7.5/10Icarus

/ Critique - écrit par riffhifi, le 18/08/2010
Notre verdict : 7.5/10 - IKEA russe (Fiche technique)

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Star trop souvent méconnue du cinéma d'action, Dolph Lundgren occupe depuis une quinzaine d'années le territoire du direct-to-video. Désormais, il assure lui-même la réalisation, et s'en tire comme un chef.

Révélé au milieu des années 80 par Rocky IV, le géant blond Dolph Lundgren a mené une carrière de gros bras assez comparable à celles de Jean-Claude Van Damme et Steven Seagal : très populaires au cinéma de la fin des années 80 jusqu'au milieu des années 90, ils ont tous les trois sombrés dans l'enfer du direct-to-video, pour finalement se voir offrir une porte de sortie à la fin des années 2000. Pour JCVD, la Coucou !
Coucou !
porte était un film belge à son nom, atypique et réjouissant ; pour Seagal, ce sera une apparition dans le Machete de Robert Rodriguez, qui aura sans doute plus de spectateurs que ses vingt films précédents réunis ; et pour Lundgren, le possible retour en grâce passe par un rôle dans Expendables, le film d'action choral de Sylvester Stallone qui sort aujourd'hui. Pourtant, Dolph n'a pas attendu 2010 pour mettre du piment dans son parcours : depuis 2004, il réalise lui-même la plupart des films dans lesquels il joue, maîtrisant ainsi une production dont il connaît les rouages à fond. Icarus, dans les bacs depuis juin dernier, est le cinquième opus qu'il dirige (sans compter sa participation non créditée à Diamond Dogs, qu'il n'a pas pu sauver d'une débâcle due à un scénario poussif et inintéressant).

Dédale et mandales

Icarus est le nom de code d'Edward Genn : agent immobilier le jour, tueur à gages la nuit, il cache un passé d'agent du KGB (dans le très récent Le prix du sang, Steven Seagal joue un ex-truand russe qui a lui aussi endossé une nouvelle identité) et a perdu l'affection de sa femme et la garde de sa fille à force de mensonges. Fataliste, il n'est pas pour autant le genre de mec à se laisser marcher sur les cacahouètes, comme le reste de l'histoire tendra à le démontrer.

Tel Icare, Dolph Lundgren a deux "L"

Contrairement à ses deux confrères déjà cités, Lundgren a réussi à merveille son passage à la réalisation. Là où Seagal et Van Damme ont essuyé un bide chacun (respectivement Terrain miné et Le grand tournoi), probablement dicté par l'ego et suivi d'un abandon de la chaise de cinéaste, le Suédois est arrivé à ce poste bien plus tard, par la force des choses (un remplacement de dernière minute sur The Defender), et en saisissant l'occasion pour maîtriser une filmographie dont il Partie de jambes en l'air
Partie de jambes en l'air
comprend parfaitement les rouages. Avec un savant dosage d'intelligence et de réalisme, il offre ici un film d'action parfaitement calibré (gunfights, tatanes) mais soutenu par une histoire et des personnages aussi solides que possibles. Le budget est manifestement serré, le temps de tournage réduit, mais Dolph se tire au mieux de ces contraintes, pour livrer du direct-to-video qui dépote, au cours duquel il n'est pas interdit de sursauter et de s'émouvoir. L'acteur-réalisateur porte à merveille le costard, s'inspire vaguement du Léon de Reno et du Samouraï de Delon. La photographie et le montage sont nerveux sans pour autant être passés au shaker électrique, et on déplorera tout juste un excès de ralentis pourris, peut-être imputable aux producteurs qui ont remonté le director's cut d'origine (malheureusement invisible pour l'instant).

Définitivement, le direct-to-video constitue l'alternative contemporaine aux films bis d'antan, et on déguste un Dolph Lundgren comme on savourait un western spaghetti au titre interminable dans les années 70. Icarus, avec sa volonté d'assurer un spectacle bourrin sans pour autant prendre le spectateur pour une quiche lorraine (malgré quelques flash-backs un peu lourds, le scénario a l'élégance de ne pas marteler ses rouages trop fort, et on distingue quelques jolies idées visuelles comme les ailes du héros dans son bureau), appartient au dessus du panier de DVDs.