Thor : foudre de guerre
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 21/04/2011 (Tags : thor geant foudre dieu chapitre wunderwaffen marteau
If I had a hammer
I'd hammer in the morning
I'd hammer in the evening
All over this land
I'd hammer out danger
I'd hammer out a warning
I'd hammer out love between my brothers and my sisters
All over this land
Banni du Royaume d’Asgard par son père Odin pour son arrogance, le guerrier Thor arrive sur Terre et rencontre une équipe de scientifiques qu’il laisse perplexe. Ce grand gaillard blond est-
L'agent Coulson (Clark Gregg)
et Thor (Chris Hemsworth)il vraiment tombé du ciel avec un marteau nommé Mjolnir ?...
Autant le dire : Thor ne partait pas vainqueur. Bien qu’issu du foisonnant catalogue de comics Marvel, le personnage est loin d’être aussi célèbre qu’un Spider-man ou un Hulk, et son interprète Chris Hemsworth est un inconnu australien dont le nom ne fait pas vibrer les foules comme Edward Norton ou Robert Downey Jr. Pour couronner le tout, son histoire est tirée de mythologies nordiques vieilles de mille ans, ce qui le rend coton à intégrer dans l’univers cinématographique des Vengeurs, jusqu’ici plutôt porté sur la science-fiction pseudo-technologique.
Le film avait donc trois défis à relever : l’attrait commercial, la cohérence et la qualité artistique. Pour le premier, il a suffi de sortir le bottin et le carnet de chèques, afin de s’assurer la présence de Natalie Portman, Anthony Hopkins, Rene Russo et Stellan Skarsgard (ce dernier constituant la caution "scandinave" du film, bien que d’aucuns auraient préféré Dolph Lundgren, dont la société de production s’appelle Thor Films !) ; autant de comédiens vendeurs et respectables, qui assurent à la production un certain standing. Pour la cohérence, le scénario mise sur une théorie acceptable : les dieux nordiques sont en réalité les habitants d’une planète lointaine, et disposent d’une machine qui leur permet de traverser l’univers en aussi peu de temps qu’il en faut pour dire « Stargate ». La notion que chez eux, « science et magie ne font qu’un » permet de faire passer toutes sortes d’excès visuels sans pour autant rendre bancale la présence d’agents du SHIELD armés d’appareils de mesures (l’agent Coulson est désormais le fil rouge officiel des films de Vengeurs).
Heimdall (Idris Elba)Quant à la qualité du fond et de la forme, elle est assurée par deux camps : celui des cinq scénaristes, parmi lesquels on trouve le populaire J. Michael Straczynski (qui écrit aussi bien pour la BD que pour le cinéma, chez Marvel comme chez Clint Eastwood) ; et celui de la réalisation, confiée à Kenneth Branagh. Un choix aussi culotté que celui de Jon Favreau pour Iron Man, car ni l’un ni l’autre n’avaient eu précédemment à diriger de productions aussi considérables. Tous deux sont acteurs aussi bien que réalisateurs, et Branagh se caractérise par un goût immodéré pour Shakespeare, dont il a adapté plusieurs pièces sur scène et à l’écran. Rien d’étonnant à ce qu’il injecte un sentiment de tragédie dans le récit, ni à ce qu’il s’entoure de quelques acteurs au CV shakespearien : Idris Elba, Colm Feore, et surtout Tom Hiddleston (il a joué avec ce dernier dans la série Wallander et le téléfilm Conspiration) dans le rôle subtilement pervers de Loki. Bien qu’il abuse un peu des plans de traviole, atteint en cela du même syndrome qu’Ang Lee sur Hulk (« oh mon Dieu, il faut que mon film ressemble à une bande dessinée ! »), le cinéaste se tient assez fermement à un parti-pris louable : celui de raconter avant tout une relation père-fils, suivant une intrigue légèrement plus adulte que la plupart des autres histoires de super-héros. D’habitude, le protagoniste doit apprendre à remettre en cause ou affronter une figure paternelle, passant ainsi de l’enfance à l’adolescence ; ici, le scénario commence précisément sur cette rébellion, et Thor doit prendre une leçon d’humilité avant de faire la paix avec son père. On s’amusera également de trouver une ressemblance entre Kenneth Branagh et Chris Hemsworth, qui incarne le rôle-titre avec conviction, puissance et déploie tour à tour plusieurs facettes d’un talent certain. Et en plus il est beau.
Terminons l’aperçu du casting avec le quatuor formé par Ray Stevenson (déjà interprète du Punisher, et visible l’an prochain en Porthos), Jaimie Alexander, Tadanobu Asano et Josh Dallas, qui jouent les compagnons d’arme Volstagg, Sif, Hogun et Fandral.
Le SHIELD aurait bien besoin d'un bouclierGrâce à eux, le film dispose de plusieurs scènes de combat épiques, et maintient un équilibre permanent entre les scènes situées sur Terre et celles qui se déroulent sur Asgard.
A l’instar d’Iron Man 2, mais de façon moins appuyée, Thor contribue à préparer le terrain pour The Avengers : brève introduction de Hawkeye (Jeremy Renner), allusions aux autres personnages déjà portés à l’écran… Les fans purs et durs du comic book (y en a-t-il beaucoup en France ?) s’insurgeront peut-être contre le fait que Thor ne soit pas incarné dans le corps d’un certain Donald Blake (le scénario prévoit une private joke en guise de remplacement), et que son casque ailé ne passe que très peu de temps sur son crâne, mais le souffle chevaleresque du récit, l’humour habilement dosé, l'esthétisme des effets spéciaux (hormis une scène de chevauchée, la CGI passe remarquablement bien sur grand écran) et surtout la personnalité des personnages devraient emporter leur adhésion.
Soyez thématiques ! Allez voir le film un jeudi, c’est le jour de Thor (en anglais, le mot Thursday est dérivé de "Thor’s Day").
Soyez patients ! Comme souvent dans les productions Marvel, une scène vous attend à la fin du générique.
Soyez informés ! La prochaine étape du parcours Avengers sera Captain America, le 20 juillet prochain.