L'incroyable Hulk
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 24/07/2008 (Tout dans les mollets, rien dans le cervelet. Le Hulk nouveau est arrivé, et il ne fait pas dans la dentelle. Dommage, la présence d'Edward Norton et Tim Roth laissait espérer un peu plus de substance.
Hulk au cinéma, ce fut un semi-bide en 2003, lorsque le cinéaste chinois Ang Lee s'en empara pour en faire un drame familial à la réalisation bédétesque tarabiscotée et au casting légèrement improbable (Eric Bana !). Décidant de ne pas opter pour la suite directe mais pour un film aux bases nouvelles, Marvel confia le projet au Français Louis Leterrier, ancien poulain de Luc Besson. L'école Besson, on la connaît : scènes d'action conviviales et bas du front, un peu d'humour nul, et à nouveau beaucoup d'action ; Leterrier a pu ainsi orner son CV de deux Transporteur et du plus atypique Danny the Dog. Une fois arrivé sur le nouveau Hulk, il déclare qu'il aimerait un acteur « comme Edward Norton » pour le rôle principal. Et là surprise, Norton lui-même se déclare intéressé... L'été Marvel se dotait ainsi d'une deuxième promesse savoureuse, après Iron ‘Robert Downey Jr.' Man. Mais que pouvait-on réellement espérer d'une histoire de gros bonhomme vert qui casse tout ?...
Bruce Banner (Edward Norton) a été victime d'une de ses expériences sur les rayons gamma, qu'il menait avec sa nana Betty (Liv Tyler). Désormais, lorsqu'il s'excite, il se transforme en géant vert furax à qui il est préférable de ne pas
Il préfère le bleu, pourtant !chercher des noises. Parti se cacher au Brésil, il est retrouvé par le Général Ross (William Hurt) et son mercenaire Emil Blonsky (Tim Roth). On leur avait pourtant dit de ne pas l'énerver !
Hulky Hulk
Premier constat, sur lequel tout le monde s'accorde sans peine : en tant que personnage, le Hulk 2008 est plus réussi que le Hulk 2003. Troquant le vert pomme et la mine joviale contre le vert bouteille et la grimace hargneuse, il n'hésite pas à balancer de méchantes tatanes aux insectes humains qui viennent l'importuner. Sans pour autant donner l'impression d'être autre chose qu'un gros tas de pixels, aussi décalé dans le film qu'un Roger Rabbit pouvait l'être, Hulk est plutôt bien cerné et s'en sort particulièrement bien dans la scène d'affrontement final, où les prises de vues réelles ne concernent finalement que certains éléments du décor. Alors évidemment, on objectera que Hulk n'est pas Edward Norton, et que celui-ci est supposé apporter à son alter ego la part d'humanité qui suscite l'empathie et rend le film touchant... Ce serait méconnaître les limites des capacités de Leterrier. Celui-ci, filmeur de scènes d'action efficace (quoique sans génie), ne se soucie guère du reste, qu'il traite avec un professionnalisme de technicien. Sous-exploitant cruellement tous ses acteurs (à moins qu'il ne s'agisse d'un effet du montage tant décrié par Edward Norton selon certaines rumeurs - celui-ci a même fait retirer son nom du scénario), le réalisateur réduit l'histoire à une série d'affrontements entre
C'est reparti comme en 1978 !Banner/Hulk et Emil Blonsky, considérant le reste comme de la pure décoration à base de lourdes invraisemblances et d'ellipses faciles.
On appréciera tout de même le soin qu'il met à faire de son film un trait d'union entre Iron Man et Les Vengeurs prévus pour 2011, ainsi qu'un hommage respectueux et plein de clins d'œil aux comics et surtout à la série télé (les plans du générique ! la transformation ! la musique !...), qui lui fait d'ailleurs perdre toute opportunité de développer une personnalité propre. On se consolera à l'aide d'une jolie scène d'orage où la texture de Hulk se confond avec la rocaille environnante. Rien de suffisant pour rendre marquante cette succession de bastons sympathique mais totalement dénuée d'ambition. Mais les fanatiques attendront tout de même le DVD de pied ferme, ne serait-ce que pour voir la scène coupée avec Captain America...