9/10Snatch

/ Critique - écrit par Kassad, le 12/02/2005
Notre verdict : 9/10 - Brillant comme un diamant (Fiche technique)

Tags : snatch film ritchie guy from snatched cinema

Snatch est à Arnaques, Crimes et Botanique pour Guy Ritchie ce que Magnolia est à Boogie Nights pour Paul Thomas Anderson, mais pas ce qu'est Requiem for a Dream à Pi pour Darren Aronofsky. Enoncé comme ça, vous êtes bien avancés... Disons que dans les trois cas il s'agit de metteurs en scènes de talents qui ont été révélés au grand public par leur premier film. Par un ton, un montage et une ambiance sortants de l'ordinaire, chacun de ces artistes a su se faire remarquer par un film inattendu. Ces trois là, une fois la reconnaissance acquise, ont pu réunir plus de moyens pour réaliser, sans contraintes cette fois, leur second film. Et là encore dans les trois cas le second film est plus ou moins une version "bis-plus-fluorée" du premier : plus de stars, plus de fonds, plus de succès. Snatch appartient à la catégorie de ceux qui sont mieux réussis que le premier (ce qui n'est pas le cas pour Requiem for a Dream par rapport à Pi mais c'est un autre débat). Mais la suite de la carrière de Guy Ritchie et son calamiteux Swept away (razzie award de la pire actrice pour Madonna...) montrent malheureusement que la progression n'est pas inéluctable même quand on confirme...

Mais revenons au sujet principal de cette critique : le film. Après un casse chez un diamantaire juif d'Anvers, Francky (Benicio Del Toro) passe par Londres avant de se rendre à New-York où il doit livrer un diamant gros comme le poing à un boss de la Mafia. Mais Francky est habité par le démon du jeu et avant de partir il ne peut se retenir d'aller parier dans un match de boxe clandestin. Des truands à la petite semaine sont engagés pour l'assassiner et pour récupérer sa mallette sans savoir ce qu'elle contient. Parallèlement un des organisateurs (Jason Statham) du match a du changer de boxeur : en effet en allant acheter une caravanne chez des gitans son champion s'est fait étaler par Mickey (Brad Pitt) d'un seul coup de poing. Il décide d'engager Mickey pour le remplacer. On le voit à ce synopsis : le mic-mac s'annonce de belle facture. Sachez qu'en plus le boss de la mafia new-yorkaise va débarquer avec un tueur à gage de légende (Vinnie Jones). Bref, à l'image d' Arnaques, Crimes et Botanique c'est un tourbillon de situations délirantes avec des télescopages tous les plus improbables les uns que les autres qui se prépare. L'intrigue y est quand même plus linéaire, si on peut employer ce terme pour un film foisonnant de ce type, le fil conducteur étant cette poursuite du diamant. Le ton y est aussi plus maîtrisé, Guy Ritchie est au sommet de son art et arrive à donner une cohérence impressionante à un ensemble hétéroclite, un vrai tour de force.

Le film mélange avec bonheur action violente, les gangsters n'y sont pas tendres, avec un humour décalé très britannique. A ce sujet, les dialogues sont une vraie réussite et tous les fans d'Audiard vous le confirmeront : ils ont trouvé leur maître. Encore une fois, je vous conjure de suivre ce film en VO. En effet l'une des particularités de ce film est le rôle qu'y tient Brad Pitt. Une petite remarque en passant, il faut savoir que pour ce film la méga-star hollywoodienne a baissé son cachet parce qu'elle avait envie de jouer pour Guy Ritchie. Et à l'instar de Tom Cruise dans Magnolia, il nous livre un numéro à la fois étonnant et exceptionnel. Brad Pitt incarne un gitan, One punch Mickey O'Neil (littéralement : Mickey O'Neil frappe qu'une fois), à l'accent incompréhensible mais au punch dévastateur. Lors de ses combats, il donne rarement plus qu'un seul coup de poing avant d'étaler son adversaire. Alors voilà on pourrait se dire : oui encore une fois il a le rôle d'un super-héros invincible, finalement pas très surprenant. Rien n'est moins vrai : il joue un type à la limite de la débilité, ou plutôt un péquenot complet qui fait croire qu'il est stupide pour mieux arnaquer. Un grand moment d'acteur est son premier combat où il est censé s'étaler mais ne peut se retenir d'exploser son adversaire en moins de 3 secondes : la tête qu'il fait, à la fois content de son coup mais un peu penaud de n'avoir pas pu suivre les directives qu'on lui a donné.

On peut sûrement reprocher à Guy Ritchie de s'être inspiré de Pulp Fiction mais c'est surtout de s'être montré supérieur à Tarantino sur son propre terrain qui est vraiment impardonnable...