La mémoire dans la peau
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 26/09/2002 (La mémoire dans la peau est l'adaptation d'un roman d'espionnage de Robert Ludlum, un peu réactualisé pour la circonstance (roman écrit en 1980). Pour simplifier, un nouveau film d'espions à personnage amnésique, donc pas très original. Ceci dit, et malgré une bande-annonce bien fade, le film de Doug Liman révèle un grand intérêt peut-être pas si évident au départ.
En pleine mer Méditerranée, un petit bateau de pêche sort de l'eau un corps inanimé, meurtri par deux balles dans le dos. Soigné et remis sur pied, le jeune homme ne sait plus qui il est ni où il est, son seul indice étant un numéro de compte dans une banque suisse implanté dans sa hanche. Sur place, il y découvre des papiers d'identité au nom de Jason Bourne, six ou sept passeports étrangers, un pistolet, et une importante somme d'argent liquide en plusieurs devises...
L'amnésie reste un thème récurrent des films et des séries télévisées. Une fois encore, le personnage principal a perdu la mémoire, et le spectateur va se rendre compte très vite de sa fonction de tueur. En effet, outre un instinct et un sens de l'observation particulièrement développés, Jason dispose d'une technique physique et d'une précision que personne ne pourra qualifier de communes. Et surtout pas Jason, qui s'interroge de plus en plus sur son passé. Une machine à tuer doublée d'un fantôme, le suspense sur sa profession n'ira pas très loin, mais il reste à découvrir son histoire. Un jeu de pistes international, pour comprendre qui l'engage, et comment s'est-il retrouvé en pleine mer avec deux trous dans la peau. Doug Liman met un certain savoir-faire au service de ce personnage. Sans atteindre les délires de Mission Impossible ou de James Bond, Jason apparaît comme impossible à arrêter, peut-être un brin exagéré mais toujours montré avec la vision la plus lucide qui soit, et ses capacités physiques ne surchargent pas le scénario qui fait la part belle à la traque de ses anciens employeurs (dont une panoplie de tueurs typés, comme le bourrin ou le sniper). Lucide, le film le reste jusqu'au dénouement final, relativement simpliste et gâchant peut-être un peu tous les efforts amenés par Bourne pour retrouver son identité. Ou peut-être était-ce le moyen d'achever le scénario sans partir dans des rouages embrouillés trop surréalistes.
La mémoire dans la peau bénéficie de l'excellent travail de Doug Liman, qui dose avec précision scènes d'action intenses et espionnage de rue sans jamais se rapprocher du film d'action hollywoodien type. Matt Damon excelle dans son rôle de héros littéraire, notamment grâce à une composition de personnage authentique et sans état d'âme surréaliste. Espérons qu'ils auront la bonne idée de tourner les deux opus suivants, La mort dans la peau et La vengeance dans la peau.