Gomez & Tavarès
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 10/05/2003 (Les deux lourds
Mais l'on aura vraiment tout vu ! Après le film tiré d'un livre, d'une bande-dessinée, d'une série télé, d'une histoire vraie, ou même d'un autre film, voici le film inspiré d'une chanson ! Vous voyez qui sont Eben et Faf Larage ? Non ? Pourtant, leur chanson « Les Ripoux », petite existence chantée de deux flics magouilleurs Gomez et Tavarès (« mais c'est le titre ! » ), occupait considérablement les bandes passantes de nos oreilles pour peu que celles-ci soient tournées vers je ne sais quelle source musicale de rap. Déclic chez le réalisateur Gilles Paquet-Brenner (Les Jolies Choses), qui visualise immédiatement Stomy Bugsy et Titoff dans les incarnations réelles de ces policiers légèrement décadents. Et roulez jeunesse, pour un buddy-movie à la française durement rap-é et potentiellement drôle. Potentiellement ?
Max Tavarès (Titoff), éminente star de la police de Marseille, et passablement ripou sur les bords, doit faire équipe avec le flic Carlos Gomez (Stomy Bugsy), droit comme un I majuscule, pour élucider une affaire de meurtre liée à la disparition d'une strip-teaseuse. Le lieutenant Gomez, apparemment incorruptible, présente rapidement des aspects véreux bien au-delà de ceux de Max, surtout qu'un gros paquet d'argent tourne autour de leur enquête. Max et Carlos vont devoir se faire confiance s'ils veulent non seulement résoudre le puzzle, mais aussi toucher leur part dans la magouille...
« Central, ici Gomez et Tavares, passe les menottes on va te mettre à l'aise. La piquerav', c'est nous ! L'esbroufaille, c'est nous ! Les poulets, c'est nous ! Les pigeons, c'est vous ! » Voilà, tout est dans la chanson. Deux flics, apparemment très opposés, qui se trouvent du jour au lendemain de curieuses similitudes. Buddy-Movie classique. Le premier, Gomez, fait dans la magouille à haute échelle, celle qui ne compte pas les zéros, subvenant largement aux besoins de sa famille ; et le second, Tavarès, préfère le petit rendement quotidien et la chasse à la gazelle. On a déjà vu mieux, et on a certainement vu pire. Surtout que le film pourrait se vanter de démarrer à peu près correctement (mis à part l'avant-générique donnant largement dans le pompage des courses-poursuites Taxiennes) avec une petite présentation d'une journée type de Max Tavarès avant qu'un certain Carlos Gomez ne vienne saccager ses plates-bandes. Et dans une plus grande mesure, saluons la performance d'un Titoff qui donne crédibilité et épaisseur comique à son personnage, à l'inverse d'un Stomy Bugsy bien fade en "requin" policier. Et c'est probablement le seul point positif qui sauve le film d'un naufrage massif, scénario et réalisation se serrant la ceinture jusqu'à presque s'étouffer. Commentaire peut-être un peu méchant avec la réalisation, puisque l'heure quarante se parade relativement bien, mais particulièrement bien adaptée pour qualifier l'histoire, non seulement mince comme un réglisse mais aussi diablement incohérente. Même le choc des deux têtes d'affiche ne fera pas plus de bruit qu'un petit pétard, distillant avarement les situations comiques et autres vannes pourtant indissociables du genre.
Un petit buddy-movie français à rajouter à la liste, sorte de réchauffage contemporain des « Ripoux » de Claude Zidi, pas franchement innovant et même parfois mauvais dans son essence même (et c'est joliment dit). L'histoire, mendiante, dessert complètement les personnages et ne propose rien de bien trépidant. Reste Titoff, très à l'aise dans son rôle de petit magouilleur, et la réalisation, plutôt bien menée.