Dans la peau de Dolph Lundgren
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 01/04/2010 (Tags : dans lundgren dolph film cinema rocky stallone
On remplace John Malkovich par Dolph Lundgren, on jette quelques mafieux dans l'équation, et on obtient... un pauvre ersatz de JCVD. Le bout du tunnel reste loin pour Dolph.
En 1999, le réalisateur Spike Jonze et le scénariste Charlie Kaufman livraient ce petit bijou d'inventivité appelé Dans la peau de John Malkovich. Le concept : un tunnel secret permettrait de rentrer dans la tête de l'acteur John Malkovich pour un temps limité. Le personnage de John Cusack trouvait le moyen de contrôler son corps, etc. Dix ans plus tard, c'est une suite bien improbable qui débarque dans les bacs vidéo, par la faute de producteurs indélicats qui détiennent les droits de la "franchise". En lieu et place de Malkovich, on trouve donc Dolph Lundgren, un vieux routard du film d'action dont la carrière stagne franchement depuis une dizaine d'années. Lorgnant du côté de son compère Van Damme, Lundgren voit ici l'occasion de se faire un simili-JCVD pour redorer son blason. Malheureusement, le scénario tragiquement bas du front et le casting plutôt cheap (Dean Cain toujours pas remis de Loïs & Clark, David Carradine dans son dernier rôle avant pendaison testiculaire) empêchent le film de décoller du stade de la tentative maladroite.
Dès le départ, l'histoire prend des libertés avec le "précédent" opus : une attraction proposée par un mystérieux forain permet au badaud de pénétrer dans la tête de Dolph Lundgren, et de se servir ainsi de la musculature de l'athlète pour aller dérouiller des voisins ou des collègues que l'on ne peut pas piffrer. Pas de chance, le héros Ashton (Dean Cain, affublé d'une perruque et d'une paire de lunettes sales pour ressembler au personnage de John Cusack - alors qu'il s'agit d'un autre !) tombe au bien mauvais moment, puisque Dolph vient de mettre le doigt en pleine guerre des gangs... Obligé de contrôler le corps de son hôte, Ashton risque fort de les faire tuer tous les deux.
Inversant le postulat de L'aventure intérieure, le réalisateur Peter Sonderns (déjà coupable de Piège en grande surface avec Steven Seagal il y a vingt ans) choisit de mettre la lopette aux commandes, pendant que l'homme d'action se voit réduit à l'état de marionnette. Passés les quelques gags règlementaires de la phase d'acclimatation (Dolph aux toilettes, s'adressant au visiteur dans son crâne : « Ne t'avise pas de regarder ma queue ! »), on s'amuse surtout à recenser les incohérences (déjà, on se demande comment il est possible que la vedette ne se soit jamais rendu compte que son corps lui échappait régulièrement, et que personne n'ait jamais porté plainte contre lui), et à donner des notes de cabotinage aux trois acteurs (David Carradine en ultra-méchant : « Lundgren ! Moi aussi j'aurai ta tête, mais ce sera sur un croc de boucher ! »). On s'en doute, Dean Cain jouera des biscottos lui aussi, lorsqu'Ashton sortira de la tête de Dolph et se précipitera à son secours...
Loin de son initiateur Dans la peau de John Malkovich, encore plus loin de JCVD, ce curieux direct-to-dvd irait plutôt chercher du côté de Sidekicks, dans lequel un Chuck Norris idéalisé s'en allait dérouiller du méchant pour le bonheur d'un petit fan. Manifestement raté, il pourrait néanmoins générer quelques spin-offs supplémentaires pour peu que les producteurs récupèrent leur mise. Dans la peau de Steven Seagal, Dans la peau de John Cena...