Brice de Nice
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 09/04/2005 (Tags : brice nice film dujardin jean deguisement comedie
Mais qu'y avait-il avant que Chouchou et Loulou lavent leur linge (propre ou sale) en couple sur le petit écran ? Un petit peu de chance et un petit peu d'humour. Dujardin, fort de deux sketchs, amuse la foule sous le regard bienveillant de Laurent Boyer dans l'émission Graine de Stars, avec deux personnages hauts en humour : le premier, un moniteur typique de colonie de vacances aux prises avec une bande de marmots tout sauf sages ; Le deuxième, celui qui nous intéresse, un surfeur ringard de Nice au sourire bright et à la dégaine élancée à la limite du too much. Avec la bande du carré blanc, eux-mêmes propulsés par l'émission de M6, il met sur pied les Nous C Nous, dans un premier temps simple Boy's Band doré par une chanson éponyme, et dans un deuxième temps une émission à sketchs type Benny Hill à la française. Brice en profite pour se faire un nom, à travers un certain nombre de sketchs illustrant le « cassage », le « fartage », et le « frimage ». Le programme ne fera pas long feu, mais le virus fait son effet : Brice est dans les moeurs, Dujardin est reconnu pour son potentiel comique et artistique. Mais son véritable tremplin médiatique sera la petite série sans prétention de France 2, Un Gars Une Fille, qui sacralise Chouchou (Alexandra Lamy) et Loulou (Jean Durjardin) en vedettes de télévision. L'étape d'après, le cinéma, l'humoriste la franchira d'un pas allègre en enchaînant les comédies (Mariages !, Bienvenue chez les Rozes, etc), et s'essaiera même au thriller, sans jamais véritablement obtenir un rôle titre.
Seulement, comme il est souvent le cas au cinéma, « une idée qui marche ailleurs a certainement le potentiel pour marcher sur Grand Ecran ». Brice a fonctionné, Brice fonctionne encore (sa présence sur internet en est la preuve), le film fonctionnera forcément....
Brice (Jean Dujardin) a une vie de rêve. Fils d'un père richissime, sa vie se résume à pavoiser devant les filles de Nice, boire des trucs forts genre Ricqles, organiser des teufs avec un tas de monde, et surtout, surtout, surtout, attendre LA vague : le méga-tube, celui qui fera envier tous les surfeurs de tous les spots du monde. Tout pareil que Patrick Swayze dans Point Break. Seulement à Nice, les vagues, c'est comme chercher des neurones dans le crâne d'un type de Jackass : y en a pas, ou en tout cas pas des remarquables. Pour corser le tout, la police débarque et saisit le mobilier, la fortune, et le papa qui va avec. Mais Brice tient à sa petite vie pleine de t-shirts jaune poussin. Elle seule lui permettra d'accéder à son rêve. Alors il va lui falloir trouver de l'argent...
Panoplie du casseur - surfeur - winner : Les cheveux longs, le t-shirt moulant jaune canari estampillé « BRICE » (12 ans), le caleçon (Gerard Klein), un futal immense typé baggy (92 ans), une véritable fausse dent de requin en résine, l'air bien con, des accessoires (genre un portable - cheveux ou une brosse à dents - cheveux), et a yé, tu peux déambuler tel un Brice de Nice, brancher des tas de coquines sans pour autant s'acoquiner, et surtout casser à tout va, que ce soit le vent, les amis, ou les objets (car ça marche aussi avec les objets). En somme, trente bonnes minutes de rattrapage pour les cancres qui ne connaissent pas leur affaire, où Dujardin refourgue sans complaisance toutes les répliques qui ont fait de Brice un personnage culte. Celles qu'il n'aura pas le temps de gliiiiisseeeeer au début ne seront pas abandonnées pour autant. Un simple détecteur de vannes bon marché vous permettra de les dé-sabler dans la deuxième moitié, avec en prime celles de son pote du Carré Blanc Salomone. Car le cassage, c'est pas une attitude, c'est une vocation. A défaut d'être le roi de la glisse, Brice est le roi de la casse coincé dans la mentalité d'un adolescent à demi-décérébré. Et il casse, et il casse, et il casse. Rien à proprement cirer de son histoire de vague à deux balles, Dujardin met le paquet sur la répartie qui tue et le cassage en règle. A mon sens, c'est bien dans cet art presque poétique que se trouve le principal problème de Brice de Nice : l'idéal serait de connaître un peu, pour être réceptif au personnage, sans en être exhaustif, sous peine de se lamenter des nombreuses reprises. Entre deux cassages, le doute s'installe, escorté de sa compagne l'ennui, ainsi que l'envie de prendre une position limite consterné devant les vagues successives de blagues plus ou moins drôles : coude posé sur le rebord, la tête posé contre la paume de la main, comme si tu écoutais un walkman par une seule oreille. Si t'es adroit, tu peux y arriver. Si tu ne l'es pas, tu peux toujours essayer de t'enfoncer dans ton siège pour absorber les longues minutes de la première moitié du film, assez durailles, qui font davantage penser à une suite de petites thématiques organisées autour d'une intrigue à la limite du famélique. Les plus hauts spots de crétinerie scénaristique restant tout de même l'inévitable passage musical, planté au pifomètre (« Give Me The Night » tournée en « Give Me The Cash » avec la scène de banque associée, impossible de savoir qui a engendré l'autre), et le dénouement, d'une affligeante facilité.
Les conquis du Brice version petit écran trouveront facilement leurs marques au détriment de l'aspect découverte qui semble pourtant être l'intérêt avoué du Brice version grand écran. Les remous humoristiques et la réalisation pourtant assez fun et bigarrée n'affichent pas un peps suffisant pour faire surfer les spectateurs sur la vague de l'humour, mais les ados pourront peut-être y trouver leur compte. Complètement moyen.