La mort dans la peau
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 09/09/2004 (Sévèrement Bourné
Doug Liman s'étant désisté, c'est finalement Paul Greengrass, réalisateur de Bloody Sunday, qui prend les rênes du deuxième volet de la saga Jason Bourne, La Mort dans la Peau (The Bourne Supremacy). Rien de bien surprenant à voir une telle suite arriver, compte tenu du relatif succès et de la qualité du premier volet La Mémoire dans la Peau (The Bourne Identity), ni de voir Matt Damon reprendre le veston de Jason Bourne, compte tenu de sa précédente prestation plus que louable.
L'équipe Threadstone est maintenant dissoute, et Jason Bourne (Matt Damon) coule des jours plus ou moins paisibles en Inde, dans le village de Goa. A des milliers de kilomètres de là, l'agent de la CIA Pamela Landy (Joan Allen) mène une importante opération pour l'obtention de renseignements cruciaux, qui se solde par un échec. Le responsable : Jason Bourne, si l'on en croit les empreintes découvertes sur les lieux. Le dossier est rouvert, Landy se lance sur les traces de l'ex-super espion...
Qu'est donc devenu notre brave Jason Bourne deux ans après avoir planté tout le petit monde de Threadstone ? Pas grand-chose de véritablement remarquable, mis à part les cauchemars récurrents de son ancienne vie et son footing matinal. La liberté a son prix, celui d'un billet d'avion pour l'inde, et c'est donc aux abords de Goa que trouvent domicile Jason et sa Marie. Du moins, jusqu'à ce que la petite gueule d'amour de Karl Urban, aussi à l'aise en gentil (Le Seigneur des Anneaux) qu'en vilain (Les Chroniques de Riddick), vienne lui montrer qui est le patron au fusil à lunette. Un rouage d'une machination, qui relance Bourne sur le devant de la scène, à son (très) grand désappointement. Et quand il se retrouve désappointé, Bourne n'a qu'une idée en tête : faire payer les fautifs, même au prix d'un grand tour d'Europe. Paul Greengrass, réalisateur, n'entend cependant pas suivre pas à pas les traces stylistiques de La mémoire dans la peau. Alors, oui, il garde certains des sobres penchants de Doug Liman, taillant son Jason Bourne dans un solide bloc de terre-à-terre, refusant les grands déploiements pyrotechniques et les gunfights sur-pétaradantes. Jason n'est pas James. Plus cérébral, plus inquiétant, vous dira-t-on. Le genre à tout comprendre tout de suite et à tout prévoir/deviner. Comme dans le premier opus, en somme, mais un rien plus alambiqué. Car il n'est pas vraiment rare de perdre la liaison logique entre deux évènements, et de laisser échapper un « pourquoi ? » ou un « comment ? » qui se retrouverait certainement sans réponse. Un peu dommage. Le petit plus de Greengrass est aussi un petit moins : un attrait très prononcé pour la caméra tremblotante, appelée dans nos cercles la « Bay Touch » (en référence à Michael Bay, lui-même très inspiré par Parkinson). Un petit côté instable qui donne, certes, un certain style (parfois très « documentaire »), mais qui aurait peut-être été plus judicieux d'appliquer au premier volet, le second étant nettement plus tourné action.
Une suite en définitive aussi réussie que le premier épisode, sobrement écrite, et un peu moulinée dans un style « tremblotant » qui n'est pas tout le temps du plus bel effet. Malgré quelques toutes petites longueurs, l'ensemble captive par son rythme soutenu et le charisme de son personnage principal. Le rendez-vous est pris, nous serons là pour La vengeance dans la peau.