Taxi 3
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 02/02/2003 (Tags : taxi film daniel cinema emilien noel stallone
Taxi font du ski
(Toute ressemblance avec un sketch de Franck Dubosc ou un film de qualité ne serait que purement fortuite.)
"Je prends les gens qui rient, qui pleurent, qui défilent dans l'rétroviseur, les travelos qui perdent leurs bas, les messieurs qui s'en vont au bois, les noirs qui s'marrent, les femmes qui s'barrent, les gars qui boivent dans tous les bars. Je les surveille du coin de l'oeil, pour pas qu'ils gerbent sur mes fauteuils, je mets au lit tous les zombies, ceux qui marchent seuls sous la pluie. Je fais le taxi de nuit..." Guy Marchand, Taxi de Nuit
Ca vous a plus..? Oh, vous savez, ce n'est pas grand chose, je me suis dit ça y est, j'ai vu Taxi 3, alors je vais faire une intro un peu spectaculaire. Rien que pour toi, Public. Et bien oui, admettons-le, la sortie du troisième opus de la saga légendaire du Taxi Blanc à Grande Vitesse est l'un des plus fameux évènements cinématographiques français de l'année, à égale vroum avec La Beuze. Considérons que le premier Taxi, petite curiosité française très vite lancée sur l'autoroute du succès, puisse recevoir sans vraiment démériter un certain succès critique et public ; et que, d'une autoroute, il faille parfois en changer pour aller au delà de ce que la première pouvait atteindre, ce qui provoque une suite balourde mais dans le juste ton, suffisamment constante pour ne pas dépayser le fan assidu. Aussi, quand une suite fonctionne encore mieux que le film qui s'est battu pour ses lettres de noblesse, obtenu à la sueur de son pot d'échappement, une malédiction s'empare du monde : le TROIS, celui par lequel tout arrive, qui repousse les limites jusque dans la bande d'arrêt urgence, à trois pouces suintant de frotter la portière contre la bordure métallique. Mais Taxi 3 ne raye pas seulement la peinture, oh non...
J'ai maintenant une critique à en faire. Mais tu sais, Public, pourtant, je sens que je vais m'éclater comme un dingue, sous ton oeil complice. Mais bon, place à la rigolade, on est là pour cela, on s'est tous déplacés pour cela. Toute une salle. Tellement remplie que le premier rang devenait la seule option envisageable. A ne pas en croire ses moufles, même une Chambre des Secrets ou Deux bonnes Tours n'avaient pas eu le pouvoir de remplir ma salle de cette façon. Oui, Public, tu croyais en Taxi 3, tu le soutenais de tout ton être, tu étais là pour lui, vas-y, passe ta troisième, je t'aime, mets-en leur plein la vue... Le générique démarre, un moment de flottement comme tant autre, une inspiration lente et contenue, effectuée collectivement par toute une salle de cinéma...
Plus exactement un pré-générique de dix minutes, une course-poursuite à travers Marseille, en rollers ou à vélo. Technique, bien filmée, et une petite cerise sur le gateau en la présence de monsieur Sylvester Stallone s'il-vous-plaît, en guest star venant faire un petit coucou, comme pour dire "Je suis un film qui a fait et qui va faire encore plus de fric" Sympathique, ajouté au fac-similé de générique de James Bond, petite idée bienvenue compte tenu des circonstances. L'histoire retiendra donc que les Taxi démarrent toujours correctement...
Entrons dans le vif sujet, si tu le veux bien Public. Notons : Emilien (Frédéric Diefenthal) est en proie à de violentes insomnies depuis huit mois, la conscience obstruée par un gang de papa noël en rollers qui n'arrêtent pas de jouer aux pilleurs de banques. Presque une quarantaine de banques en huit mois, et pas un indice. Petra (Emma Sjoberg) un peu délaissée, tente de son côté de rétablir la communication avec lui. Daniel (Samy Nacéri), toujours à fond les compteurs de vitesse dans sa 406, affronte un ras-le-bol sérieux de sa compagne Lily (Marion Cotillard), pour une raison indéfinie que nous appelerons X. Enfin, le commissaire Gibert (Bernard Farcy) tombe sous le charme d'une jeune et jolie journaliste chinoise et suisse (important, notez notez !), nommée Qiu.
Point de non-retour. Si tu ne veux pas connaître quelques ficelles ô combien subtiles de l'intrigue, je te serai gré, Public, de ne pas aller plus loin et de sauter directement à la case conclusion; et dans un souci de confidentialité extrême, afin que la surprise reste entière telle un gros Kinder Surprise planqué dans un frigidaire pendant huit mois, je te suggère directement d'un avis amical de ne pas voir le film.
Continuons, pour ceux qui espère encore, vous aurez donc droit de mémoire à :
- Un scénario incohérent, croisement entre une enquête policière handicapée et une grosse partie comédie mollassonne (si l'on excepte un petit sac de sourire, franchement mérité).
- Un gang de pères noël à rollers, pourquoi des pères noël, pourquoi des rollers, et pourquoi ils restent sur Marseille tout ce temps, et encore beaucoup de pourquoi...
- Un gang de pères noël à rollers, qui passe un barrage militaire.
- Un gang de pères noël à rollers, qui nargue les flics avec un Monster Truck équipé d'un dispositif de camouflage ou de disparition très perfectionné.
- Une mise à mort 'Austin Powers', avec un énorme compte à rebours.
- Une 406 Faucon Millenium, équipé de chenilles spéciales neiges.
- Des seconds rôles sacrifiés sur l'autel-du-Dieu-de-la-suite-éternelle qui-va-faire-un-carton de-toutes-facons, j'ai nommé Miss Cotillard, Miss Sjoberg, et Mr Bouvet.
- De la tôle froissée, des voitures bonnes pour la poubelle.
- Des flics encore plus stupides.
- Du rap, beaucoup de rap, que du rap.
- Un dénouement de la carrure d'un script de la météo de Canal+.
- L'impression de s'être fait voler.
Mais prenons les devants, avant que je ne me fasse incendier avec des assauts aussi justifiés que "T'as rien compris, t'as pas compris que c'est pour rigoler, Taxi c'est génial, t'es qu'un radiateur qui chauffe pas, etc." Si tu aimes les courses poursuites à 300 à l'heure et les films pas (du tout, mais alors pas du tout du tout du tout du tout ad lib) prise de tête, Taxi 3 est fait pour toi. Rien que pour toi, Public.