7/10La Cité Interdite

/ Critique - écrit par riffhifi, le 29/03/2007
Notre verdict : 7/10 - Lassitude interdite (Fiche technique)

La nouvelle fresque de Zhang Yimou

Après Hero et Le Secret des Poignards Volants, Zhang Yimou continue sa période épique avec la Malédiction de la fleur dorée. Ou plutôt La Cité Interdite en français, un titre plus loin de l'intrigue mais peut-être plus près du sujet.

La reine Phoenix (Gong Li) apprend que son mari le roi Ping (Chow Yun-Fat) a entrepris de l'empoisonner à travers le remède qu'elle prend tous les jours depuis 10 ans. Dans le palais aux mille couleurs se cachent les pires noirceurs : petit à petit, le passé ressurgit et les sentiments s'exacerbent tandis que se prépare la grande fête de Chongyang...


Qu'on se le dise, La Cité Interdite n'est pas un film d'action ; contrairement à Hero qui sublimait son statut de film de sabre au point de ressembler à un ballet, La Cité Interdite ne compte pour ainsi dire aucune scène d'action avant le dernier quart d'heure - qui, pour le coup, paraît d'une violence à la limite du ridicule et presque incongrue par rapport au reste du film.
L'intérêt du film n'est pas non plus à chercher du côté de l'intrigue, qui accumule nonchalamment les secrets familiaux et quelques complots, sans vraiment justifier à elle seule la durée de 1h54.
En fait, le vrai plaisir à retirer de la vision de La Cité Interdite réside dans sa forme. Stimulant tous les sens du spectateur, Zhang Yimou s'attaque essentiellement à la vue : les décors, les costumes, les maquillages et les accessoires sont tous d'une splendeur visuelle à tomber par terre, gorgés de couleurs chatoyantes et filmés avec un soin irréprochable. Pas besoin d'attendre les scènes de combat - malgré une impressionnante attaque des « arachno-ninjas chinois » - pour admirer la chorégraphie impeccable qui régit les mouvements de chaque personnage. L'ouïe n'est pas en reste, titillée par la musique envoûtante, les sons subtilement exacerbés - le bruit du poison versé dans la coupe de la reine, le frottement des étoffes - et le jeu des acteurs, qui fait regretter qu'ils aillent si souvent se brader à Hollywood au lieu de se consacrer aux rôles dignes d'eux qu'on leur offre en Chine. Quant au toucher, à l'odorat et au goût, ils sont fréquemment éveillés à travers l'image et le son, de façon assez comparable à ce que faisait Tom Tykwer dans son adaptation du Parfum l'an dernier.

Li Man
Li Man
Bien sûr, on peut regretter les excès du final, qui semble en partie conçu pour offrir au spectateur sa dose de bataille et de figurants ; on peut s'interroger sur le message du film, qui pourrait être que les hommes s'acharnent orgueilleusement à faire entrer des carrés dans des ronds ; mais pour peu qu'on soit prêt à accepter le spectacle contemplatif qu'il représente, La Cité Interdite représente une expérience hautement recommandable.