Delta Force 2 - The Colombian Connection
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 14/01/2006 (Tags : delta force film norris connection colombian chuck
Que la Delta Force soit avec nous
Il me paraissait inconcevable à mon sens de vous parler de Delta Force sans analyser la moindre parcelle du scénario et son lot de rebondissements. Aussi, cette critique est susceptible de contenir un certain nombre de spoilers, et j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, compte tenu que l'intérêt du film n'est pas dans son histoire. D'avance, merci.
La Delta Force, quatre ans après
Tout a changé, mais peut-être pas le meilleur. Chuck Norris a pris du galon, reprenant la place laissée vacante par Lee Marvin (conférer premier film), et la Delta Force n'est plus vraiment citée comme telle (à part sur une réplique, c'est dire). Les formidables véhicules sophistiqués de la section ont vraisemblablement été mis au garage, et l'ensemble de l'équipe se rapporte plus à des têtes de noeud de militaires moyens qu'à un véritable groupe d'intervention surentraîné (conférer la scène où Chuck, un peu en colère, démonte l'ensemble de la team pour essayer de les surentraîner). Par bonheur, Chuck est toujours présent (et même davantage puisqu'il est devenu le chef de la Delta Force) et les techniques ancestrales de balayage à la mitraillette ont bien évidemment été enseignées aux nouvelles recrues. Surtout, la confiance des autorités en la Delta Force est toujours d'actualité, jusqu'à prendre des risques politiques d'une ampleur considérable pour la laisser agir à sa guise, sous le couvert d'une opération décisive dans la lutte contre la drogue (et vu leur implication et leur hargne à la mener à bien, c'est limite s'ils ne pensent éradiquer ce fléau une fois pour toutes, enfin apparemment).
« C'est une jeune femme très sensible. »
« Oui j'm'en doute. »
Tu m'étonnes. Delta Force 2 introduit probablement l'un des pires monstres de la terre, un esprit du mal enfoncé dans la haine et l'insolence dans des proportions que moi, pourtant très initié aux films de Chuck Norris, ai encore du mal à encadrer véritablement. Ramon Cota. Sa carte de visite tient en une réplique :
« Votre contact dans le village s'appelle Quiquina Esquintla [...] Ramon a d'abord tué son mari, puis il a assassiné son bébé, et dans le corps de l'enfant il a passé des kilos de cocaïne, et puis il a violé la fille ! »
Le type a monté son "petit" business dans le trafic de cocaïne planqué dans sa Colombian Connection de San Carlos (cherchez pas sur une carte, le pays n'existe pas), et y entrepose toute sa thune. Bref, tout le monde est un petit peu en colère contre le gaillard, surtout Chuck quand il apprend que son sidekick préféré, un latino (Billy) qui perdra la totalité de sa famille dans l'affaire, se fera dessouder par Ramon. Chuck plisse les yeux, inflige une correction à ses potes Delta Forciens (ça les surentraîne, c'est bien), et part seul (avec l'aval de son supérieur) pour aller aplanir le terrain avant que la section ne vendange tout à la roquette illimitée. Pour éviter de froisser leurs relations internationales déjà peu glorieuses, les américains prennent bien soin de planquer leur armement derrière un coquet petit revêtement de leur hélico, histoire de se montrer patte blanche avant de tout détruire sous le prétexte d'une mission d'importance mondiale. La cocaïne, c'est pas bien, et ce n'est qu'avec des opérations militaires pleines d'explosions que l'on pourra s'en débarrasser, telle pourrait être la bonne morale du film.
« T'es pire qu'une mouche à merde, Ramon ! »
Le fait que Delta Force 2 s'affirme comme meilleur que le premier ne résulte pas d'un hasard bienheureux. Tout a été minutieusement analysé pour n'en retirer que le meilleur, à deux trois erreur près (l'absence des véhicules à roquettes infinies, par exemple, honteusement replacées par un hélico à roquettes infinies). Chez la Delta Force, par exemple, plus on est gradé, plus on est drôle. Chuck, maintenant colonel, est plus gradé, et donc plus drôle. Peut-être même plus compétent, puisqu'il parvient à infiltrer la résidence ultra-protégée de Ramon Cota par un versant de montagne réputé imprenable, et se joue de la garde surarmée avec un dédain qui renvoie les films de James Bond à de simples séries B hollandaises. Egal à lui-même, c'est-à-dire sans la moindre once d'expression remarquable, Chuck se fait voler la vedette par le général Taylor, monstrueux personnage né de la fusion improbable d'un acteur ne connaissant que le surjeu, et de la hargne des scénaristes à lui pondre des répliques cultes. Il n'y a que le regarder jeter d'un bras nonchalant la cassette de la mort de Billy pour s'en convaincre, ce type est un grand. D'autant plus grand qu'il adore les explosions, les bonnes blagues, et qu'il possède un hélico auto-rechargeable avec lequel il ne se gênera pas, contre tout bon sens, pour dégommer la moitié du San Carlos, dont un village de pauvres quidams locaux. Et ce n'est qu'avec une petite grimace qu'il regardera Ramon tomber de l'hélico, probablement pas encore au courant du pétrin dans lequel il s'est foutu. Et pour cause, le générique ne traîne pas. L'Amérique a gagné, Chuck a gagné.
Encore plus d'explosions, et encore plus de Chuck. Delta Force 2, c'est de l'explosion brute, de la bonne grosse came qui dénonce et qui montre les choses telles qu'elles sont, dans un grand opéra de baston, de bons mots, et d'explosifs. Une leçon de vie, une leçon de survie. Une nouvelle fois, merci Chuck.