Pulp Fiction
Cinéma / Critique - écrit par nazonfly, le 19/08/2009 (Tags : vincent film tarantino fiction pulp jules mia
S'il fallait un symbole au cinéma de Tarantino, ce serait Pulp Fiction. S'il fallait un hommage à la culture américaine, ce serait aussi Pulp Fiction.
S'il est un film de Quentin Tarantino qu'il faut voir, c'est bien évidemment Pulp Fiction, Palme d'Or à Cannes en 1994 remise par Clint Eastwood. En racontant une histoire de gangsters, Tarantino, qui baigne dans la contre-culture pop étatsunienne, réalise de fait un film culte.
Braquage, twist et Amsterdam
Les quatre fantastiquesPulp Fiction est un film si complexe qu'il est difficile d'en faire un résumé sans dévoiler la majeure partie de l'histoire. Il est ainsi difficile à vrai dire de déterminer qui est le personnage principal. Est-ce Vincent Vega (John Travolta), homme de main tout juste revenu d'Amsterdam ? A moins qu'il ne s'agisse de son coéquipier Jules Winnfield (Samuel L. Jackson) tueur semi-mystique en voie de rédemption. Ou encore Butch (Bruce Willis) le fier boxeur que le big boss, Marsellus Wallace (Ving Rhames), corrompt pour truquer le combat. Tout ce petit monde se croise autour de plusieurs histoires : Vincent qui doit être le garde du corps pour une soirée de Mia Wallace (Uma Thurman), le dernier combat de Butch, un braquage dans un coffee shop. Un ensemble de scènes qui ne prendront leur valeur qu'au cours du film grâce à un montage étonnant qui n'est pas sans rappeler Reservoir Dogs.
Pulp, gangsters et coffee shop
Avec Pulp Fiction, Quentin Tarantino puise au fond de l'imaginaire américain et construit son univers où se croisent cette fameuse contre-culture étatsunienne qui faisait des Etats-Unis une super puissance admirée dans le monde, et ses obsessions personnelles. Le titre fait ainsi référence à ces magazines de mauvaise qualité (d'où le nom de pulp) publiés dans la première partie du XXème siècle. Spécialisés dans le roman noir (Black mask), l'horreur (Weird tales) ou la science-
Le café était sans doute un peu trop fortfiction (Amazing stories), ils ont permis l'éclosion de talents reconnus comme Robert Bloch, HP Lovecraft ou Isaac Asimov et ont ainsi créé une littérature, et une culture, de genre où la peur, la violence côtoient souvent l'humour noir. C'est donc cet imaginaire que Tarantino invoque (on aperçoit ainsi l'affiche du film L'attaque de la femme de cinquante pieds) dans Pulp Fiction. En bon recycleur, Tarantino appuie sur l'une des spécialités, si l'on peut dire, étatsunienne : le film de gangster dont les meilleures réussites (Scarface, Le Parrain) viennent du pays de l'oncle Sam. C'est aussi l'un des lieux symbole des USA qui tient la vedette ici : les première et dernière scènes se déroulent dans un coffee shop, et c'est dans un autre coffee shop que Tarantino met en scène les légendes des Etats-Unis, de Marilyn Monroe à Jerry Lewis ou Buddy Holly.
Sabre, pieds et pointillisme
Tout en s'appuyant sur ces références, Tarantino construit avec Pulp Fiction son propre monde et jalonne donc son film de détails qui seront autant de ponts dans son oeuvre. Ainsi Vincent Vega n'est autre que le frère de Vic Vega de Reservoir Dogs. Mia Wallace raconte un scénario sur 5 tueuses qui n'est autre que l'histoire dévoilée dans Kill Bill. Le sabre de Butch dans Pulp Fiction est un avant-goût de Kill Bill. Et il y a bien évidemment cette obsession des pieds qui ressort dans tous les films du maître : Mia qui danse pieds nus, Vincent et Jules qui discutent de l'érotisme du massage des pieds... Cette accumulation de détails pourrait devenir lourde sans le talent de Tarantino. Le tableau qu'il peint est fait de milliers de petites touches discrètes mais néanmoins essentielles à la réussite du film.
Bible, Big Mac et rouflaquettes
Girl you'll be a great actress soon Le talent de Tarantino est bien sûr l'une des premières raisons du succès de Pulp Fiction. C'est ainsi un savant mélange de violence, d'humour et de tirades quasi-philosophiques qui font le sel du film. Etrangement, ce ne sont pas les scènes les plus violentes qui restent en mémoire, mais bien ces fameux dialogues surréaliste, impossibles à oublier. Vega donne ainsi un cours sur l'appellation des hamburgers de Mac Donald's en Europe, Winnfield cite la Bible avant de dessouder ses adversaires. Autant de moments de bravoure qui marquent l'esprit du spectateur. Mais c'est surtout l'ambiance générale de Pulp Fiction qui lui donne une classe folle. Les tueurs en costume noir, chemise blanche, en rouflaquettes et cheveux longs ou en coupe afro et moustache de circonstance, traversent le film avec un panache certain. Et que dire de Mia dans sa chemise blanche et un imper trop grand pour elle ? Cette atmosphère chic se voit prolongée par une bande originale tout simplement extraordinaire. Tarantino a ainsi remis au goût du jour Misirlou de Dick Dale dans une introduction efficace. Et la scène où Mia Wallace danse sur Girl you'll be a woman soon de Urge Overkill est tout simplement, une fois encore, inoubliable.
De la musique aux acteurs, du début à la fin, Pulp Fiction est un film magistral, l'un de ceux qui resteront au panthéon du cinéma. Tarantino s'y pose en explorateur du passé étatsunien, un passé qui a fait rêver le monde entier entre le début du siècle passé et les années 70.