6.5/10The Amazing Spider-Man : une toile est née (encore)

/ Critique - écrit par Nicolas, le 09/07/2012
Notre verdict : 6.5/10 - Y a comme un lézard (Fiche technique)

Les commentaires internautes n’ont pas tardé à pleuvoir pour réclamer le retour de Sam Raimi à la franchise, il fallait s’y attendre. Hollywood a tendance à produire un peu n’importe quoi lorsqu’il s’agit de faire rentrer de l’argent, mais organiser un reboot d’une franchise de moins de dix ans, il faut le faire. Bon bah voilà, c’est fait. Pour votre bonheur, j’ai décidé de ne pas porter de préjugés hâtifs et de ne pas encenser Sam Raimi qui, avec le recul, n’a pas été irréprochable avec Spider-Man. The Amazing Spider-Man : une toile est née (encore)
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Mais tempérons mes propos, dans l’univers des comics adaptés au cinéma, la trilogie de l’ami Sam figure dans le haut du panier, en dépit d’un premier épisode en dents de scie et d’un troisième plutôt faible. Le deuxième opus, quasiment parfait, et de très belles mises en scène étalées sur les trois épisodes ont suffi néanmoins à tirer la franchise vers le haut.

Rappelons les faits : Sam Raimi fait un doigt à tout le monde lorsque Sony refuse son scénario de Spider-Man 4, mettant en scène le Vautour comme ennemi principal de l’homme araignée. Sony n’est pas prêt à laisser mourir sa si belle franchise, et commande un nouveau film sur le personnage : un grand retour aux sources avec de tous nouveaux acteurs. Pour justifier son reboot autrement que par l’attrait de l’argent, Sony affirme que le traitement sera différent, et qu’il révèlera quelques secrets sur les parents de Peter Parker, lesquels ont été oblitérés par la version Sam Raimi. Harry Osborn et Mary-Jane Watson sont éjectés de l’histoire, et le héros devra affronter en face à face le Lézard, icône du très fourni bestiaire du comic.

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Forcément, l’impression de déjà-vu persiste tout au long du film. Peter se fait piquer, devient surpuissant, fait une crise d’adolescence suivie d’une grosse connerie qui coûtera la vie à son cher oncle, lequel lui aura au préalable fait sa petite leçon sur la responsabilité. Puis Spider-Man va choper des méchants dans les rues, tandis que la police lui court après. Le nouveau réalisateur, Marc Webb, n’est pas de la grande famille des Action Directors, et doit galoper après la réputation du personnage. Il tente d’y mettre du panache, au travers de ralentis et de passages à la première personne, mais rien ne semble vraiment fonctionner. La comparaison avec Raimi est brutale, le Spider-Man de 2002 étant clairement plus charismatique que ce petit freluquet potache et salement mis en valeur. Car, oui, le reboot fait perdre quelques grammes de QI à Peter qui devient un réel adolescent, un peu loser et gravement accro à la bonasse du coin. Ce retour arrière dans la psychologie du personnage, que l’on a quitté jeune adulte et un peu paumé, fait mal à l’intellect, surtout lorsque Spidey commence à émailler ses combats de répliques digne des Power Rangers.

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Mais cette version 2012 parvient néanmoins à créer quelque chose avec ses personnages. Non pas que la mouture Raimi manque de billes de ce côté-là, mais en dépit du côté puéril abordé par le reboot, il y a plus de dramaturgie et un poil plus de psychologie dans les relations entre les personnages. Cela ne justifie certes pas le retour du personnage, qui trouvait en Tobey Maguire un interprète tout à fait acceptable, mais Andrew Garfield transcende l’aspect déséquilibré de Peter Parker pour en faire un porte-étendard parfois antipathique, parfois franchement énervant, mais auquel il est impossible de ne pas s’attacher. Sa relation avec Gwen Stacy (Emma Stone) se met rapidement en place pour finalement se retrouver empêtrée dans des considérations au moins aussi compliquées qu’avec Mary-Jane, et c’est ici que l’on retrouve Marc Webb et sa sensibilité. Peut-être que si on lui avait proposé un scénario entièrement basé sur le petit monde de Parker, le résultat aurait été plus pertinent. Car ici, on s’attend à un film pop-corn plein d’action et d’effets spéciaux, et ce n’est pourtant pas ce que l’on retient du film. La faute peut-être au grand méchant, encore plus naze que le Bouffon Vert ? Ou des grandes facilités scénaristiques (incohérences et autres conneries impossibles à croire) qui arrangent bien les choses pour tout le monde ?

Loin d’être raté, ce reboot souffre des précédents de la franchise sur quasiment tous les points. Il manque d’audace, d’inventivité visuelle, et ne parvient jamais à faire quelque chose de nouveau – ou tout du moins différent de la version 2002, bien qu'il soit un poil plus proche du personnage original. On en sort déçu par le côté blockbuster, mais intéressé par un casting inspiré et une mise en place dramatique assez réussie.

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