Rush hour 3
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 19/10/2007 (Tags : rush hour film lee chan tucker jackie
Après l'heure, c'est plus l'heure : ne vous y ruez pas
Six ans après le précédent opus, les inspecteurs Lee et Carter sont de nouveau sur la brèche. Inutile de dire qu'aucune velléité artistique ne se cache derrière ce projet, les producteurs ayant simplement calculé que la franchise n'avait pas encore dit son dernier mot commercialement parlant. Brett Ratner, Jackie Chan et Chris Tucker rempilent donc gaiement en échange d'un gros chèque.
Le scénario... vous me posez une colle... Je crois que Jackie Chan doit venger le père d'une amie, mais qu'il doit pour cela tuer son propre frère japonais (ah oui c'est nouveau, il a un frère japonais). Comme il faut bien changer le décor (les USA dans le premier, la Chine dans le deuxième), les deux lascars se rendent à Paris pour faire leurs petites affaires (sans doute à leurs frais puisque rien ne dit qu'ils sont en mission).
"Tu crois que les gens nous regardent ?
- 'Tain, j'espère pas, c'est la honte !"Donc côté intrigue, c'est la bérézina : même en sachant que ça n'a jamais été le point fort de la série, on a quand même les yeux qui jaillissent des orbites devant l'alignement d'invraisemblances, de clichés, d'incohérences et de facilités déployées dans un scénario aussi mince. Passons donc sur le plaisir du cerveau, qui pointe aux abonnés absents.
Par ailleurs, les Rush Hour semblent emprunter une voie assez similaire à celle de nos Taxi hexagonaux (bonjour la référence) : les premiers sont des films d'action avec des gros morceaux de comédie, et arrivé au troisième film on est dans la comédie (lourdingue) saupoudrée de scènes d'action (nulles). Impression renforcée par le décor français et par la présence de la jolie Noémie Lenoir (Gomez et Tavarès).
Sous l'œil perplexe du spectateur (même fan des deux premiers), Chris Tucker campe un James Carter encore plus inutile que dans les films précédents (un défi difficile à relever), bon uniquement à balancer des vannes que personne n'écoute pendant que Jackie Chan erre en quête d'une scène d'action digne de ce nom. Leur périple les mènera à la rencontre d'un commissaire de police sadique (Roman Polanski, dans LA scène la plus inutile de tout le film) et d'un chauffeur de
Brett Ratner :
"Essayez d'avoir l'air aussi intelligent, les gars !"taxi à moitié débile (Yvan Attal) qui passe son temps à râler (il est français) et parle visiblement en anglais à sa femme (Julie Depardieu). Carter et Lee sont apparemment pétés de tune puisqu'ils se prennent une suite au Plaza sur leur budget personnel (ou alors Brett Ratner pense que la France est un pays du Tiers-Monde où la chambre de palace coûte 3 american dollars la nuit) ; pendant que le deuxième fait de son mieux pour mener un semblant d'enquête, Carter cherche continuellement à tremper sa nouille, allant jusqu'à s'arrêter au milieu d'une course-poursuite pour demander à une fille si elle a un copain. Désespéré de ne pas réussir à atteindre le nirvana comique, Chris Tucker sort l'arme ultime vers la fin du film : il met une perruque. Mort de rire. Promis juré, il n'y a aucune raison au port de cette perruque, aucun contexte qui rend la scène particulièrement désopilante. C'est juste Chris Tucker avec une perruque. Et il l'enlève très vite.
Dans cet océan de bêtise et de vide, on sauvera un ou deux gags presque drôles (ne me demandez pas lesquels, je les ai oubliés dix secondes après avoir ri), et une scène un peu émouvante où Chris Tucker se vexe. Un film pareil n'est pas seulement raté, c'est un manque de respect vis-à-vis du spectateur, qui n'a pas besoin de beaucoup de jugeote pour réaliser que le réalisateur se contrefout de ce qu'il fait du début à la fin. Brett Ratner n'a jamais été brillant, mais il pourrait au moins avoir la politesse de faire un effort...