-là ont réellement bossé, et rendent ce Lucky Luke agréable à regarder à défaut d'être émouvant, excitant, drôle ou même intelligible.
Le reste de l'équipe avance dans le désert : le scénario, co-signé par la vedette Jean Dujardin, le réalisateur James Huth (Brice de Nice, Hellphone) et sa complice Sonja Shillito (Hellphone) est un néant vertigineux, le résultat d'un mélange de choix imbéciles (ne garder de la bande dessinée que ses personnages, agglutinés les uns aux autres sans aucune raison logique), d'incompréhension totale de l'oeuvre originale (axer l'intrigue sur le passé de Lucky Luke, sa volonté de ne tuer personne, son envie de fonder un foyer), et d'absence d'humour dépassant le niveau CE2 (Alexandra Lamy qui ronfle, Luke et Calamity Jane qui se mettent des bourre-pifs façon Terence Hill - Bud Spencer). La réalisation, faite de mouvements de caméras nickels et de cadrages ultra-chiadés rehaussés par la présence d'effets visuels top moumoute, semble ignorer totalement le rythme de l'action et des dialogues, remplaçant la narration par une esthétique de clip rapidement soûlante. La musique omniprésente vient à la rescousse de cette torture.
Les acteurs n'ont pas réellement d'espace d'expression : Daniel Prévost cachetonne en Pat Poker, Michaël Youn est moins insupportable en Billy the Kid qu'en roue libre, Melvil Poupaud cabotine en Jesse James jusqu'à l'épuisement, Alexandra Lamy en Belle Starr vient faire des bisous à son amoureux et Sylvie Testud en Calamity Jane cherche désespérément à faire quelque chose de son rôle. Malheureusement pour tous ces gens, aucun personnage n'a la moindre épaisseur, ni la moindre substance comique. Ce sont des silhouettes qui se tirent
dessus, puis font équipe sans raison particulière. Au milieu de ce petit monde, Jean Dujardin joue Lucky Luke sur le même ton qu'OSS 117. A sa décharge, il passe la majeure partie du film à se faire appeler John, ce qu'on nous présente comme son vrai prénom (ah bon ?). De son côté, désespérément à la recherche de matière, James Huth s'ingénie à piller la filmographie de Sergio Leone (qui constitue visiblement 100% de sa connaissance des westerns), en reprenant (mal) des scènes ou éléments de Mon nom est Personne, Et pour quelques dollars de plus ou Il était une fois dans l'ouest.
Comme adaptation, c'est nul (d'ailleurs, ce n'est pas une adaptation mais une "interprétation"). Comme film, c'est nul (l'histoire n'a ni queue ni tête, et ce qui surnage est prévisible et infantile). Comme comédie, c'est consternant (on est même surpris d'éviter la scatologie). Certains objecteront peut-être qu'il s'agit d'un spectacle pour enfants. Mais outre que les enfants sont capables d'apprécier autre chose que de la soupe, on répondra que les albums sont tous lisibles par un public adulte sans susciter d'envies de suicides...
Le jeu à présent, c'est de savoir si ce nouveau Lucky Luke est meilleur ou pire que Les Dalton d'Eric et Ramzy... mais franchement, il y a des jeux plus rigolos.