Tremors : la série qui finit plus bas que terre
Cinéma / Critique - écrit par enihprom, le 28/06/2011 (Tags : tremors plus film sortie premiere budget millions
Tremors, c'est un peu l'archétype de la série qui commence bien avec un premier épisode réussi, mais qui finit dans le fin fond de la nullité avec des suites pas vraiment très glorieuses. A titre d'exemple, on peut citer plein d'autres franchises horrifiques atteintes du même vice comme Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Freddy ou encore, plus récemment, Saw et Détour Mortel. Pourtant, avec Tremors, il y avait de quoi faire avec une créature anthropophage quasiment inédite et un humour parodique subtil et décalé. Malheureusement, les voies du commercial sont impénétrables et l'appât du gain a primé sur la qualité.
Les années 80s ont été extrêmement prolifiques pour les sociétés voulant investir dans le cinéma d’horreur. Les cinéphiles ayant connus cette période peuvent citer au moins une bonne douzaine d’œuvres marquantes du genre qui font encore référence à l’heure actuelle, ou, en exagérant un peu, surpassent toujours les productions contemporaines jugées un peu trop banales et pas assez avant-gardistes pour être véritablement excitantes, mis à part les quelques coups de génie signés Alexandre Aja (La colline a des yeux) ou Marcus Nispel (Massacre à la tronçonneuse). Mais comme tout cycle fructueux, les bons titres ont côtoyé de très près les plus mauvais, même si certains de ces derniers ont su se faire passer pour de petits chefs-d’œuvre malgré leur médiocrité exacerbée. En dix ans, le genre a donc largement eu le temps de s’essouffler et d’être exploité jusqu’à la moelle par les sociétés de productions désireuses d’engranger toujours plus de billets verts, provoquant ainsi la lassitude du spectateur. Les mêmes situations, les mêmes ficelles, les mêmes dialogues, les mêmes fins… Pourtant, une série horrifique, bien connue des adeptes du genre mais peu populaire (ou très vite oubliée) auprès du « grand public » malgré le succès qu’elle connut en VHS et DVD, chamboule quelque peu les codes très précis établis depuis des années : Tremors.
Tremors - 1990 : Le sol vibra pour la première fois
Et pourtant, à la lecture du synopsis, l’originalité n’est pas ce qui transparaît le plus. Jugez plutôt : Perfection est une toute petite ville perdue dans la profonde cambrousse américaine qui arrive à survivre uniquement grâce à la dizaine d’habitants dont elle est pourvue. Pas d’évènements prévus pour casser la routine du patelin hormis le coup de tête des deux « hommes à tout faire » du village, Valentine McKee et Earl Bassett. Littéralement lassés de cette vie de concierge, les deux compères décident de quitter Perfection et de recommencer leur vie ailleurs, dans une plus grande ville. Manque de bol pour eux, ils croisent sur la route un cadavre perché à une dizaine de mètres de hauteur, sur un poteau électrique. Étant donné que ce genre de chose n’arrive pas tous les jours (et encore moins à Perfection), Val et Earl décident de faire demi-tour pour alerter les autres et d’appeler un médecin pour les éclairer sur les circonstances de la mort. A la surprise générale, le trépassé n’a pas rejoint l’Au-delà ni par électrocution ni par arrêt cardiaque, mais par déshydratation. Quelques heures plus tard, les deux héros malgré eux découvrent que « quelque chose » vit sous terre.
Et là intervient toute la singularité de Tremors premier du nom : la sempiternelle
créature mangeuse d’hommes n’est pas terrestre, mais bel et bien sous-terraine. De plus, ayant établi la terre comme habitation, elle chasse grâce aux vibrations. Même si Ron Underwood et S.S. Wilson, respectivement réalisateur et scénariste du film, n’ont rien inventé – Dune de David Lynch avai
t
Le Graboïde, la véritable star du film. déjà montré à l’écran des vers géants cinq ans auparavant -, ils ont néanmoins réussi à donner une sorte de fraîcheur au genre horrifique qui en avait bien besoin. D’ailleurs, cet aspect novateur est décuplé par la présence de la lumière. Nous sommes en plein désert et le soleil est présent durant l’intégralité du long-métrage. Habitué à la pénombre de la nuit pour les scènes de meurtre, le spectateur n’est plus en « terrain connu ». Dernier détail, mais qui sera l’un des facteurs essentiels du succès de la licence : l’humour. Il faut bien avoir en tête que Tremors, malgré son confortable budget de dix millions de dollars, est une série B américaine du début des années 90. Le comique devait donc indéniablement faire partie du cahier des charges, histoire d’attirer les foules dans les salles obscures mais aussi, et surtout, pour se faire plaisir en assumant à fond le côté parodie du film de monstre dont il est muni.
Le burlesque justement vient en très grande partie du tandem Val et Earl, respectivement interprétés par Kevin Bacon et Fred Ward. Complètement hilarant grâce à leurs répliques qui tapent toujours dans le mille sans jamais
Val, à gauche, et Earl, à droite.tomber dans le « too much », les deux personnages arrivent à nous arracher un sourire malgré les situations quelque peu embarrassantes dans lesquelles ils se trouvent. A titre d’exemple, lors de la découverte du premier ver, Val le déterre et clame : « Venez voir, j’ai repéré son trou du cul ! ». C’est précisément ce décalage entre l’immense découverte et la personnalité un peu benêt du personnage qui provoque le rire. Melvin, l’archétype de l’adolescent un peu lourd à supporter, y va de bon cœur pour « amuser la galerie » grâce à ses blagues pas toujours concluantes et la petite amourette d’école primaire entre Valentine et la jeune sismologue venue étudier dans la région fait également sourire. Humour et personnages attachants font donc bon ménage et participent grandement à la réussite du film.
L’autre grande réussite du film, et non des moindres, réside dans les effets spéciaux utilisés. L’époque de production et le budget accordé à Tremors aidant, le long-métrage fut tourné entièrement «à l’ancienne », sans images de
Un petit côté "Les Dents de la Mer" ? synthèses rajoutées en postproduction, uniquement des miniatures et de l’animatronique. Cette technique a forcément ses défauts, comme le fait de ne pas montrer la créature autant de fois que Ron Underwood aurait voulu le faire par exemple, mais ces derniers ont surtout permis à l’équipe de tournage de bien réfléchir sur l’utilisation des mannequins représentant les Graboïdes. De fait, à l’instar de certaines œuvres fauchées, Tremors est bien plus dans la suggestion que l’exhibition, ce qui lui permet, encore à l’heure actuelle, d’être visionné sans déplaisir malgré le poids des années. Rythme soutenu de la première à la dernière minute, répliques et situations amusantes, acteurs talentueux et une créature qui était amenée à devenir culte ; voilà ce qui permit à Tremors d’avoir un tel succès, notamment lorsqu’il sortit en vidéo, succès qui sera peut-être reconfirmé avec l’arrivée récente du Blu-Ray consacré au film.
Tremors 2 - 1996 : Le sol vibra directement en VHS
Dix millions de dollars de budget pour « seulement » dix-sept millions rapportés en salles, Tremors premier du nom n’a été réellement lucratif qu’à partir de sa commercialisation en vidéo. C’est sans nul doute pour cette raison qu’Universal Pictures, la société de distribution de la licence, n’a pas osé prendre le risque d’une nouvelle sortie dans les salles obscures pour sa suite, Tremors 2 : Les Dents de la Terre, qui se retrouva donc directement en VHS/DVD. Accompagné d’un budget bien moindre qu’auparavant, soit quatre millions de dollars, S.S. Wilson (qui passe accessoirement de scénariste pour le premier volet à réalisateur pour le deuxième) va devoir batailler ferme pour tenter de renouer avec le succès de Tremors, sachant qu’un élément essentiel s’est retiré entre temps : Kevin Bacon. Seuls Fred Ward, qui incarne Earl Basset, et Michael Gross, qui joue le rôle Burt Gummer, ont bien voulu tenter l’aventure une seconde fois. Et aux vues du résultat final, heureusement que les deux compères étaient là pour sauver de la noyade le scénario qui n’est pas des plus convaincants : une société pétrolière perdue dans le Mexique sert de fast-food à d’énormes créatures sous-terraines. Dans le but d’éradiquer une bonne fois pour toute la menace anthropophage, la firme fait appel à Earl et à un certain Grady Hoover. Au début, tout se passe pour le mieux jusqu’à ce que le binôme découvre que les Graboïdes ont mué.
Apparemment bien conscients que Tremors 2 n’aurait jamais atteint la qualité globale de l’épisode original quoi qu’elles fassent, les personnes en charge du développement ont décidé de tout miser sur l’humour, quitte à enlever le suspense qui caractérisait le film de Ron Underwood. Bien qu’assez présentes
Earl et Grady durant la pause radio dans le premier Tremors, les scènes humoristiques étaient toujours décalées, voire assez subtiles de temps à autre, mais ces séquences n’étaient en aucun cas « bon public ». Dans Tremors 2, c’est tout l’inverse ! Les dialogues burlesques ont laissé place à des vannes faciles et « passe-partout », un peu à l’image de Grady Hoover - interprété par Christopher Gartin - qui joue le boulet de service un peu gauche (vous savez, celui dont on ne sait que trop rarement ce qu’il fait ici) et devient littéralement pesant à la fin du long-métrage. Par exemple, lorsque lui et Earl sont assis sur un rocher à écouter de la musique via une station radio, un Graboïde avale d’une traite le poste qui était posé par terre. Earl lui demande « Elle était par terre la radio ? »... et son jeune partenaire lui répond, étonné « Je savais pas qu’ils aimaient la musique ! ». C’est typiquement le genre de blagues qui ponctuent un peu trop souvent l’avancée.
Hormis ce parti-pris assez décevant, Tremors 2 reste tout compte fait agréable à regarder dans son intégralité. Les scènes d’actions se succèdent sans temps morts et se révèlent extrêmement efficaces, notamment grâce à l’évolution
Le Graboïde en mode 2.0des Graboïdes qui ont pris l’apparence de petits êtres bipèdes (qui font inévitablement penser à des dinosaures) capables de voir la chaleur humaine à l’aide de leur vision thermique. De plus, les créatures peuvent se reproduire sans rapports sexuels quelconques puisque le simple fait de manger permet à ces dernières de mettre bas. D’ailleurs, cette amélioration augmente considérablement leur capacité de réflexion, étant donné que les Graboïdes (même s’ils ne pensent encore qu’à se nourrir) arrivent à piéger les protagonistes, à couper l’électricité, à littéralement défoncer le moteur d’une voiture et ainsi de suite. Ces situations augmentent donc le rythme de l’aventure qui, à l’instar du premier volet, ne diminue pas de la première à la dernière minute.
Côté effets spéciaux, les vieilles recettes sont toujours d’actualité puisque l’animatronique est encore utilisé pour animer les Graboïdes. La seule différence est que le système a bien été perfectionné en six ans et avec l’aide de personnes ayant travaillées sur des films comme Jurassic Park, les quelques rares erreurs commises dans Tremors premier n’ont pas été réitérées dans celui-ci. Malheureusement, la partie numérique vient totalement gâcher l’ensemble par sa qualité plus que douteuse. Nous sommes en 1996 et le
Les derniers préparatifs avant le tournage budget alloué à l’équipe n’était pas mirobolant, certes, mais il n’empêche que les images proposées n’étaient pas des plus agréables à l’œil et donc, inévitablement, à la limite du risible aujourd’hui. Si l’on veut faire bref, Tremors 2 n’est pas un mauvais film en soi, loin de là (et on verra que la série compte bien pire dans sa filmographie). Pourtant, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il n’arrive pas à la hauteur de l’épisode fondateur à cause de ses choix scénaristiques un peu trop faciles, de ses situations un peu trop téléphonées et de son humour un peu trop basique. Ça fait beaucoup de « un peu trop » pour un seul et même film. Restent quelques scènes d’actions efficaces, pas aussi mémorables que le premier cependant (cf. la scène dans laquelle Burt et sa femme se font attaquer par un Graboïde dans leur caravane), et la technique de l’animatronique toujours au top. L’essentiel fut sauvé.
Tremors 3 - 2001 : Le sol vibra pour la première fois au XXIe siècle
Il faut croire que Tremors 2 : Les Dents de la Terre a connu un succès assez important pour motiver Universal Pictures à commander une suite. Mais il ne faut pas s’y tromper, les cinq années qui séparent le deuxième et le troisième volet n’ont pas servi à peaufiner Tremors 3 : Le Retour, loin s’en faut. D’ailleurs, même si ce n’est que purement hypothétique, la troisième aventure des Graboïdes retranscrite à l’écran a dû être tournée à la hâte, sans le souci du travail bien fait, avec pour seul idée en tête : faire de l’argent facilement avec le nom de la licence. Car, sans être mauvaise langue, c’est la principale notion qui reste chez le spectateur lors du générique de fin. Mais à la rigueur, profiter de la licence pour s’enrichir n’aurait pas été un mal si le film avait été bon. Or ce n’est pas le cas. Et à l’image de Tremors 2, le synopsis n’annonçait déjà rien de bon. Après avoir quitté Perfection le temps d’un épisode, la saga se concentre de nouveau sur la petite bourgade du fin fond du Nevada. Devenu extrêmement célèbre grâce à ses Graboïdes, le village s'est mué en une sorte de Disneyland local. Ceci dit, Perfection reste Perfection. Ainsi, au bout d’un certains temps, devinez qui revient pour manger tout ce qui vibre sur le sol ? Et devinez qui va se charger d’éradiquer les envahisseurs venus du sous-sol ?
Non, ce n’est pas Earl, mais Burt Gummer, le roi de la gâchette – et accessoirement, le seul acteur à revenir pour les quatre épisodes que contient de la saga Tremors. Dirigé par Brent Maddock (le scénariste du
L'agence tous risques version Tremors deuxième épisode – oui, c’est une histoire de famille), Michael Gross fait ce qu’il peut pour tenter de sauver du naufrage cette pâle suite un peu molle du genou qui ne fait clairement pas honneur à la licence, à commencer par le ton humoristique adopté. Si Tremors 2 avait déjà emprunté le chemin de la facilité malgré quelques (trop) rares vannes appréciables, Tremors 3 fait bien pire encore en atteignant le degré zéro du comique. C’est comme si chaque blague avait été écrite pour faire un flop, ce qui laisse relativement perplexe quand on sait que le premier long-métrage débordait de situations cocasses et décalées. Rien que sur ce plan-là, le film déçoit énormément et malheureusement pour nous, spectateur et peut-être fan de la série, le pire reste à venir avec notamment la nouvelle mutation des Graboïdes qui côtoie de très près le pathétique…
Dans la vie, il y a certaines choses que l’on ne peut pas se permettre, ou très difficilement en tout cas. Si l’on se base sur ce principe simple, on se demande
Le Graboïde en mode 3.0encore à l’heure actuelle comment les scénaristes de Tremors 3 : Le Retour ont osé muer le Graboïde en une sorte d’oiseau péteur extrêmement laid. Un oiseau ? Oui, le Graboïde peut désormais faire ce que l’homme a toujours voulu accomplir : voler. Mais en y regardant de plus près, on se serait bien passé de cette évolution qui dénigre complètement le mythe puisque, en voulant sans doute aller trop loin dans l’humour facile, la créature se propulse dans les airs grâce à un gaz venant tout droit de son ventre. Dans les réunions entre potes qui se terminent à cinq heures du matin et dans lesquelles on n’a plus les idées très claires, on peut comprendre que ça fasse rire, mais là, on bloque un peu. Heureusement, on rit quelques fois de bon cœur dans Tremors 3. Ceci dit, n’allez pas croire que le rire est provoqué volontairement, bien au contraire.
Non, si on rigole, c’est plutôt à cause des acteurs littéralement mauvais (même Michael Gross, pourtant juste dans les précédents volets, n’arrive pas à apporter l’étincelle qui aurait permis d’embraser le tout), du doublage français de piètre qualité (les deux premiers peuvent se regarder sans mal en français – ne nous méprenons pas, la VO est toujours conseillée -, mais celui-ci ressemble
Ils ont l'air perplexe quant à la qualité du film... à une sorte de récitation théâtrale sans envergure) et des effets spéciaux à la ramasse puisque les images de synthèses présentées sont des horreurs sans communes mesures. Même les Graboïdes première version font peur à voir dans un enrobage 3D du plus mauvais effet. Datant pourtant de 1990, Tremors a beaucoup mieux vieilli (et encore, on pèse nos mots) que Tremors 3, qui lui s’est vu graver sur DVD en 2001. En bref, le long-métrage de Brent Maddock n’est pas beau à voir et poignarde dans le dos le reste de la licence en s’engouffrant dans la brèche nanardesque qu’elle avait pourtant soigneusement évité auparavant. Triste sort pour une franchise qui ne le méritait clairement pas, d’autant plus que Tremors 3 fut utilisé comme pilote pour la série télévisée du même nom (elle n’aura néanmoins pas eu le temps de marquer les esprits puisque la production s’arrêta au bout de treize épisodes qui furent diffusés à partir de décembre 2005 en France sur Sci-Fi, soit deux ans et demi après leur programmation américaine).
Tremors 4 - 2004 : Le sol vibra pour la dernière fois
Étant donné que l’avant-dernier opus de la saga ne fut pas encensé par la presse spécialisée (et il n'y avait vraiment pas de quoi), il aurait été dommage de terminer sur une telle fausse note. C’est sans doute pourquoi Universal Pictures met un quatrième et, a priori, dernier opus en chantier, histoire de redorer un tant soit peu le blason de la série bien écorché par les quelques erreurs de parcours empruntées dès Tremors 2. Mais d’un autre côté, le succès n’est vraiment pas garanti et brûler des millions de dollars dans une troisième suite relèverait presque du suicide financier. Jouer la prudence était donc plus que sage et la société de production ne s’y trompa pas : une petite poignée de billets verts, une douzaine d’acteurs maximum, trois pauvres décors et un scénario qui a déjà fait ses preuves par le passé avec un certain Retour vers le futur III en plaçant l’intrigue dans le Far West. En effet, nous sommes en 1889 dans une petite ville minière du Nevada baptisée Rejection. Tout se passe pour le mieux jusqu’à ce que de vilaines bestioles s’en prennent sauvagement aux mineurs dont dix-sept laisseront la vie. La peur envahit toute la petite bourgade et la plupart des habitants décident de la quitter, exception faite de quelques petits irréductibles. Alerté de la situation, le propriétaire de la mine, Hiram Gummer, décide de se rendre sur place et d’y engager un tueur à gages pour supprimer la menace animalière. Ça s’annonçait plutôt pas mal, mais malheureusement pour lui, Tremors 4 paie le manque de conviction des personnes en charge du projet.
Une fois n’est pas coutume, cette nouvelle production appelle de nouveau S.S. Wilson sur le siège de réalisateur (déjà en charge du deuxième volet) et Michael Gross (dans le rôle de Hiram Gummer, l’ancêtre de Burt Gummer) en tant qu’acteur principal. Le problème, c’est qu’ils ont oublié tous les autres bons éléments qui faisaient le charme de la série auparavant ! L’humour par exemple a totalement disparu. La seule chose qui fait figure de comique dans le film est
Kelly Mains Noires en mauvaise posture Kelly Mains Noires, le fameux tueur à gages interprété par Billy Drago, qui se moque ouvertement par l’intermédiaire de la caricature des plus grands rôles de méchants assassins froids et sanguinaires (lui le premier d’ailleurs puisqu’il en a joué des tonnes, notamment Frank Nitti dans Les Incorruptibles de Brian De Palma). Exception faite de ce personnage, rien ne provoque réellement le rire, ni même le sourire d’ailleurs ce qui est tout de même fort dommageable étant donné le passif glorieux de la série en termes d’humour (le premier épisode du moins). Pire, Tremors 4 est complètement incohérent dans son avancée ! Effectivement, les Graboïdes ont une poussée de croissance assez phénoménale (on passe d’une larve qui s'éjecte du sol au ver transgénique de six mètres de long en quelques jours seulement). Niveau crédibilité, (même si la franchise n’est pas exempte de défauts de ce côté-là), ce n'est toujours pas ça.
Pour la première fois de toute l’histoire de Tremors, un épisode se permet d’être lent pendant l’intégralité du film, hormis la scène finale qui, sans être exceptionnelle, rattrape bien le coup et permet par la même occasion de ne pas
On lutte comme on peut face aux envahisseursavoir perdu une heure trente de sa vie à espérer que l’action décolle enfin. La lenteur exacerbée est décuplée par le jeu très peu inspiré des acteurs. On a l’impression qu’ils sont devant leur feuille de dialogues et qu’ils la lisent, ni plus ni moins. Cet effet est amplifié par la version française d’une extrême médiocrité. Si Tremors et Tremors 2 pouvaient agréablement être visionnés en VF, Tremors 4 est une véritable horreur dans la langue de Molière. Pour terminer sur un point positif paradoxal, le manque de moyen alloué à la production a été bénéfique sur deux points. Premièrement, les images de synthèses coûtent trop chères. Il a donc fallu revenir aux premiers amours, soit l’animatronique, pour les effets spéciaux et honnêtement, ce n’est pas plus mal quand on voit les CGI atroces de Tremors 3. Deuxièmement, le long-métrage fut tourné dans des environnements naturels, ce qui amène une photographie assez bonne dans l’ensemble, même si malheureusement, ce n’est pas ces deux éléments qui vont accroître le niveau du film qui, il faut l’avouer, n’est vraiment pas très élevé.
Au final, nous sommes partagés à la fin de ce Tremors 4 entre la clémence et l’impitoyabilité. On aimerait bien lui mettre quelques points supplémentaires puisque dans le fond, on sait pertinemment que tous les problèmes énumérés dans la critique sont dû en partie au faible budget qui lui a été accordé. Mais d’un autre côté, peut-on réellement passer outre le jeu d’acteur plus que limite, le scénario téléphoné au possible, les trop rares scènes d’actions intéressantes, la suppression de toute forme d’humour verbale et le rythme tellement lent que l’on est prêt à arrêter le DVD ? En toute objectivité : non. Tremors 4 se pose comme un dernier soupir mortuaire d’une série qui pourtant avait de quoi marquer positivement l’histoire du cinéma. Au lieu de ça, on s’en souviendra surtout comme la franchise que l’on passe le dimanche après-midi sur la chaîne Sci-Fi ou Cine FX. Vraiment dommage…