Requiem for a dream
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 09/04/2001 (Tags : film for requiem dream aronofsky harry darren
Il y a une femme, Sara, relativement âgée, veuve, mère d'un enfant unique; elle souhaite à tout prix réaliser le rêve de sa vie: passer à la télévision, dans ces shows où l'on gagne toujours. Cette personne solitaire se fait prescrire des pilules amaigrissantes pour avoir fière allure sous les feux des projecteurs... Il y a son fils, Harry, qui sombre petit à petit dans l'univers de la drogue et de ses dealers, et qui en devient un car il rêve de mener la belle vie avec sa petite amie... Il y a cette petite amie, donc, Marianne, qui dessine à merveille mais qui a un problème assez gênant: elle est aussi dépendante à la drogue... Et puis il y a le meilleur ami de Harry, Tyrone, qui va rester fidèle à son ami et l'aider à faire son commerce interdit. Il rêve de bien belles choses avec sa petite amie. Mais c'est aussi un drogué...
Il y a donc quatre destins marqués par la dépendance et le rêve qui s'entremêlent...
La mère, accro aux pilules de régime, est interprétée avec un incroyable réalisme par Ellen Burstyn. Elle compose peut-être le personnage le plus sidérant; on a beaucoup de peine pour cette pauvre femme, fière de son fils qu'elle croit très heureux, et qui repense et parle souvent à voix haute à son défunt mari; Mais les larmes ne coulent pas: c'est de l'indignation que l'on ressent, et aussi du dégoût.
Le fils, interprété par Jared Leto, sa copine, interprétée par la sublime Jennifer Connelly, et l'associé de Harry, interprété par Marlon Wayans, sont pris d'une autre manière dans l'emprise de la dépendance et du délire. Ces personnages sont aussi crédibles, leurs destinées sont incroyablement émouvantes- comme j'aimerais vous en dire davantage pour pouvoir commenter ensuite le film: si vous avez une opinion, n'hésitez pas à m'écrire; je vous répondrai; car ce film prête forcément à discussion tant il est effrayant- .
Requiem For A Dream joue avec nos sens avec un tel brio! La caméra est agressive, vibre même pour retranscrire la douleur. Deux images séparées apparaissent parfois, ce qui ajoute à l'originalité. La caméra suit aussi pour nous certains mouvements rapides comme si elle était reliée à ce qui bouge. L'utilisation des "flash-backs" ( à la manière de Snatch) est aussi très présente et nous permet de rentrer dans la tête des personnages et de comprendre leurs états d'âme. Enfin, il y a la bande son, composée de morceaux de musique classique; l'ambiance créée est prodigieuse et elle va même jusqu'à nous renseigner sur ce qui va arriver, ou ce qui se produit chez un personnage. Cette oeuvre puissante, maîtrisée, signée Darren Aronofsky, va vous impressionner. Vous aurez peut-être mal au ventre en sortant du cinéma, ou bien vous aurez peut-être les bras ou les jambes lourdes tant le choc que vous subirez sera fort.
Jamais on n'avait montré le phénomène d'addiction avec une telle acuité. (Télé Loisirs, référence très à propos).