6/10Rango, prépare ton cerfeuil

/ Critique - écrit par riffhifi, le 17/03/2011
Notre verdict : 6/10 - Reptile était une fois dans l’ouest (Fiche technique)

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Un néo-western animé dans lequel Johnny Depp prête sa voix à un caméléon… Divertissant mais sans surprise, Rango s’évapore aussi vite qu’une goutte d’eau sur les pierres brûlantes du désert.

Après trois épisodes de Pirates des Caraïbes, le réalisateur Gore Verbinski ne peut plus se passer de Johnny Depp. S’il n’est pas aux commandes du quatrième opus (confié à Rob Marshall), il compte retrouver l’acteur l’an prochain pour une nouvelle version du Lone Ranger, et le dirige entre-temps dans cet inattendu Rango. Le film d’animation n’est pas tout à fait une nouveauté pour Depp, puisqu’il a prêté sa voix au héros des Noces Funèbres de son amigo Burton, mais Verbinski s’y frotte pour la première fois, ainsi que la société ILM qui signe les visuels en images de synthèse. Industrial Light & Magic, la boîte légendaire de George Lucas, n’a plus rien à prouver depuis longtemps dans le domaine des effets spéciaux, mais l’animation est une autre paire de manches.

Premier constat : après quelques minutes d’adaptation dues à un prologue délibérément étrange, l’esthétique du film s’avère extrêmement convaincante. Les personnages sont richement animés, expressifs, ne souffrent pas de la froideur qui plombe trop souvent les images de synthèse ; et les décors, bien que le plus souvent dépouillés en raison de leur caractère désertique, ne sont jamais cheap ou bâclés. On s’amusera à retrouver les mimiques ou les gestuelles des acteurs dans leurs personnages (c’est particulièrement évident pour Johnny Depp et Ned Beatty, nettement moins pour certains autres comme Bill Nighy en serpent).

Pour Rango, les seaux d’eau ont un prix

Rango, prépare ton cerfeuil
DR.
Le problème, c’est le scénario : bien que Verbinski en parle comme d’un vieux projet qu’il chérit depuis près de dix ans (il cosigne le scénario), on peine à y trouver autre chose qu’un défilé de clichés sur une page de cahier des charges. La formule hollywoodienne du film tout public (comprendre : pensé pour les enfants) est transparente : un héros animalier (un caméléon filiforme, pourquoi pas – notez bien qu’il aurait pu aussi bien s’agir d’une loutre, d’une libellule ou d’un rhinocéros) se retrouve perdu en plein désert après être tombé de la voiture de ses propriétaires. Guidé par les conseils sibyllins d’une armadille, il trouve une ville appelée Poussière (Dirt en v.o., ce qui signifie plutôt "Saleté"), dont les habitants meurent de soif. Sachant qu’il y a là un problème à régler, une jeune fille à séduire, deux-trois méchants à rosser et une identité à trouver, on vous laissera deviner l’issue des évènements…

Avec Rango, l’amour est là

Rango, prépare ton cerfeuil
DR.
On oubliera donc rapidement l’intrigue pour s’amuser de la forme du bidule, qui s’ingénie essentiellement à parodier le genre western. A travers divers clins d’œil plus ou moins appuyés à certains westerns, à commencer par le nom que le héros se donne (on ne compte plus les "Django" qui virent le jour dans la période spaghetti des années 70), le film rend hommage à Sergio Leone et aux archétypes du genre, sans jamais le transcender ni créer la surprise. Le caméléon lui-même suit gentiment le chemin tout tracé de ce genre de divertissement : d’abord maladroit et arrogant, il finit par faire preuve d’héroïsme et… oups, spoiler ? Non, décidément, en dehors de quelques tentatives de toucher un public adulte (quelques touches d’humour noir, de rares innuendos sexuels, une courte apparition de Raul Duke et du docteur Gonzo, personnages de Las Vegas Parano), Rango est un produit de plus en provenance de l’usine à pop-corn. Mais les hiboux mariachis qui narrent l’histoire ont l’honnêteté de l’annoncer dès le générique d’ouverture.