Magnolia
Cinéma / Critique - écrit par Kassad, le 01/12/2004 (Tags : magnolia fleurs plantes grandiflora plante sol feuilles
Magnolia forever
Qui a dit que sécher les cours ne vous apporterait jamais rien de bon ? En tous cas pour Paul Thomas Anderson, selon la légende, cela lui a plutôt réussi. Il aurait financé son premier film avec les droits d'inscription qu'il n'aurait pas eu à verser... La suite on la connait : Boogie Nights est encensé par la critique (trois nominations aux oscars) mais le meilleur est à venir et c'est son long métrage suivant, Magnolia qui finit de le consacrer comme le réalisateur qui monte (Ours d'or à Berlin en 2000). Une dernière anecdote à propos de ce film : il faut savoir que c'est Tom Cruise en personne qui est allé voir PTA pour lui quémander un rôle ! Mais il est vrai qu'à l'époque il était marié avec Nicole Kidman qui a un peu plus de sens artistique que ce pauvre Tom, ceci expliquant peut être cela...
Magnolia n'est pas un film comme vous avez l'habitude d'en voir. Il n'y a pas vraiment de trame et ce sont plus les interactions entre les personnages qui sont importantes. Je le vois bien comme une adaption réussie d'Ecrits fantômes de David Mitchell. Magnolia est le tourbillon d'une dizaine de personnages au cours d'une journée pendant laquelle ils devront traiter avec leur passé, leurs remords et leur quête de rédemption. Tout tourne directement et indirectement autour d'Earl Partridge qui, à l'article de la mort, souhaite revoir une dernière fois son fils qu'il a abandonné en compagnie de sa mère malade.
Les premières minutes donnent le tournis et il est difficile de ne pas se trouver largué. On retrouve la "patte" de PTA qui passe d'un personnage à l'autre par d'impressionants plan-séquences, virevoltants et difficiles à suivre. Mais bon il est vrai qu'avec plus de trois heures on a le temps de faire connaissance avec les personnages. Tout commence donc par des coïncidences, des petits riens qui forment une toile subtile entre les différentes parties du récit. Il est d'ailleurs certain que ce film est à voir et à revoir pour pouvoir savourer les maints petits détails que l'on ne peut relever en un seul visionnage. C'est un plaisir sans fin que de se repasser des scènes et d'apercevoir en arrière-plan un petit détail qui était passé inaperçu (une télé en marche avec un autre personnage que celui de la scène principale, une voiture qui passe...).
Ceux qui ont vu Boogie Nights ne se trouveront pas dépaysés : tous les acteurs fétiches de PTA sont à nouveau au rendez-vous. De Julianne Moore à Melinda Dillon en passant par William H. Macy, et une fois encore la magie de PTA est à l'oeuvre. Les personnages qu'il nous dessine, du flic mal dans sa peau à l'ex petit génie devenu débile après avoir été frappé par la foudre, sont tous interprétés à merveille. Mais le clou du spectacle, il faut le reconnaître, est la performance extraordinaire de Tom Cruise. A l'instar de Jim Carrey méconnaissable dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, notre Tom joue un super macho qui traverse les USA en faisant des conférences pour lutter contre le féminisme. Sa composition est vraiment incroyable et inattendue de la part d'une méga-star plus habituée, d'une part aux premiers rôles, et d'autre part à des personnages dont on peut tout dire sauf qu'ils font pitié. Il est hilarant et mériterait à lui seul de voir ce film si la qualité du reste ne l'imposait déjà pas.
Vous l'avez compris, à mes yeux Magnolia a tout du film culte. Car si cette expression est souvent galvaudée (je pense à ces étiquettes qu'on change au gré des stocks à écouler dans ces grands magasins de consommation culturelle...) elle est en l'espèce plus que méritée. Trois heures de bonheur, d'étonnement inépuisable en font un incontournable d'une dvd-thèque digne de ce nom.