2/10Sidekicks, partenaires de combat

/ Critique - écrit par Nicolas, le 26/01/2007
Notre verdict : 2/10 - Oh my Chuck ! (Fiche technique)

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Entreprendre de survoler la filmographie nanarde de Chuck Norris est une expérience qui passera forcément par Sidekicks. Non pas que le film, réalisé comme toujours par le frangin Aaron, ne supplante les sommités que sont Delta Force 1 et 2, non, l'intérêt est tout autre et peut se définir en deux points : en premier lieu, le plus évident, la côte de narnardise du film demeure très élevé tout au long du film, en particulier grâce au second point ; et donc en second lieu, Chuck n'est pas le personnage principal, mais le héros d'un gosse un peu rêveur et asthmatique. Oui, à travers notre étude très poussé de la psychologie Norris, nous avons pu apprendre que le Karaté pouvait sauver les arbres, détruire les démons, et éradiquer la cocaïne : quoi de plus normal qu'il puisse guérir les maladies et apporter amour, gloire, et beauté ?
Intéressons-nous donc à ce monument qui est Sidekicks, véritable ode à Chuck Norris par Chuck Norris, et mettons nous dans la peau de Barry, ce jeune lycéen adepte des films du karatéka, comme nous tous.

« Contre Chuck je n'ai aucune chance »

Barry n'a rien pour lui : il n'a pas d'amis, pas de mère, son père travaille tout le temps, il est asthmatique, et ses résultats scolaires sont plus que médiocres. Il suffit qu'il donne une bonne réponse en classe pour parachever le portrait du parfait boulet social : le caïd du lycée Randy Cellini, humilié d'avoir sécher sur une question littérature au profit du jeune crétin blondinet, lui colle un surnom : Barry kiki. Ouch. Barry aurait tué si ce n'était pas interdit et réprimandé par la loi. Fort heureusement, Barry a une échappatoire : ses rêves. Grâce à son imagination débordante, il rejoint Chuck Norris dans ses films d'action les plus spectaculaires et devient son copain, son partenaire de combat, son sidekick. Armé de sa ventoline et de son magazine préféré, Chuck en couverture (pièce rare et unique), il déambule dans les couloirs en rêvant d'actes héroïques remplis d'arts martiaux.
Ces quelques lignes représentent le plus alléchant programme de film pour beaucoup d'adeptes de narnardise. Je vous le paraphrase pour mieux comprendre : Chuck Norris a un fan ! Pas un de ceux qui récitent à qui veut l'entendre les meilleures répliques de Braddock : Portés Disparus III ou de Delta Force 2, non, non. Un vrai de vrai, un qui ne peut pas s'empêcher de regarder admirativement ses films d'action, et de le prendre comme modèle. Même qu'il décide d'apprendre le Karaté, pour faire comme Chuck et sauver le monde à son tour. Génération Karaté Kid oblige, Barry se dégote un maître asiatique un peu timbré qui lui apprendra moult choses et l'aidera à vaincre son handicap, assisté par l'image rémanente de Chuck (conférer cette larmoyante séquence où Chuck apparaît dans l'esprit du jeune homme pour l'aider à grimper en haut d'une corde).

« C'est le loup solitaire... »
« ...et son louveteau.... »

Ce concept séduisant donnera lieu à de nombreuses reconstitutions de quelques unes des plus fameuses séquences des films de Chuck, où le grand héros donnera la réplique à son fan le plus absolu. Delta Force, The Hitman, Portés Disparus, les plus grands titres sont là pour le meilleur (Chuck imitant Rambo dans Portés Disparus) et pour le pire (la coupe mulet de The Hitman). Même si le film est traité comme une histoire pour enfants plantés un 24 décembre devant la télé, il n'y a pas une once d'auto-parodie dans cette histoire. Chuck réalise à peu de choses près la même performance que dans les films imités, la touche humoristique étant ajouté par le petit freluquet nommé Barry qui se ridiculise à imiter son idole. Les séquences se ressemblent sur certains points : une nana à sauver (la prof asiatique de Barry), un super vilain (le méchant prof de karaté vantard et stupide), et un sous-fifre niais (le caïd du lycée Randy Cellini, aux ordres de Stone qui lui apprend le Karaté et le surjeu en toutes circonstances).
L'entraînement de Karaté se fera en parallèle, à travers séances de pompes, de course à pied, et de destruction de parpaing (il est d'ailleurs intéressant de constater à quelle vitesse un adolescent peut apprendre à briser une dizaine de parpaings sans se broyer tous les os du bras).

« Et si on le gagnait ensemble, ce tournoi ? »

Quoiqu'il en soit, le meilleur du film finit par arriver : le tournoi est par équipe de quatre, il manque donc un sidekick dans la barry's team. Coup de chance et de théâtre, le véritable Chuck Norris parraine le tournoi, profitant des circonstances pour papoter karaté avec des copains karatékas (Chuck est sociable). Barry est au désespoir, Chuck va lui remonter le moral : « Et si on le gagnait ensemble, ce tournoi ? » (Chuck est généreux). Une bonne occasion pour le champion de prendre sa revanche sur Kelly Stone, dont la vantardise n'égale que sa propension à surjouer (Chuck est revanchard). « Tiens, tiens, Chuck Norris... Tu t'es pas inscrit, vieux ? Heureusement, car je t'aurais dérouillé ! » « T'es un grand rêveur, Stone. » L'affrontement qui opposera les deux maîtres ressemble à n'importe quel duel avec Chuck Norris : Chuck gagne. Le petit plus qui fait la différence s'appelle Joe Piscopo, acteur mineur disposant d'un large panel d'expressions faciales toutes plus ridicules que les autres. Un grand moment d'acting, un grand moment de cinéma, cela va sans dire.
Le tournoi en tant que tel possède un petit quelque chose de fascinant. Imaginez un panel de professionnels des arts martiaux très compétents, avec au milieu les deux équipes de bras cassés que sont celles de Stone et de Barry, et que ces deux dernières raflent systématiquement toutes les premières places. Même les scénaristes ne s'y trompent pas : pour créer l'illusion, la prestation de Barry au Nunchaku est imagée par un rêve où un véritable professionnel, bien sûr habillé des pieds à la tête, fouette l'air vivement avec moult acrobaties.
Chuck aura le mot de la fin, un truc paraphrasé qui veut à peu près dire « Quand on veut, on peut ». Oui, dans les Chuck Norris, il y a aussi de la philosophie...

Tel la cassette de Ringu, l'unique magazine « Black Belt » (Chuck en couv') sera abandonné sur un banc pour atterrir dans les mains d'un petit paraplégique qui ne pourra réprimer un « Waouh ! » admiratif. Nul doute que ce môme, formé aux principes du karaté à la Chuck, deviendra le nouveau fer de lance d'une idéologie où la mort, la violence, et la haine n'existeront plus. Chuck aura déjà tout balayé. Il est fort, ce Chuck.