Jackie Chan - Dossier
Cinéma / Dossier - écrit par weirdkorn, le 13/07/2005Tags : jackie chan cinema film eur films dossier
Dossier sur Jackie Chan de sa naissance jusqu'aux années 2000...
Le 7 avril 1954 naissait Chan Kong-Sang à Shandong (Hong-Kong) au sein d'une famille pauvre. Aujourd'hui connu sous le nom de Jackie Chan, il est la plus grande star asiatique depuis une vingtaine d'années et un demi-Dieu pour toute la Chine. A la fois cascadeur, acteur, chanteur, chorégraphe, réalisateur, producteur et scénariste, il a réinventé le cinéma de kung-fu grâce à son sens de la comédie et ses cascades invraisemblables. A un peu plus de 50 ans, c'est enfin le bon moment de faire une rétrospective de son oeuvre fort abondante.
1954 - 1977 : La jeunesse, de l'Opéra de Pékin à ses premiers rôles
On peut croire à la destinée lorsque l'on regarde le déroulement de certaines vies. Jackie fait partie de ces cas tant dès son premier jour il semblait être prédisposé à être cascadeur, puisqu'il naquit en pesant 5,4 kilos, ce qui lui a valu le surnom de boulet de canon. En 1960, ses parents déménagent en Australie puisqu'ils y trouvent un travail à l'ambassade. Le jeune Jackie ne les suit pas et est envoyé à l'Opéra de Pékin où il apprendra toutes les bases de son futur métier entre l'apprentissage des arts martiaux, des acrobaties, du chant ou de la danse. Inutile de dire qu'en Chine l'entraînement atteint un niveau de perfection et de sadisme assez exceptionnel. Les enfants travaillaient 18 heures par jour sous la direction de maîtres qui avaient le droit de vie ou de mort sur eux. Il en sort en 1971, diplôme en poche, avec une condition physique exceptionnelle qui lui servira toute sa carrière. Pour information, Sammo Hung et Yuen Biao, deux autres futures stars et grands amis de Jackie ont suivi le même parcours.
Jackie a déjà participé à plusieurs petits films en tant que figurant (Big and little Wong Tin-Bar, L'hirondelle d'or ou Les héroïques) et a même eu droit à un rôle important dans Le jeune Tigre. Mais il faut savoir que ces productions pullulent et hormis celles de Bruce Lee toutes sont d'un niveau lamentable. Il part alors en Australie travailler en cuisine ou sur des chantiers mais cela ne correspond pas à ses désirs et il revient vite à Hong-Kong au sein de l'industrie cinématographique.
La tête brûlée qu'il est se fait très vite remarquer en exécutant dans La fureur de vaincre la cascade de l'époque, à savoir sauter le plus loin possible en défonçant une vitre sans protection. Pas de problème pour Jackie qui vient de rentrer par la grande porte (cassée) dans le cinéma de kung-fu. Il enchaîne alors les cascades pour les films de Bruce Lee (Opération Dragon, la nouvelle fureur de vaincre) tout en assurant des petits rôles peu intéressants à côté. Tout change après la mort de Bruce Lee en 1973 qui bouleverse un cinéma hongkongais à la recherche d'un nouveau héros. Dur d'en trouver un puisque tous les films produits veulent trouver un nouveau Bruce qui est évidemment unique. Jackie enchaîne ainsi des rôles qui ne lui conviennent pas ou qui sont fort peu intéressants. Entre L'impitoyable, Le vengeur, Le magnifique, L'irrésistible ou Le poing de la vengeance, vous imaginez bien que tout se ressemble et que rien ne vaut le détour. Durant cette période, il a tout de même pu se former aux différents corps de métier du cinéma et ainsi savoir ce qui sera le plus à même de marcher.
1978 - 1984 : La starification, premiers succès et premiers échecs
Tout change lorsque Jackie Chan décide de mêler humour et kung-fu dans un même film. Le protecteur sera le premier en la matière et passera tout de même inaperçu faute de scénario. Mais le succès ne va pas le fuir longtemps et il le rencontrera dans Le chinois se déchaîne (Snake in the eagles shadow). Le réalisateur se nomme Yuen Woo-Ping (aujourd'hui mondialement connu pour être le principal chorégraphe des films de kung-fu entre Tigre et Dragon, Matrix ou Il était une fois en Chine) et sait se montrer innovant, gardant le côté comique pour le mettre au service d'une vraie histoire et d'une technique de combat nouvelle, celle du serpent.
Forts de cette reconnaissance, Jackie et Yuen Woo-Ping enchaînent le tournage d'un nouveau film : Le maître chinois, plus connu sous le nom de Drunken Master. Dès sa sortie en 1979, la Jackie-mania est lancée et l'on comprend pourquoi tant le résultat est original. Certes, Drunken Master a fortement vieilli aujourd'hui mais il n'en reste pas moins un classique du kung-fu humoristique. Imaginez un peu un homme qui se bat de mieux en mieux à mesure qu'il est saoul. Imaginez maintenant que cet homme soit Jackie Chan et qu'il utilise une multitude de techniques de combat. Liez le tout avec une histoire de vengeance qui se concrétisera quand un élève surdoué trouve un maître aussi alcoolique que lui et vous avez une petite pépite d'humour et de kung-fu plus ou moins traditionnel. Avec ce film, le remplaçant de Bruce Lee est enfin trouvé et il se nomme Jackie Chan.
Superstar en Asie, il continue évidemment dans ce qu'il sait faire de mieux mais passe cette fois au niveau supérieur en voulant réaliser lui-même. Ses deux premiers essais, La hyène intrépide et La danse du lion, sont mitigés de par l'histoire limitée mais laissent présager de beaux jours à Jackie tant ses qualités physiques sont impressionnantes. Naturellement, il s'en va conquérir l'Amérique et son gros marché avec un film intitulé Le Chinois. C'est le premier revers de Jackie, un échec qui n'a rien de surprenant au vu de la piètre qualité du film, mêlant combats à la chorégraphie américaine avec comme seule différence un type de 30 centimètres de moins que ses adversaires. Il arrive tout de même à jouer un second rôle dans L'équipée du Canonball avec Burt Reynolds mais ce n'est pas comme ça que l'on rencontre la gloire.
Jackie retourne alors à Hong-Kong pour se consacrer à des films qualitativement meilleurs. Il commence par Dragon Lord (1982) qui se distingue par des cascades et des combats impressionnants (la scène d'introduction qu'Ong Bak a copié le jeu de football avec un volant à plumes, le combat de fin dans la grange). Malheureusement l'histoire demeure toujours aussi classique et ne permet pas à cette réalisation de convaincre totalement.
Ce ne sera pas le cas du suivant : Le marin des mers de Chine (1983). Grande nouveauté, l'histoire ne se déroule pas entre paysans à la campagne mais au beau milieu d'une ville portuaire en compagnie de soldats de la marine. On y retrouve les trois frères (Jackie Chan, Yuen Biao et Sammo Hung) unissant leurs efforts afin de combattre un gang de pirates. Rien d'exceptionnel me direz-vous sauf que Jackie Chan vient de mettre en pratique pour la première fois son style de film : humour, action à tout va et cascades hallucinantes. C'est simple, il a pulvérisé toutes les cascades ayant été effectuées auparavant en une scène où, suspendu au bout d'une horloge d'un clocher de 17 mètres, il tombe les mains menottées sur différents stores avant de s'écraser par terre. A couper le souffle et à voir plusieurs fois (Jackie crée d'ailleurs le ralenti multiple où une cascade particulièrement dangereuse est montrée plusieurs fois de suite). Lorsque vous voyez ce qu'il fait en vélo, à pied ou avec ses mains, vous ne pouvez que vous prosterner devant un tel phénomène. Quel dommage que la fin ne soit pas à la hauteur du reste.
La superstar veut être partout et enchaîne les seconds rôles dans les productions hongkongaises mettant en valeur ses amis, comme Le gagnant, Le flic de Hong-Kong ou Le flic de Hong-Kong 2. Il effectue également un petit retour aux Etats-Unis dans Cannonball run 2 et dans le pathétique Retour du chinois qui met un terme à ses envies américaines. C'est la fin d'un cycle, Jackie vient de populariser le kung-fu comique mais cela ne comble pas toutes ses attentes et il veut passer au stade supérieur en terme de qualité.
1985 - 1994 : L'âge d'or, 10 années de films cultes
En 1985, il s'engage à 100% sur Police story, sa nouvelle réalisation, où il endosse toutes les casquettes possibles : acteur principal, scénariste, producteur, chorégraphe et même chanteur. C'est la première fois qu'il s'occupe vraiment de tout et le résultat dépassera toutes les espérances puisque ce polar renouvellera une nouvelle fois le film de kung-fu. Police Story demeure un des meilleurs Jackie Chan et n'a pas vieilli d'un poil aujourd'hui. Le film raconte l'histoire d'un officier de police tête brûlée qui réussit à arrêter à lui seul un gang mafieux. Mais faute de preuves, celui-ci est relâché et tentera de se venger. Le scénario est assurément classique mais cela est secondaire puisque ce film n'est pas un thriller mais un film d'action faisant figure de modèle du genre tant il est nerveux. Mené par un Jackie Chan au meilleur de sa forme qui n'a que faire des règlements, Police story combine à un rythme sans faille des cascades et des moments d'action à couper le souffle. On retiendra ainsi particulièrement la scène d'introduction qui détruit une espèce de bidonville et qui voit Jackie poursuivre un car ainsi que le combat de fin dans un supermarché où le héros se bat contre le gang au milieu des nombreuses vitrines (qui ne resteront pas longtemps debout et donneront comme surnom au film "Vitre story"). La cascade choc sera effectuée dans les dernières minutes où Jackie saute sur une grande guirlande du haut du centre commercial pour arriver au rez-de-chaussée après avoir explosé toutes les lampes sur son passage. Il n'en sortira pas indemne, des coupures partout et les mains sévèrement brûlées. Cela dit le film n'est pas qu'action et on y retrouve toujours un brin d'humour grâce en partie au couple Jackie Chan / Maggie Cheung malmené par une crise de jalousie.
Le succès est bien évidemment au-rendez vous, ce qui encourage Jackie le superproductif à continuer dans cette voie. Il s'engage sur Mister Dynamite (Armour of God) qui raconte l'histoire d'un aventurier des temps modernes. Malheureusement le scénario n'est pas de son cru et manque cruellement de rythme et d'intérêt. Ce film fait tout de même partie des immanquables de par ses scènes d'action, surtout celles ouvrant le film. Jackie se retrouve entouré d'indigènes et se bat mieux que jamais mais alors qu'il doit sauter d'un mur à un autre en s'aidant d'une branche celle-ci craque et il se retrouve 10 mètres plus bas avec du sang lui coulant par les oreilles. C'est sans aucun doute la blessure la plus grave qui ne lui soit jamais arrivé et il a frôlé la mort de peu sur ce coup. Il restera quelques mois à l'hôpital ce qui ne l'empêchera pas de finir le film qui sera le seul où l'on peut voir Jackie avec des cheveux courts.
Pas franchement échaudé par ce qu'il vient de vivre, la superstar continue son métier au rythme élevé qu'on lui connaît. Il réalise Action force 10 (Projet A II), la suite du Marin des mers de Chine et joue dans Dragons forever (avec les trois frères), deux films plutôt réussis mais somme toute assez classiques qui ne distinguent pas vraiment.
Il s'engage alors sur un projet bien plus important : Police story 2. Le film sort en 1988 et est aussi réussi que le premier, encore plus nerveux, avec la violence et la noirceur en plus. On ne connaissait pas vraiment cette face de Jackie Chan où l'humour est quasiment absent. Le résultat se révèle surprenant de par l'histoire et le ton employé. Jackie reçoit un blâme de ses supérieurs pour ses méthodes peu orthodoxes et démissionne. Cependant il va vite se retrouver au milieu d'une nouvelle affaire où un groupe terroriste menace la ville. Au menu, encore plus d'actions et de nouvelles cascades (Jackie défonce la vitre d'une voiture en marche, saute d'un bus à l'autre en se retrouvant au final derrière une vitrine ou grimpe un escalier sur les mains). Tout simplement hallucinant ! La nervosité des scènes et de l'intrigue permet d'accrocher totalement à l'histoire. Voilà un excellent polar comme on n'en fait plus. Que ceux qui croient que Jackie Chan n'est qu'un comique regardent celui-là.
Toutefois, le réalisateur essuie de plus en plus de critiques de la part des médias asiatiques qui lui reprochent son manque d'innovation et de talent artistique. Touché dans son orgueil, Jackie s'engage à réaliser son plus gros film mais cette fois-ci davantage centré sur l'histoire et l'atmosphère que sur l'action. Nous pouvons voir le résultat en 1989 avec Big brother (Miracles : Mister Canton & Lady Rose) qui raconte l'histoire d'un homme pauvre et honnête qui prend la tête des Triades. Il s'en va évidemment changer les règles du clan mais aussi aider une dame vendeuse de roses à retrouver sa famille. Voilà le film de Jackie qui prouve son talent de réalisateur de par son sens du cadrage et sa capacité à réussir ce qui est techniquement difficile (regardez le travelling d'ouverture). Le film séduit de par son ambiance et l'histoire qu'il raconte mais est un ton en-dessous niveau action malgré quelques scènes impressionnantes. Big brother fera taire tous ses détracteurs et Jackie aura réussi la tâche qu'il s'était allouée. En 1990, il enchaîne dans Island of fire, un film triste et mauvais qu'il a joué pour faire plaisir au réalisateur.
Pour repartir d'un bon pied, il lance la suite d'Armour of God : Operation Condor où il occupe une nouvelle fois tous les postes. Le film raconte l'histoire d'un aventurier chargé de récupérer une cargaison d'or cachée dans le Sahara par des nazis lors de la seconde guerre mondiale. On peut dire qu'il s'est lâché sur cette histoire. Cela faisait longtemps que ses films n'avaient plus rien d'humoristique et celui-ci est le plus drôle jamais réalisé. Opération Condor est un modèle de divertissement, mêlant action et comédie sans temps mort et dans des situations toujours plus déjantées mais un minimum réalistes. C'est un film culte dont je connais chaque passage et chaque réplique par coeur mais qui me fait toujours autant rire à chaque visionnage. Ne le cherchez pas en DVD, il n'est sorti qu'aux Etats-Unis où Miramax l'a massacré au montage. Tout l'humour se base sur l'association de Jackie le super héros aux trois filles boulets qui l'accompagnent. Ajoutez à cela deux arabes hilarants faussement méchants et des mercenaires dangereux et vous aurez un cocktail explosif. Niveau bagarre, le résultat est classique dans l'ensemble sauf dans une scène finale hallucinante d'imagination et de virtuosité où Jackie se bat dans une soufflerie géante. Côté cascade c'est tout aussi bon entre une poursuite en voiture réglée par Rémy Julienne, un saut en moto pour se raccrocher à un filin suspendu, une passerelle qui manque à 2 millimètres de le scalper ou descendre par le biais d'une chaîne (cascade d'ailleurs ratée que l'on peut voir dans le bêtisier où Jackie s'enfonce le sternum). Immanquable !
Après cet énorme succès, Jackie décide de ralentir niveau réalisation et se consacre principalement à son premier métier : acteur. Il joue dans Double dragon où il incarne deux jumeaux séparés à la naissance et se rencontrant à nouveau, l'un étant devenu chef d'orchestre et l'autre mécanicien un peu voyou. C'est l'occasion rêvée d'insérer gags et quiproquos au milieu de bonnes scènes d'action. Il faut voir Jackie Chan en chef d'orchestre et le combat final dans un centre d'essai automobile. Un bon film mais qui n'arrive pas au niveau des réalisations de Jackie.
Jackie tourne ensuite dans Police Story 3 : Supercop avec Michelle Yeoh où il infiltre un gang de dealers. On retrouve un peu le côté violent de Police Story ainsi que des cascades hallucinantes (saut vers un hélicoptère puis balancement dans le vide ou arriver avec une moto sur un train) mais cela ressemble plus à un gros film d'action qu'à un Jackie Chan. Il manque le côté nerveux presque viscéral des précédents qui faisait tout leur charme. Il n'en reste pas moins un film impressionant et très réussi que tout fan se doit de voir.
Jackie revient vite vers un côté plus joyeux en jouant le rôle principal de Niky Larson (City Hunter) tiré du célèbre manga. Que dire si ce n'est que l'adaptation se place à un degré de folie rarement atteint, ne reprenant à l'oeuvre originale que le côté obsédé du personnage principal. Plutôt tourné vers un public jeune, on adore ou on déteste. Le film est tellement bête qu'on le regarde soit de marbre, soit plié en deux. Personnellement c'est la deuxième option et il faut voir la parodie hilarante de Street fighter ou les réactions de Niky face aux jolies filles. Ajoutez à cela des combats forts sympathiques, surtout celui de fin et vous obtenez un divertissement de premier ordre.
Après le rire, on change de milieu avec Crime story, le film le plus dur jamais tourné par un Jackie qui ne sourit pas une seule fois. Inspiré d'une histoire vraie, ce polar séduit par son intrigue et son austérité. Les scènes d'action sont peu nombreuses mais intenses et ce film joue trop dans le premier degré pour vraiment marquer. On n'y retrouve pas le Jackie que l'on connaît et il est toujours aussi déroutant.
Nous arrivons en 1994 et comme d'habitude, après une histoire dure on retrouve un ton un peu plus joyeux. Jackie Chan s'apprête à jouer dans la suite de Drunken Master, intitulée Combat de maîtres (Drunken Master 2) où il reprend son rôle du légendaire Won Fei-Hung, adepte de la boxe de l'ivrogne. Le film est réalisé par Chia-Liang Liu mais cela se passe mal et il est renvoyé, Jackie reprenant les rênes du film. Une bonne décision puisque Combat de maîtres reste à ce jour son meilleur film. Une seule critique à lui faire : il joue à 40 ans un rôle de jeune homme mais cela ne se voit aucunement physiquement tant il arbore une forme hors normes. C'est simple, niveau kung-fu celui-ci surclasse tous les autres. Jackie Chan se bat tel un surhomme, que ce soit à la force de ses poings ou aidé d'armes et plus il boit plus il est fort. On retiendra particulièrement un combat dans un restaurant où Jackie se défend à l'aide d'un bambou d'une horde d'ennemis équipés de machettes. Mais ce n'est encore rien comparé au combat final qui se situe dans une usine de sidérurgie où le feu joue un rôle considérable. Jackie est ainsi brûlé, balancé dans des braises ou se prend des sortes d'énormes poids sur le dos. L'alcool à brûler le réconfortera et lui permettra de vaincre un adversaire au jeu de jambe redoutable (Ken Lo Wai-Kung, son garde du corps dans la vie de tous les jours).
Tous les combats sont desservis par une esthétique et une mise en scène stylisée vraiment remarquables. L'histoire est également épatante, ancrée de manière très réelle dans une Chine du XIXème siècle colonisée en partie par les Anglais. Wong Fei-Hung s'affirmera comme le défenseur de la cause chinoise et le film montre bien cet aspect malgré ses penchants pour l'alcool. L'humour est également omniprésent, emmené d'une main de maître par la regrettée Anita Mui et son rôle de femme forte (enfin dans un film de Jackie Chan !).
1995 - 2005 : L'américanisation, le début de la fin ?
Combat de maîtres est la dernière vraie réalisation de Jackie Chan qui conclut de la plus belle manière l'ensemble de ses oeuvres. Depuis 10 ans il n'a (presque) plus touché une caméra ou une plume à notre plus grand regret et se contente de jouer depuis. Le niveau de ses films a considérablement baissé au fil des années jusqu'à devenir mauvais. Retour sur l'explication d'un fait pas compliqué à comprendre.
En 1995 sort Rumble in the Bronx, une nouvelle réalisation de Stanley Tong qui se déroule comme son nom l'indique dans le Bronx. Revoilà Jackie de retour aux Etats-Unis mais dans un film asiatique. Le résultat est très rythmé, humoristique et un peu violent où l'on voit un Jackie au meilleur de sa forme niveau action (sauf lorsqu'il se casse la cheville). Tout cela forme un bon divertissement mais à l'accent bien trop américain, surtout lors d'une scène de fin très moyenne.
Jackie enchaîne rapidement sur Thunderbolt, un film de voitures, un genre qu'il avait toujours voulu faire. Les rares combats sont vraiment bons, le reste est à oublier. En 1996, il retrouve Stanley Tong pour Contre-attaque, une fausse suite de Police Story puisque le film n'est pas un polar mais un James Bond. Jackie est espion entre la Russie et l'Australie et se voit être manipulé par tout le monde. Malheureusement pour les autres, il est en pleine forme. Contre-attaque est son dernier film véritablement pleinement réussi. Il enchaîne les cascades et les morceaux de bravoure entre sauter avec un snowboard sur un hélicoptère, se battre sur échasses ou au milieu des requins lors d'une dernière scène franchement amusante. Bien mieux qu'un James Bond, avec l'humour en plus !
Dans le même temps, Rumble in the Bronx a été racheté par New Line et sort aux Etats-Unis. Le succès est immédiat et Jackie devient également une célébrité en Amérique. Miramax rachète alors une bonne partie de sa filmographie et ressort ses films sur grand écran après les avoir remontés et redoublés d'une horrible façon. Forcément le résultat n'est pas concluant.
Jackie continue de jouer pour des productions asiatiques vouées à l'international avec Mister Cool, film basique aux scènes d'action réussies mais dont la fin est malheureusement nullissime. Il enchaîne sur Who am I ? dont il s'occupe en partie de la réalisation et de l'écriture. On a malheureusement du mal à retrouver le style Jackie Chan tant l'histoire est ennuyeuse et les combats rares (à noter une scène d'action avec des sabots).
Il s'ensuit la sortie de Rush Hour aux Etats-Unis avec le rush qu'on lui connaît. Le film joue sur le contraste de personnalité entre la grande gueule Chris Tucker et le sage Jackie Chan pour un résultat sympathique. Certes les combats sont moins bons que dans les productions asiatiques mais le divertissement est assuré. Il n'en faut pas plus pour en faire une star. Dans son envie boulimique de jouer tous les rôles qu'on lui propose, il ne va plus se reposer ou prendre de temps pour réfléchir à ses choix mais enchaîner le plus de films possibles. Dur de faire quantité et qualité, que ce soit pour les productions asiatiques ou américaines, et Jackie Chan s'est pourtant engagé sur cette voie depuis quelque temps.
Il tourne en 1999 le négligeable Gorgeous, son premier film d'amour, ainsi que Shanghai Kid, son meilleur film américain. Ce western est un divertissement de bonne facture qui allie comme toujours humour, avec un Owen Wilson en pleine forme, et action. Les chorégraphies sont de Jackie et comme toujours réussies. Il manque toutefois le côté casse-cou et fonceur qui faisait tout le charme de ses films asiatiques. A noter la participation de Lucy Liu en princesse.
Il enchaîne à partir de 2000 Espion amateur, Rush hour 2, Le smoking, Shanghai Kid 2, Le médaillon et Le tour du monde en 80 jours avec le peu de succès qu'on leur connaît. Je préfère ne pas m'étendre sur ces films déjà critiqués sur Krinein et qui ne montrent en rien ce qu'est un vrai Jackie Chan. La superstar de Hong-Kong vient de se faire manger par le système de production américain qui n'exploite en rien ses capacités et il devrait prendre du temps pour réfléchir sur des projets qui valent le coup. En ce moment sort New Police story, espérons que l'on puisse revoir un retour aux sources.
En 30 ans, la carrière de Jackie Chan a été entrecoupée de hauts et de bas et elle se situe aujourd'hui dans un creux qui n'affecte en rien sa popularité phénoménale mais beaucoup plus sa crédibilité. Lorsque l'on regarde sa carrière, on se rend tout de même compte de son talent et de son influence dans le monde du cinéma. Il a été réalisateur de tous ses meilleurs films et a participé à tous les niveaux sur ceux devenus cultes. Il ne se concentre plus aujourd'hui sur la réalisation et c'est bien dommage vu son niveau bien souvent mésestimé (fait également dû aux coupes que ses films ont largement subi).
Il faut également tirer un coup de chapeau à toutes les cascades qu'il a effectuées, des plus insensées aux plus anodines et un film de Jackie Chan sans cascade n'est pas un vrai film de Jackie Chan, fait que les américains ont oublié. Il faut se rendre à l'évidence, ses plus belles années sont derrière lui et à moins qu'il ne se remettre derrière la caméra on le voit mal aujourd'hui rejouer dans des films réellement intéressants.
Merci encore Jackie pour ta formidable carrière. Tu nous as fait bien rire et rêver.